b) Adopter une démarche centrée sur la promotion de la santé

Il est admis par ailleurs que la prévention ne doit pas seulement viser à limiter la consommation de drogues mais aussi promouvoir, notamment auprès du public des enfants et des adolescents, l'acquisition de comportements faisant obstacle aux risques de troubles qu'il s'agit de prévenir. La prévention ne vise donc pas uniquement tel ou tel produit ou telle ou telle catégorie de produits mais tend à renforcer la capacité des personnes à se protéger et s'assumer pleinement.

Encore faut-il que l'information soit accessible. Certes, il existe le site internet « Drogues info services », dépendant de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) qui permet au public de s'informer et de s'orienter grâce notamment à des services téléphoniques d'urgence. Mais il conviendrait de mieux faire connaître l'existence de ce service au grand public, sans doute par le moyen de campagnes médiatiques.

c) Clarifier les messages

? Clarifier

La prévention universelle est parfois mise en oeuvre de façon maladroite, la conception des messages peut ne pas être pertinente. Un message télévisé réalisé par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) a été mentionné comme ce qu'il ne faut pas faire : selon M. Pierre Arwidson, directeur des affaires scientifiques, « Le « post-test » réalisé sur « Drogues : ne fermons pas les yeux » a montré que les jeunes, en effet, n'avaient pas bien compris le message. Ce sont les parents qui, en fin de compte, ont apprécié le plus la campagne. » (117 ( * )) Tel n'était pas l'objectif essentiel... De même, Mme Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l'ordre des pharmaciens, a noté : « L'été dernier, la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie a édité des affiches sur le thème « J'en ai besoin pour faire la fête ? » ou « La dépendance, ça commence quand ? » : les pharmaciens les ont trouvées «tristounettes» et, pour ma part, il a fallu qu'on m'explique certaines subtilités graphiques... Elles ont par conséquent peu été mises en valeur, ce que la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie nous a reproché à juste raison. » (118 ( * ))

Au-delà des erreurs ponctuelles de conception, la prévention universelle, dans ses modalités les plus « grand public », est sans doute difficile à concevoir, si ce n'est inutile, comme le suggérait le docteur William Lowenstein, directeur général de la clinique Montevideo à Boulogne-Billancourt : « C'est pourquoi on essaye de cibler les messages. Il ne peut évidemment pas y avoir de prévention globale ou de politique globale. « Dire non à la drogue », « La drogue, c'est de la merde ! » ou « Ne fermons pas les yeux » fait certainement le bonheur de quelques agences publicitaires mais n'a vraisemblablement aucun impact, tant la situation, en termes de santé publique, est hétérogène. » (119 ( * )) Dans une optique assez proche, M. Alain Grimfeld, président du Comité consultatif national d'éthique a indiqué à la mission d'information : « Plus que les campagnes télévisuelles, l'information de proximité pourrait faire bouger les lignes. Une jeune fille atteinte de mucoviscidose, qui a subi une transplantation coeur-poumons qui n'a malheureusement été fonctionnelle qu'un an, m'avait dit qu'au lieu de culpabiliser les gens à travers le petit écran pour les amener à donner, il vaudrait mieux faire des campagnes d'impact local. Je sais que les élus locaux seraient ravis d'y participer. » (3)

Inversement, comme l'a fait remarquer M. Serge Lebigot, président de l'association Parents contre la drogue, « les dispositions de l'article L. 3421-4 du code de la santé publique, qui réprime toute incitation directe ou indirecte à la prise de drogues, doivent être appliquées et renforcées. Certaines stations de radios ou chaînes de télévision ne se privent pas de diffuser des messages banalisant l'usage de drogue. Promouvoir la drogue, ce n'est pas être « cool » : c'est être irresponsable ! » (120 ( * )) . Dans une optique convergente, M. Richard Maillet, président de la Fédération nationale des associations de prévention de la toxicomanie, a remarqué : « Certaines stations de radio - vous savez comme moi lesquelles - n'hésitent pas à diffuser des messages banalisant l'usage des drogues. Certains groupes français de rap ou de reggae leur emboîtent le pas, incitant dans leurs chansons à la consommation . » (121 ( * ))

? Responsabiliser

Clarifier ne va pas sans responsabiliser. À cet égard, l'attention de vos rapporteurs a été attirée sur le comportement de certains encadrants d'associations de jeunes qui n'hésiteraient pas à inciter les adolescents à consommer du cannabis.

C'est pourquoi, vos rapporteurs se sont réjouis de l'annonce faite par Mme Jeannette Bougrab, secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de la vie associative (122 ( * )) , de la publication d'un décret modifiant le contenu de la formation au BAFA (brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur) en introduisant dans le cursus un module spécifique de formation sur les conduites addictives. Chaque année, 50 000 jeunes passent le BAFA et 4 millions de jeunes sont encadrés dans ces centres de loisir, il est donc très positif que les moniteurs soient formés à la prise de conscience de leurs responsabilités.

Cette démarche orientée vers des jeunes responsables d'autres jeunes est d'autant plus intéressante que « la prévention par les pairs - les jeunes qui parlent aux jeunes - constitue le canal de prévention le plus efficace » , comme l'a indiqué par ailleurs Mme Jeannette Bougrab, citant l'exemple de jeunes en mission de service civique qui contribuent à la politique de prévention grâce à leurs interventions dans les écoles.

Mme Jeannette Bougrab a aussi mentionné les associations de sport amateur comme vecteurs essentiels de lien social et de prévention de comportements à risque chez les jeunes : « la vie de quartier et la culture des clubs permettent de rompre avec l'isolement des jeunes, et de leur apporter des référents. »

Il conviendrait d'élargir aux encadrant de ces structures ainsi qu'à l'ensemble des travailleurs sociaux actifs auprès des jeunes la formation mentionnée plus haut.


* (117) Audition du 16 février 2011.

* (118) Audition du 9 mars 2011.

* (119) Audition du 6 avril 2011.

* (120) Audition du 23 mars 2011.

* (121) Audition du 2 février 2011.

* (122) Audition du 15 juin 2011.

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