c) Lutter contre l'escalade des pratiques

Comme l'a indiqué à la mission d'information Mme Anne Guichard, chargée de mission au département Évaluation et expérimentation de la direction des affaires scientifiques de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, l'entrée dans l'injection constitue une étape particulièrement risquée de la trajectoire des usagers de drogues. Le constat est désormais que « les outils de réduction des risques, efficaces contre le virus de l'immunodéficience humaine, ne permettent pas de lutter contre celui de l'hépatite C qui est beaucoup plus contagieux et implique d'autres temps de la préparation du produit injecté » (206 ( * )) . Les programmes d'échange de seringues et la distribution de matériel stérile ne permettent pas de lutter efficacement contre la diffusion du virus.

Une voie d'action consiste donc à tenter de prévenir le passage à l'injection et de ce fait, « l'escalade » des pratiques. Cela constitue un vrai défi car, ainsi que l'a observé Mme Anne Guichard, « la première injection est souvent un acte non programmé, opportuniste, avec le prêt par un tiers, potentiellement contaminé, de son matériel d'injection. L'initié n'est alors pas conscient des risques : il vit une «lune de miel» avec le produit, qui n'apporte à ses yeux que des bénéfices ; âgé en moyenne de dix-sept ans, il éprouve un sentiment d'invulnérabilité ».

Peut-être pourrait-on s'inspirer du programme britannique Break the cycle qui, par un travail de terrain, en face-à-face ou par petits groupes de pairs, consiste à faire réfléchir les usagers déjà injecteurs sur leurs propres pratiques, à modifier leur comportement potentiellement incitatif et à leur apprendre à répondre par la négative à un jeune qui demande expressément à être initié. Il semble avoir produit des effets positifs pour éviter aux plus jeunes de franchir le pas de l'injection. Il est toutefois difficile de prédire si un tel programme serait adapté à la situation française.

En tout état de cause, on peut penser que les centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues pourraient jouer un rôle important pour lutter contre l'escalade des pratiques. Ces « structures de première ligne » sont en effet les mieux placées pour aller au contact des usagers injecteurs et les sensibiliser aux risques que leurs pratiques font courir à eux-mêmes et aux jeunes qu'ils initient. Ils pourraient aussi permettre d'atteindre les toxicomanes non injecteurs pour les convaincre de ne pas passer à un mode d'administration plus risqué.


* (206) Audition du 16 février 2010.

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