D. LES OUTILS DE TEST

Le « DGA - essais de missiles » anciennement dénommé centre d'essai des Landes, situé à Biscarosse, couplé au bâtiment d'essais et de mesures (BEM), « Monge » constituent des outils de test sans équivalent en Europe. Vos rapporteurs ont eu l'occasion de se rendre compte sur pièces et sur place, de l'importance des investissements réalisés depuis des décennies, dans le cadre de la constitution des essais balistiques nécessaires à la force de dissuasion française. Ils ont pu assister au « rejeu » du tir d'interception réussi par un missile Aster 30 d'une cible représentative d'un missile balistique.

Mis à la disposition de l'Europe ou de l'OTAN, le DGA essais de missiles et le BEM Monge permettraient de disposer d'un outil pour les essais en grandeur réelle, dont le seul équivalent est le centre américain d'Hawaï. Ces éléments pourraient également entrer en ligne de compte dans le cadre d'une coopération franco-américaine sur une éventuelle coopération dans le domaine des intercepteurs exo-atmosphériques.

L'élaboration d'une feuille de route

L'élaboration d'une feuille de route doit tenir compte des contraintes financières .

L'ordre de grandeur des coûts d'un programme d'intercepteur endo-atmosphérique Aster 30 Block II , d'un intercepteur exo-atmosphérique Exoguard ou de plates-formes maritimes ad hoc , susceptibles d'emporter l'un ou l'autre de ces intercepteurs (estimation de deux frégates de type Horizon dédiées à la DAMB) se situe autour de deux milliards d'euros pour chacun d'entre eux.

A ce stade, il est difficile de consolider ces estimations. Il faudrait être capable de spécifier les programmes afin d'obtenir des devis plus précis. Or, faute de ressources disponibles et d'orientations politiques pour envisager la faisabilité de ces projets, l'analyse n'a pas été conduite jusqu'à son terme. Sans cette première étape dont l'objectif est précisément d'identifier toutes les difficultés technologiques à lever, les chiffres indiqués n'ont qu'une valeur indicative pour avoir une idée du coût possible d'une option complète de DAMB.

En l'absence de devis chiffrés, il est intéressant de regarder les ordres de grandeur disponibles du côté américain . Pour le THAAD , le coût à terminaison du programme (acquisition de 9 batteries, des intercepteurs, de 3 à 6 lanceurs, d'un radar en bande X et d'un système de contrôle) est estimé par le GAO à 21,1 milliards de dollars (14,5 milliards d'euros, dont 11 milliards d'euros pour le développement). Pour les missiles GBI , le coût à terminaison du programme est estimé à 38,1 milliards de dollars (26,3 milliards d'euros) pour une trentaine de silos ; ce montant est intégralement affiché comme « recherche et développement ».

Mais on sait que la transposition pure et simple à la France des budgets américains ne serait pas pertinente. En matière de dissuasion nucléaire, la France dispose de deux composantes crédibles qui garantissent sa sécurité et lui confèrent une posture stratégique de premier plan. Elle les a constituées et maintenues avec des budgets infiniment moins élevés que ceux alloués par les Etats-Unis à leur propre dissuasion nucléaire. On peut retenir comme hypothèse que la France pourrait s'engager dans des programmes de DAMB dans des enveloppes (coûts et quantités) très inférieures à celles de la Missile Defense américaine.

Le tableau ci-après doit être pris avec les plus grandes précautions méthodologiques. En effet :

1. Les coûts ne sont pas établis par rapport à un besoin opérationnel et à un périmètre précisément identifié ; il s'agit d'ordres de grandeur sur la base d'informations transmises à vos rapporteurs par la DGA et les industriels ;

2. Les estimations ci-après portent sur les coûts de développement et de fabrication ; elles n'intègrent pas tous les coûts liés à l'environnement des systèmes, notamment l'exploitation et le maintien en condition opérationnelle ;

3. Il est difficile de comparer le coût d'un système avec celui d'un autre car les finalités ne sont pas les mêmes.

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