b) Le défi environnemental et le changement climatique
(1) La remise en cause de l'activité d'élevage au nom de la protection de l'environnement
Le modèle de production de viande bovine est sous le feu de critiques tenant à son impact environnemental.
En 2006, un rapport de la FAO 20 ( * ) identifiait l'élevage comme l'un des facteurs majeurs des problèmes environnementaux rencontrés à l'échelle mondiale.
Les critiques qui s'adressent à l'élevage en général, pas seulement à l'élevage bovin, ont été reprises par des associations et relais d'opinion puissants, comme l'ancien Beatles Paul Mc Cartney, reçu avec le Dr Rajendra Pachauri, président du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), au Parlement européen, le 3 décembre 2009, pour plaider en faveur d'une journée sans viande, insistant à l'occasion de cette audition sur l'impact de la consommation de viande sur le réchauffement climatique.
L'élevage est mis en cause sur quatre plans :
D'abord, la production de viande bovine est fortement consommatrice d'eau . Le concept « d'eau virtuelle » consiste à mesurer toute production à l'aune de la quantité d'eau qui a été nécessaire pour y parvenir. Le Conseil mondial de l'eau estime ainsi que la production d'un kilo de boeuf nécessite la consommation de 13 500 litres d'eau (contre 790 litres pour le lait et 1 160 litres pour le blé).
Ensuite, l'élevage consomme beaucoup de terres . Le rapport de la FAO précité estime que 70 % des terres agricoles sont en réalité utilisées par l'élevage, sous une forme de pâturages pour l'essentiel, mais aussi du fait de la nécessité de cultiver pour nourrir les bêtes. D'après la FAO, un tiers des terres arables serviraient en fait à des cultures fourragères, venant ainsi en concurrence avec les productions céréalières à vocation directe d'alimentation humaine.
En outre, le rendement énergétique de la production de viande serait particulièrement mauvais : il faut huit fois plus d'énergie fossile pour produire une protéine animale que pour produire une protéine végétale. Le rendement calorifique de la viande bovine est d'ailleurs le plus médiocre de toutes les productions animales puisque, s'il faut 4 calories de céréales pour produire une calorie de volaille, il en faut 17 pour produire une calorie de boeuf.
Enfin, la dernière critique portée à l'élevage porte sur sa contribution à l'émission de gaz à effets de serre (GES). Le rapport de la FAO constatait que l'élevage était responsable de 18 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial. L'élevage serait à lui seul la cause de 37 % des émissions de méthane dans le monde et de 65 % des émissions d'oxyde nitreux, ces deux gaz étant parmi les plus contributeurs au réchauffement climatique.
Cette critique générale des effets environnementaux des élevages s'ajoute à une contestation forte du modèle d'élevage intensif sur les territoires . Elle semble cependant moins s'appliquer à l'élevage bovin qu'aux élevages spécialisés porcin ou de volailles, pour lesquels la question des épandages des lisiers est plus critique.
* 20 L'ombre portée de l'élevage - Impacts environnementaux et options pour leur atténuation.