(2) La contribution positive de l'élevage à la protection de l'environnement.
La mise en cause de l'élevage paraît pourtant bien injuste, eu égard aux services qu'il rend à l'environnement.
D'abord, le concept « d'eau virtuelle » est curieux, puisque le cycle de l'eau est un jeu à somme nulle. La production de viande bovine ne retire pas de ressources en eau à la planète, elle en consomme autant qu'elle en restitue à la nature.
Ensuite, l'élevage en France se fait essentiellement à l'herbe. Or les prairies constituent des puits de carbone . L'herbe capte le gaz carbonique et le convertit en tissus végétaux, libérant l'oxygène lors de la photosynthèse. Les bovins consomment l'herbe de la prairie et permettent la perpétuation de ce cycle de stockage du carbone. On estime que ce stockage du carbone dans les prairies réduit d'au moins 30 % la contribution de l'élevage à l'émission de GES.
L'élevage s'est développé dans les zones trop pentues ou trop humides pour connaître une autre forme d'exploitation agricole , notamment céréalière. Le potentiel agronomique des sols y est insuffisant, la configuration des espaces n'y permet souvent pas une mécanisation qui permettrait une telle reconversion. L'élevage ne détourne donc pas les terres d'une vocation de production végétale ; au contraire, il permet d'occuper des espaces agricoles qui, sans l'élevage, deviendraient des friches. Il ne détourne pas non plus des rations alimentaires de leur vocation, puisque l'essentiel de l'alimentation 21 ( * ) du bétail provient de fourrages grossiers et d'herbe que seuls les ruminants sont capables d'ingérer.
Enfin, l'un des défis pour l'élevage consiste à éviter le transport des produits alimentaires sur des distances longues , impliquant l'émission de quantités supplémentaires de GES. Le développement des circuits courts et des productions locales vise précisément à répondre à ce défi, mis en évidence lors du Grenelle de l'environnement.
c) Le défi sanitaire
La montée des peurs alimentaires est un phénomène de société qui s'appuie sur une série de crises, dont la dernière en date est la crise de l' escherichia coli qui, en juin 2011, a affecté l'Allemagne et, partiellement, la France. La mise en exergue (à tort) de la responsabilité du concombre a amené les consommateurs à ne plus en acheter, et à suspendre également partiellement leurs achats de salades et de tomates, plongeant les producteurs européens de légumes dans le désarroi.
Le secteur de la viande bovine n'a pas échappé au défi sanitaire et a même été au coeur de la tourmente à travers la crise de l'ESB en 1999-2000. Cependant, l'INSEE a montré que les crises sanitaires avaient un effet à court terme, et que la consommation revenait à son niveau normal une fois la crise passée 22 ( * ) . L'étude montrait que lors de la première crise de l'ESB, en 1996, la consommation intérieure de viande bovine avait chuté de 20 % sur trois mois mais avait retrouvé six mois plus tard son niveau d'avant la crise. Lors de la seconde crise de l'ESB, le choc avait été plus violent avec une baisse de consommation de 30 % sur un mois et un retour à la normale au bout d'un an.
Depuis la crise de l'ESB, le système de sécurité sanitaire autour de la viande bovine a été renforcé à travers un arsenal de mesures de prévention, de détection et de contrôle :
Au titre de la prévention, l'Europe a interdit l'utilisation de farines animales dans l'alimentation des bovins. L'incorporation des graisses animales dans l'alimentation animale a également été proscrite.
En outre, la France a mis en oeuvre des tests systématiques de détection des animaux abattus à partir de l'âge de 48 mois.
Par ailleurs, afin d'éviter toute contamination humaine, les matériaux à risque spécifiés (MRS) doivent être retirés et incinérés.
Enfin, la traçabilité a été améliorée . Outre l'étiquetage des bovins, qui existe depuis plus de 30 ans et permet l'enregistrement de chaque animal dans la base de données nationale d'identification (BDNI), la crise a entraîné des obligations nouvelles d'identification des lots, jusqu'aux morceaux, qui sortent des abattoirs. La traçabilité sur la viande bovine est extrêmement forte.
Au total, les contrôles vétérinaires dans les abattoirs ont été considérablement renforcés. Ils occupent 1 800 agents des services vétérinaires 23 ( * ) .
* 21 D'après les informations fournies à votre rapporteur, la production d'un kilo de viande bovine en France nécessiterait 3,7 kg de maïs, 2 kg de céréales et coproduits, 800 grammes de tourteaux et 26 kilos d'herbe (matière sèche).
* 22 Les crises sanitaires dans la filière viande, INSEE Première n° 1166, novembre 2007.
* 23 Source : Evaluation prospective de l'état financier et sanitaire des abattoirs en France, rapport du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, mars 2010.