Nicole PAPINEAU, Présidente du Conseil des programmes scientifiques et technologiques de l'IPEV

En tant que présidente du CPST de l'IPEV, même si je suis plus experte des sciences de la Planète Terre, j'exposerai également les recherches dans les thématiques de l'écologie et l'Environnement que Françoise Gaill vient de présenter.

Les îles subantarctiques sont des lieux privilégiés pour les sciences de la planète et de l'environnement. Les recherches concernent un domaine thématique large qui relève de l'océanographie, des sciences de l'atmosphère, de la météorologie, de la géophysique ou de la biodiversité pour citer quelques thématiques. De nombreuses disciplines scientifiques, telles que la physique, les mathématiques, la biologie ou les sciences humaines et sociales, sont à l'oeuvre.

La description, la compréhension et la prévision des évolutions de ces milieux nécessitent de combiner observation et modélisation. De plus, nous avons à effectuer des études et de la recherche fondamentale afin d'améliorer la connaissance de la planète, mais également pour préparer des applications environnementales et opérationnelles Les îles subantarctiques sont le théâtre et un très bon exemple de cette problématique.

Le cadre des recherches menées dans ces régions est international. Il est possible de citer les trois programmes internationaux, le Programme Mondial de Recherche et Climat, le Programme International sur les Changements Globaux et le Programme international de Sciences Humaines, sous l'égide des Nations Unies, et de l'Organisation Mondiale de la Météorologie. Cela concerne les Observatoires de Recherches en Environnement tels que le NDACC, de surveillance de la chimie de l'atmosphère ou le réseau GEOSCOPE des stations de surveillance géophysiques ou de Zones ateliers pour l'étude de la biodiversité.

Cette « science d'observation » dépend donc fortement des moyens déployés que ce soit à travers le déploiement de réseaux d'observatoires permanents in situ mais également du Marion Dufresne et des satellites.

Dans les zones polaires, les îles subantarctiques sont importantes. En effet, les satellites ne proposent pas une couverture exhaustive de la planète, et les observations au sol demeurent essentielles en particulier afin d'étalonner et valider les observations des capteurs satellitaires. C'est pourquoi le maintien d'un maillage d'observatoires tout autour du globe demeure d'une importance fondamentale. Or, les stations de recherche sont peu nombreuses sous ces hautes latitudes sud et la France y joue donc un rôle crucial. Notre pays serait particulièrement lésé si nous devions perdre l'un des points stratégiques d'observation qu'elle possède dans l'Océan Austral et, plus au sud, en Antarctique.

En effet, notre communauté s'est dotée de services d'observation dans les années 80, qui nous permettent, par exemple, d'obtenir des observations des gaz à effet de serre sur l'île d'Amsterdam. Ces moyens font partie des équipements reconnus comme une grande infrastructure de recherche par le Ministère de la Recherche et l'Europe. Ces réseaux sont nécessaires pour nous permettre d'unifier les méthodes de validation et d'étalonnage à l'échelle européenne afin d'obtenir un ensemble cohérent de données réalistes. En dépit des progrès techniques réalisés dans les stations en termes de télécommunication ou en matière de télédétection, nous avons toujours besoin d'accéder régulièrement sur ces îles pour y acheminer d'une part les personnels scientifiques, mais également par exemple afin de rapporter les échantillons qui seront analysés en métropole ou dans des laboratoires étrangers.

Comme rappelé par Françoise Gaill, des technologies se sont développées dans le domaine des sciences du vivant, faisant un lien avec les sciences de l'atmosphère et de l'océan. Ainsi, les équipes françaises ont jusqu'à aujourd'hui le leadership sur les instruments embarqués sur les animaux marins. Le soutien de l'IPEV a permis à une équipe française d'assurer le premier suivi en mer des grands albatros au début des années 1980 et en 2011, ce sont les éléphants de mer qui renseignent automatiquement la base de données Coriolis sur les caractéristiques des eaux de l'océan Austral qu'ils traversent complétant ainsi les données du réseau international ARGO.

L'importance des changements climatiques dans les îles subantarctiques a été rendue manifeste par les observations menées par Météo France sur les variations des températures et des précipitations. Par ailleurs, des mesures, effectuées par des équipes terrain, ont permis de démontrer le retrait continu des glaciers, de Kerguelen, depuis le milieu des années 1990.

En termes de réseaux géophysiques, nous disposons sur chacune de ces archipels de stations de sismologie. Des réseaux de marégraphes permettant de mesurer le niveau de la mer sont également présents. Ces informations sismologiques et marégraphiques participent en temps réel au système d'alerte aux tsunamis de l'océan Indien. Ainsi, ces observations contribuent, outre leur vocation scientifique première, à des missions de service public et sont un élément important de ce dispositif opérationnel.

Toutes ces recherches, menées par des équipes françaises leaders, font l'objet d'une coopération internationale, qui s'appuie sur des réseaux d'observatoires et des programmes internationaux. Ces partenariats reposent sur de coopérations sans échange de fonds. Il n'est donc pas facile de transformer ces coopérations en des partenariats comprenant des mises à dispositions de moyens.

Ainsi, la France mène des recherches reconnues, comme l'atteste le niveau de publications qui impliquent une diversité de disciplines. Nous devons soutenir et conserver cette richesse et cet atout pour la France. Notons que, ces observations sont également primordiales pour surveiller la planète, contribuer aux observations météorologique ou encore à l'océanographie opérationnelle.

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