2. Les regroupements universitaires

Les Pôles de Recherches et d'Enseignement Supérieurs, ou PRES, ont été mis en place par le Pacte pour la recherche de 2006, et sont définis dans l'article 5 de cette loi. Les PRES ont été pensés comme des dispositifs de coopération essentiellement destinés à accroître les interactions et mutualisations entre les différents établissements d'enseignement supérieur et de recherche, et à renforcer leur visibilité à l'international.

Ils visent ainsi à remédier à une triple fragmentation de notre système d'enseignement supérieur :

- la dualité organismes de recherche - établissements d'enseignement supérieur ;

- la dualité universités - grandes écoles ;

- le morcellement disciplinaire des universités issu de la loi Faure de 1968.

Cette dernière division est le fruit de découpages opérés parfois sur des bases politiques qui aboutirent dans certaines villes à une forte illisibilité, comme par exemple à Aix-Marseille ou en Lorraine, où les sciences étaient réparties dans trois universités.

Malgré une grande liberté laissée aux différents porteurs de projets quant aux missions et à la forme juridique des PRES, suite à une forte pression du ministère, la quasi-totalité de ceux-ci ont pris la forme d'EPCS : Etablissement Public de Coopération Scientifique. Cette forte implication du pouvoir central et surtout l'injonction de rapidité due dans un premier temps au contexte électoral, et, dans un second temps, à la coordination avec l'appel à projet Plan Campus, a pesé sur les projets locaux et condamné certains projets de taille modeste ou uniquement tournés vers la coopération intra-universitaire, sans organisme national de recherche.

Etant donné les contraintes temporelles, les discussions se sont engagées essentiellement entre les présidents des établissements (universités et grandes écoles) parties prenantes des PRES créés. Les équipes des établissements se sont ainsi assez peu impliquées, ce qui constitue à présent l'un des obstacles les plus importants au bon fonctionnement d'un certain nombre de PRES.

Un autre fait marquant concernant les PRES est que les organismes nationaux de recherche, malgré le fait qu'ils y aient été invités, n'ont en général pas voulu intégrer les PRES en tant que membres fondateurs. Ainsi, l'un des objectifs de la création des PRES, à savoir un rapprochement entre établissements d'enseignement supérieur et organismes de recherche, n'a pas pu être pleinement satisfait, d'une part, en raison de leur volonté d'indépendance de ces derniers et d'autre part en raison de leur caractère national qui s'accorde mal avec des projets locaux.

Toutefois, les PRES ont servi de formidable booster à l'accélération de projets locaux d'enseignement supérieur et de recherche. L'exemple de la Lorraine l'illustre parfaitement. Le PRES Nancy-Université a, dans un premier temps, regroupé les trois universités de Nancy, et grâce à l'impulsion des collectivités territoriales, l'Université de Lorraine a vu le jour le 1 er janvier 2012. Cet exemple en fait aujourd'hui une des premières universités de France, accueillant 55 000 étudiants. Les régions, notamment, ont vu en eux un formidable outil de renforcement de leur visibilité et ont surtout trouvé là une institution dont le périmètre géographique est comparable aux leurs (à l'exception des régions Île de France et Rhône Alpes), qui leur permettait aussi de sortir des conflits purement universitaires en s'adressant à l'ensemble de la communauté au travers d'une seule structure.

Néanmoins, la rapidité de la mise en place des PRES et le manque d'implication des équipes des différents établissements partenaires a pu aboutir à des situations contre-productives.

Par exemple, Grenoble, qui était cité comme exemple de coopération interuniversitaire, est aujourd'hui englué dans des conflits internes, pour partie liés à cette précipitation, qui la desservent très largement.

Enfin, étant donné la tournure qu'a prise le développement des PRES et dans le cas où ils ne feraient que s'additionner à des structures existantes, ils n'accompliraient pas totalement leur fonction première, à savoir la simplification du système de recherche et d'enseignement supérieur.

En effet, dans leur logique première, à savoir favoriser la coopération entre établissements d'enseignement supérieur et organismes de recherche, les PRES avaient pour raison d'être de durer. Néanmoins, comme ils n'ont finalement eu pour membres fondateurs que des grandes écoles et des universités, les PRES, dans leur forme actuelle, ne sont finalement qu'une structure supplémentaire rajoutée à un mille-feuille déjà bien complexe.

Pour mener à bien leur mission, ils devraient donc avoir un caractère éphémère et aboutir à une fusion des universités qui les composent.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page