IV. L'EXERCICE AGRIMONDE DE L'INRA ET DU CIRAD
L'exercice Agrimonde repose sur l'utilisation d'un modèle « ressources-emplois » essentiellement physique, c'est-à-dire qu'il n'inclut pas d'effets économiques et sur des hypothèses qui, pour être en partie communes aux deux scénarios proposés, diffèrent sensiblement sur des points importants.
Parmi les hypothèses communes figurent en particulier les perspectives de croissance démographique.
Elles reposent sur le passage à une population mondiale de 9 milliards d'habitants en 2050.
Par ailleurs, les deux scénarios sont bâtis sur des « implicites » communs :
- le développement des échanges internationaux n'est que second et n'intervient que quand la maximisation des productions régionales est atteinte ; autrement dit, l'équilibre alimentaire n'est pas essentiellement acquis à travers une spécialisation internationale et les échanges internationaux qui vont avec ;
- les événements démographiques excluent des migrations internationales de grande ampleur (100 millions d'individus en 50 ans).
Les scénarios sont inégalement « bouclés » : en particulier, les effets du développement agricole sur les économies du Sud ne sont pas envisagés dans un cadre général. De même, le bilan environnemental des scénarios n'est pas entièrement précisé.
Malgré ces points communs, la perspective Agrimonde développe deux scénarios assez nettement contrastés :
Agrimonde G1 (A1) est un scenario présenté comme celui du souhaitable ;
Agrimonde GO 89 ( * ) (AGO) est un scénario plus tendanciel mais avec une hausse des rendements agricoles.
Dans AG1 , on élucide les inflexions que suppose un modèle agricole durable avec réduction drastique de la sous-nutrition, intensification des systèmes de production et respect de l'environnement.
Les hypothèses propres à chacun des scénarios sont parfois très fortes (notamment quand elles impliquent une rupture par rapport à la tendance).
Un régime alimentaire maîtrisé dans le scénario AG1 de développement agricole durable
Le régime alimentaire s'ajuste avec une inflexion du rythme de progression des kilocalories (kcal) disponibles différentes : dans AG1 , l'hypothèse de disponibilité est de 3 000 kcal/hab/jour ; dans AGO , de 3 590 kcal/hab/jour .
LES DISPONIBILITÉS COMME APPROXIMATION DE LA CONSOMMATION ALIMENTAIRE Dans les scénarios Agrimonde, les « disponibilités alimentaires » servent d'approximation de la consommation alimentaire. Elles sont calculées par le ratio entre, d'une part, l'équivalent calorique des quantités de biens alimentaires disponibles (production + importations +/- variations de stocks) pour l'alimentation des habitants d'une région (i.e., hors alimentation animale, usages non alimentaires, semences et pertes après récolte), d'autre part, le nombre d'habitants de cette région. Ces disponibilités reflètent la quantité de calories à disposition des consommateurs, au niveau des ménages et de la restauration hors-domicile. Elles incluent donc les calories qui seront perdues entre l'achat des produits et leur ingestion. Elles ne doivent pas être confondues avec la quantité de calories effectivement ingérées qui est, elle difficile à estimer. En termes d'ingestion, les besoins énergétiques nets des hommes se situent entre 2 000 et 3 000 kcal/jour selon le sexe, la taille, le poids et l'intensité de l'activité physique. |
Source : Agrimonde
Disponibilités alimentaires moyennes
régionales de 1961 à 2003
et en 2050 dans les
scénarios Agrimonde
Source : Agrimonde
Cette hypothèse est « facilitante », mais elle paraît héroïque à certains experts car elle implique des changements de consommation parfois particulièrement marqués.
Les extensions de surfaces cultivées sont contrastées.
Les hypothèses sur la disponibilité des surfaces sont tantôt restrictives (la déforestation est limitée pour tenir compte des apports écosystémiques des forêts), tantôt facilitantes (les agro-carburants se développent à partir d'une nouvelle génération produite à partir de ligno-cellulose, de sous-produits alimentaires et de micro-algues qui sont globalement peu consommateurs de surfaces agricoles).
Les surfaces cultivées mondiales progressent mais très diversement :
- dans AGO de 23 % , soit 6,8 millions d'ha nouveaux par an, et un doublement par rapport au rythme observé entre 1961 et 2000. Par ailleurs, les surfaces irriguées augmentent peu, sauf en Asie, et la déforestation est à peu près stoppée ;
- dans AG1 , les surfaces cultivées progressent encore plus (+ 40 % avec 12 millions d'ha par an soit un triplement des mises en valeur) ; pourtant les pâtures étant la variable d'ajustement, les forêts ne régressent que de 1 % de leur superficie en 2000.
En 2050 dans le scénario Agrimonde G1 , l'Amérique latine et l'Afrique subsaharienne seront loin d'avoir exploité tout leur potentiel cultivable et pourront se permettre de n'exploiter que des terres à haut potentiel de rendement. Les régions OCDE-1990 et ex-URSS devront cultiver une partie de leurs terres à moindre potentiel tandis que l'Asie et l'Afrique du Nord - Moyen Orient seront contraintes de cultiver des terres marginales.
Occupation des sols dans le monde de 1961 à 2003
et en 2050
dans les scénarios Agrimonde
Source : Agrimonde
Dans les deux scénarios, les surfaces à cultiver ressortent comme peu limitatives dans la plupart des régions, sauf en Asie et en Afrique du Nord-Moyen Orient.
Évolution des sols : 1961-2003 et 2000-2050
dans les scénarios Agrimonde
Source : Agrimonde
On peut en conclure, selon Agrimonde, que la rareté des sols ne détermine pas le choix du modèle de développement agricole.
Les rendements seraient également en progression contrastée.
Pour les rendements , les progressions sont contrastées : plus fortes dans AGO que dans AG1, où elles évoluent selon des fourchettes régionales avec des augmentations de rendement nuancées.
Les augmentations sont en-deçà des tendances passées mais ce n'est pas pour autant que ces hypothèses doivent être vues comme restrictives.
Rendements alimentaires et taux d'accroissements
annuels :
1961-2000 et 2000-2050 dans les scénarios
Agrimonde
Source : Agrimonde
Même si des facteurs limitatifs sont pris en compte dans le scénario Agrimonde 1, des forces motrices sont évoquées pour expliquer les perspectives de progression.
Facteurs explicatifs de l'évolution des rendements dans Agrimonde 1
Source : Agrimonde
On relève que les facteurs d'intensification des rendements sont plutôt empruntés au passé et, de plus, au passé long. Peut-être sous-estiment-ils les inflexions des courbes de rendement tout en minorant les exigences que supposent les conditions de progrès qui ne sont peut-être pas entièrement compatibles avec les préoccupations de durabilité évoquées par ailleurs.
Les déséquilibres régionaux progresseraient plus ou moins.
Dans les deux scénarios, la croissance de la production équilibre les différents emplois. Mais, le scénario AGO est plus dynamique à la fois en termes de consommation et d'offre.
Bilans ressources-emplois
Source : Agrimonde
Cependant, dans les deux scénarios, trois régions sont déficitaires : Afrique du Nord-Moyen Orient, Afrique subsaharienne et Asie, tandis que trois régions disposent de surplus (OCDE, Amérique latine et ex-URSS).
Les déséquilibres internationaux sont plus importants dans AG1 que dans AGO.
Récapitulatif des scénarios quantitatifs
Source : Agrimonde
Même si les pénuries ne concerneraient pas systématiquement l'alimentation humaine (ce peut être l'alimentation animale qui pose problème), on relève que ce sont les régions les plus peuplées qui seraient déficitaires si bien que près des trois-quarts de la population mondiale vivraient dans des régions de déficit alimentaire.
Ce résultat donne la mesure de la persistance de zones de vulnérabilité alimentaire au coeur d'un système globalement autosuffisant.
Les déficits cumulés atteignent 25 % de la production de calories végétales dans AG1. Ils sont de plus faible ampleur dans AGO (8,1 %).
Cette différence peut être interprétée comme donnant une idée des risques d'une agriculture plus durable, celle décrite dans AG1, au regard de l'impératif alimentaire. Elle suppose que le monde soit capable d'instaurer les conditions d'un équilibre alimentaire fondé sur des échanges internationaux.
Un tel modèle suppose notamment que des garanties entourent lesdits échanges .
La gouvernance mondiale est d'ailleurs l'une des six conditions qualitatives du scénario proposé par Agrimonde 1 avec le développement agricole et rural, les innovations pour une intensification écologique, la gestion des ressources naturelles, la réduction des inégalités foncières et la transformation des régimes alimentaires.
Les leçons de l'exercice Agrimonde
Les deux scénarios proposés peuvent être typés comme suit :
le scénario Agrimonde 1 est un scénario d'agriculture raisonnée ;
le scénario Agrimonde GO, un scénario de croissance économique et d'agriculture intensive sur le mode de développement agricole tendanciel.
Les conditions de cohérence d'Agrimonde 1 sont dès lors plus exigeantes , ce scénario supposant des ruptures (dans les technologies et dans les choix des individus et des organisations).
En outre, sa faisabilité économique pose problème , et se heurte aux problèmes généraux que rencontrent habituellement les objectifs qualitatifs du développement confrontés aux contraintes quantitatives instaurant la croissance et, plus globalement, l'équilibre économique.
Toutefois , ce scénario plus exigeant est supposé être aussi le plus soutenable , et, peut-être, finalement le seul vraiment possible.
En effet, Agrimonde GO, plus au fil de l'eau, fait naître des risques susceptibles de rétroagir négativement sur le système qu'il déploie. Par ailleurs, plusieurs de ses hypothèses (l'augmentation des rendements notamment) sont fortes.
Ces clivages se retrouvent, point par point, au niveau des différentes grandes conditions d'équilibre des deux scénarios envisagés.
S'agissant du développement agricole et rural , Agrimonde 1 pose le problème de la solvabilité de la demande alimentaire, notamment en Afrique subsaharienne, l'augmentation de rendement envisagée risquant de ne pas être suffisante pour permettre un décollage agricole et économique suffisant.
Votre rapporteur s'associe pleinement à cette observation qui lui semble devoir être mentionnées pour d'autres prospectives.
En outre, les technologies d'intensification écologique ne sont aujourd'hui que partiellement disponibles, et leur mise en oeuvre pose de toute façon problème.
Il faut ajouter que, en Afrique du Nord - Moyen Orient et en Asie, où l'agriculture est limitée dans son développement faute de potentiel cultivable et par des contraintes environnementales, notamment hydriques dans certaines zones, le secteur agricole risque de ne pas pouvoir employer une population rurale en forte croissance, qui migrerait alors massivement vers les villes, produisant une accélération de l'artificialisation des terres agricoles qui conduirait à un cercle vicieux ne permettant pas de maintenir au niveau de 2000 les surfaces agricoles. Les inégalités des conditions de vie entre les populations urbaines et rurales dans ces deux régions pourraient s'accroître nettement si des politiques économiques et d'aménagement du territoire rural n'arrivaient pas à contenir l'exode rural.
Symétriquement, si dans Agrimonde GO , le développement par l'agriculture est moins limité grâce à l'hypothèse d'une croissance importante des rendements (hypothèse forte), et d'autre part, grâce à l'hypothèse que les impacts du changement climatique auront été surmontés, le scénario Agrimonde GO, en Afrique du Nord - Moyen Orient par exemple, risque de se traduire par une vulnérabilité accrue des agro-écosystèmes.
Or, celle-ci pourrait se retourner contre le modèle choisi.
En ce qui concerne l'innovation et sa diffusion , c'est également un défi majeur dans AG1, compte tenu de ses contraintes écologiques et des dégradations subies par les rendements du fait des dommages environnementaux. Il s'agit de pouvoir mettre en oeuvre une agriculture de précision, ce qui suppose des moyens capitalistiques ou humains et, sans doute, une baisse de la profitabilité des exploitations.
On retrouve ici l'une des limites des espérances placées dans la productivité agricole, à savoir l'éventualité que ces progrès n'interviennent qu'à coûts croissants.
La préservation des ressources naturelles (eau, forêts) est une contrainte forte dans les deux scénarios. En particulier dans AG1, il faudra une gestion mondiale des forêts, qui sont menacées du fait de la pression à l'extension des terres cultivées et de l'attrait que présentent leurs propriétés hydriques.
La composante sociale des scénarios est un enjeu majeur, mais apparemment plus contraignant dans AG1 en raison des pressions possibles sur le revenu agricole et de l'extension territoriale qu'il suppose. Elle pourrait accroître les inégalités foncières.
Le principal défi global d'AG1 est celui des régulations et des modes de gouvernance interrégionale . AG1 suppose des échanges massifs, des politiques de préservation des forêts du monde et de gestion préventive du réchauffement climatique. Il faudra assurer la sécurisation des approvisionnements, le financement équitable des investissements nécessaires.
Trois variables principales sont approfondies :
- la question de la ductibilité des comportements alimentaires ;
- les problèmes techniques et institutionnels posés par l'intensification écologique ;
- les régulations des échanges.
Sur ce dernier point, la prospective enseigne qu'il faudra multiplier les échanges internationaux de produits alimentaires, à hauteur de la somme des déficits régionaux en calories végétales 90 ( * ) .
En 2003, les échanges internationaux s'élevaient à 1 400 Gkcal ; ils devront passer à 9 415 Gkcal dans AG1 ou 4 399 Gkcal dans AGO.
Enfin, des pistes d'approfondissement de l'exercice Agrimonde devraient être explorées :
- l'impact du changement climatique sur les potentiels cultivables, les rendements futurs et les échanges commerciaux ;
- la productivité du travail dans le contexte de changement des technologies ;
- la démographie des espaces ruraux ;
- le bilan agricole et environnemental des scénarios ;
- les futurs systèmes d'élevage ;
- le devenir de l'aquaculture marine comme source de biomasse.
ANNEXE N° 3 - QUELQUES ÉLÉLENTS SUR LA PRODUCTION ET LE COMMERCE INTERNATIONAL DES PRODUITS AGRICOLES AUJOURD'HUI
L'agriculture occupe une place variable dans l'économie des différents pays.
Conformément aux tendances du développement, la part de la valeur ajoutée agricole dans le total des productions décline à mesure que les pays se développent . L'agriculture représente 2,4 % de la valeur ajoutée dans les pays développés et 11,5 % dans les pays en développement.
Toutefois, il existe des nuances dans ce tableau. Ainsi, la part de l'agriculture dans la production de la Nouvelle-Zélande (9 %) est particulièrement élevée alors que l'Afrique du Sud se singularise par un niveau relatif de valeur ajoutée agricole plutôt faible (3,8 %). De même, il existe des différences notables entre l'Inde où l'agriculture occupe une place encore importante (22 %) et la Chine et, plus encore, le Brésil où elle joue un rôle relatif plus réduit (14,6 et 5,8 % de l'ensemble de la valeur ajoutée respectivement).
Le rôle de l'emploi agricole varie également beaucoup.
Au total, l'agriculture donne à 43 % des terriens leur emploi. Elle est la première source de revenus dans le monde 91 ( * ) .
Mais le poids de l'emploi agricole est très variable et, par ailleurs, il n'y a pas de corrélation uniforme entre la place de l'agriculture dans la valeur ajoutée et son poids dans l'emploi total .
C'est dans les pays en développement que l'emploi agricole occupe la place la plus élevée. Ceci est lié au niveau relatif qu'occupe l'agriculture dans la valeur ajoutée de ces pays mais cette relation n'explique pas tout.
En effet, si globalement, la part de l'emploi agricole est plus élevée que le poids relatif de la valeur ajoutée agricole dans une économie, cet écart est particulièrement important pour les pays en développement. Dans ces derniers, la proportion de l'emploi agricole excède cinq fois celle de la valeur ajoutée quand ce rapport n'est que de 2,5 dans les pays développés. Environ 6 % de la population y travaille dans le système agricole contre plus de la moitié dans les pays en développement.
Ces chiffres donnent un aperçu de la diversité des niveaux de la productivité agricole par tête dans le monde et, ainsi, de la capacité très inégale des agricultures nationales à engendrer un revenu satisfaisant pour les populations qui se consacrent à cette activité.
On observe à cet égard que la part de la valeur ajoutée agricole dans le total de la production est en France un peu plus élevée que la moyenne européenne (2,7 % contre 1,6 %) mais que les emplois agricoles atteignent un niveau relatif plus bas (3 % contre 5,5 %) 92 ( * ) .
Quant aux exportations agricoles elles s'y élèvent à 10,4 % du total des exportations soit un niveau supérieur au niveau moyen de l'Union européenne (6,6 %).
Les pays se différencient nettement sous l'angle de la couverture de leurs importations alimentaires par leurs exportations.
Globalement, les pays développés sont importateurs nets de produits agricoles alors que les pays en développement sont un peu au-dessus de l'équilibre , mais c'est pays par pays qu'il faut apprécier l'équilibre commercial en produits alimentaires.
L'Union européenne à 25 connaît un déficit par habitant de 4,80 dollars mais, parmi les pays développés, c'est le Japon qui fait pencher la balance dans le sens du déficit avec un besoin par habitant non couvert par la seule production domestique de 185,80 dollars.
Dans les pays émergents , la Chine s'est rapprochée de l'équilibre commercial alimentaire mais, elle n'y parvient pas complètement, devant importer en 2004 5,50 dollars de produits agricoles par habitant (soit davantage de l'Union européenne 25), ce qui, compte tenu de l'ampleur de la population chinoise, représente des besoins d'importation considérables et est du fait du niveau de revenu individuel une contrainte beaucoup plus forte pour chaque habitant que pour l'Union européenne.
Les deux tableaux ci-après présentent respectivement les principaux pays exportateurs et importateurs.
Les principaux exportateurs de produits
agricoles
(en milliards de dollars et en %)
Valeur 2006 |
Part des exportations mondiales |
VARIATION ANNUELLE 2000-2006 |
||
2000 |
2006 |
|||
UNION EUROPÉENNE (25) |
405,3 |
41,5 |
42,9 |
10 |
UNION EUROPÉENNE (25) EXPORTATIONS EXTÉRIEURES À L'UNION |
95,3 |
10,1 |
10,1 |
9 |
ÉTATS-UNIS |
92,7 |
12,9 |
9,8 |
4 |
CANADA |
44,2 |
6,3 |
4,7 |
4 |
BRÉSIL |
39,5 |
2,8 |
4,2 |
17 |
CHINE |
32,5 |
3 |
3,4 |
12 |
AUSTRALIE |
22,2 |
3 |
2,3 |
5 |
THAÏLANDE |
21,6 |
2,2 |
2,3 |
10 |
ARGENTINE |
21,3 |
2,2 |
2,3 |
10 |
INDONÉSIE |
18,3 |
1,4 |
1,9 |
15 |
RUSSIE |
17,1 |
1,4 |
1,8 |
14 |
MALAISIE |
14,6 |
1,6 |
1,6 |
8 |
MEXIQUE |
14,7 |
1,6 |
1,6 |
8 |
INDE |
14,4 |
1,4 |
1,4 |
14 |
NOUVELLE-ZÉLANDE |
13,2 |
1,4 |
1,4 |
10 |
CHILI |
11,4 |
1,2 |
1,2 |
10 |
TOTAL |
784,1 |
83,5 |
83 |
Les principaux importateurs de produits
agricoles
(en milliards de dollars et en %)
Valeur 2006 |
Part des importations mondiales |
VARIATION ANNUELLE 2000-2006 |
||
2000 |
2006 |
|||
UNION EUROPÉENNE (25) |
433,7 |
42,3 |
43,3 |
9 |
UNION EUROPÉENNE (25) IMPORTATIONS EXTÉRIEURES À L'UNION |
123,7 |
13,3 |
12,4 |
8 |
ÉTATS-UNIS |
103,7 |
11,6 |
10,3 |
7 |
JAPON |
66,6 |
10,4 |
6,6 |
1 |
CHINE |
51,7 |
3,3 |
5,2 |
18 |
CANADA |
23,9 |
2,6 |
2,4 |
8 |
RUSSIE |
23,4 |
1,6 |
2,3 |
17 |
CORÉE |
18,6 |
2,2 |
1,9 |
6 |
MEXIQUE |
18,5 |
1,8 |
1,8 |
9 |
HONG KONG |
11,9 |
2 |
1,2 |
0 |
TAIPEI |
1,7 |
1,3 |
1 |
3 |
SUISSE |
8,8 |
0,6 |
0,9 |
8 |
ÉMIRATS ARABES UNIS |
8,8 |
0,6 |
0,9 |
n.c. |
ARABIE SAOUDITE |
8,6 |
0,9 |
0,9 |
7 |
MALAISIE |
8,5 |
0,8 |
0,8 |
11 |
INDE |
7,8 |
0,7 |
0,8 |
12 |
TOTAL |
799 |
82,1 |
79,8 |
Le commerce international des denrées alimentaires est dominé par les pays développés qui comptent pour près de 70 % des exportations mondiales contre environ 30 % pour les pays en développement.
L'Union européenne à 25 et les États-Unis occupent des positions primordiales avec chacun 12,6 % du total des exportations.
Dans l'Union européenne à 25 la France représente la moitié des exportations (7,85 % du total des exportations mondiales).
L'ensemble Australie, Nouvelle-Zélande et Canada (soit le coeur des pays du groupe de « Cairns » qui plaide pour la libéralisation la plus poussée possible du commerce agricole) représente 8,60 % des exportations mondiales et, parmi les pays émergents on relève les positions particulières du Brésil (3,9 % des exportations), de la Chine (3 %) et de l'Inde (1,25 %).
Au total, les régions et pays cités (32 pays) concentrent à peu près 42 % des exportations mondiales de produits agricoles.
Les positions prééminentes des États-Unis et de l'Union européenne se lisent à partir des données figurant dans le tableau ci-après.
Comme il est naturel puisque les États-Unis sont globalement le premier exportateur mondial, ils occupent souvent le premier rang pour chacun des produits envisagés.
Mais l'Union européenne est souvent deuxième .
On remarque en particulier la très forte part du commerce international détenue par les États-Unis pour les céréales et, plus encore, les oléagineux.
Par contraste, la concentration des exportations mondiales par les pays de l'Union européenne n'est vraiment notable que pour les produits laitiers et les volailles.
En tout cas, les équilibres du commerce agricole international sont particulièrement dépendants des États-Unis et, à un moindre degré, de l'Union européenne, situation qui pourrait changer radicalement selon la plupart des prospectives à mesurer que les potentiels d'exportation de certaines régions tierces (l'Amérique latine et les pays de l'ex-URSS) s'exprimeraient.
On doit néanmoins relever que la structure du commerce international des produits agricoles est caractérisée par la prégnance de la variable de proximité.
Ceci se vérifie en premier lieu pour les exportations .
C'est particulièrement vrai pour l'Union européenne. Plus de la moitié des exportations des pays de l'Union européenne à 15 sont destinées à ces pays eux-mêmes. De même, le commerce interne à la zone Canada et États-Unis est prépondérant dans les exportations de ces deux pays.
Les importations vérifient également cet effet de proximité.
Ainsi, 65 % des importations agricoles de l'Union européenne à 15 proviennent de pays de cette zone.
Que signifie ce constat ? Il peut d'abord provenir de facteurs « spontanés » correspondant à un degré élevé d'adéquation entre la demande et l'offre agricole de pays proches par leurs caractéristiques naturelles - le climat, les types de production... - ou culturelles - les régimes alimentaires, les modes de distribution.
En outre, les coûts peuvent intervenir, en particulier ceux liés aux transports.
Mais, des éléments plus institutionnels sont à l'oeuvre. Le secteur agricole reste assez largement un secteur administré où les productions sont organisées sur des bases régionales. La « préférence pour la proximité » semble étroitement refléter ce fait institutionnel.
Cependant, lorsqu'on exclut le commerce intra-européen ce qui s'impose pour disposer de données à peu près comparables, l'Union européenne ressort comme le premier importateur mondial de produits agricoles et représente pour les pays en développement un marché plus important que les marchés américain et japonais cumulés.
Près de 70 % des importations européennes proviennent de pays en développement (en 2001) dont 16,4 % des pays les plus pauvres quand cette part n'atteint pas 45 % et 2 % aux États-Unis et au Japon respectivement.
Ces données doivent toutefois être appréciées en fonction des situations de satisfaction des besoins alimentaires qui sont considérablement contrastées.
Il n'est évidemment pas équivalent d'exporter des denrées excédant ce qui est nécessaire à la satisfaction des besoins de sa population et d'exporter alors qu'on ne satisfait pas ces besoins.
À cet égard, la position d'exportateurs nets des pays émergents - ou du moins de certains d'entre eux - peut choquer. Elle fait apparaître que dans certains pays la production agricole locale est divertie de la consommation domestique pour satisfaire la demande étrangère.
Cependant, cette impression doit être nuancée par quelques considérations supplémentaires.
Si, dans l'ensemble, le poids des exportations agricoles dans le total des exportations de ces pays est plutôt inférieur à ce qu'il est pour les pays développés, où il atteint des niveaux parfois élevés (comme en Australie - 23 % ou en Nouvelle-Zélande - 46,9 %), il arrive souvent que les exportations agricoles représentent une proportion décisive des recettes d'exportation des pays en développement . Or ces recettes leur sont nécessaires pour importer les biens, parfois essentiels, qu'ils ne produisent pas mais aussi pour éviter des crises d'endettement nécessairement déstabilisantes.
Les exportations agricoles de ces pays sont alors un élément fondamental de leurs équilibres commerciaux. Dans ces conditions, la réallocation de la production nationale à la satisfaction des besoins locaux est problématique d'autant qu'il faudrait qu'elle puisse résoudre leurs problèmes alimentaires, ce qui ne va pas de soi.
ANNEXE N° 4 - PROSPECTIVES DES AGRICULTURES EUROPÉENNES ET DES ÉTATS-UNIS À DIX ANS
Il existe un assez grand nombre d'exercices consistant à proposer des perspectives des marchés agricoles.
La plupart du temps, ces publications formulent une précaution d'usage en avertissant que les résultats qu'elles présentent ne sont pas des prévisions mais des données à considérer sous l'angle de leur portée analytique.
Si ces travaux ne sont pas des prévisions, ils empruntent à la logique des prospectives en offrant des analyses de variables qui, pour n'être pas exhaustives, sont utiles et nécessaires à toute prospective.
C'est sous cet angle qu'il est apparu souhaitable de présenter quelques unes de ces projections.
Elles sont systématiquement assises sur la prolongation des circonstances du moment où elles sont élaborées. Elles illustrent en conséquence ce que pourraient être des scénarios tendanciels. En cela, si elles diffèrent d'un effort d'imagination du futur tenant compte de possibles ruptures, elles permettent de préciser ce que pourraient être certaines d'entre elles.
I. LES PROJECTIONS DE LA COMMISSION EUROPÉENNE À L'HORIZON 2020
Les projections de production agricole à l'horizon 2020 de la Commission européenne prévoient le maintien de conditions de marché tendues dans l'Union européenne. Cependant, malgré la perspective de prix rémunérateurs, le revenu agricole ne bénéficierait que peu de cette situation de marché du fait notamment de la hausse des coûts de production et de la stabilité des soutiens publics qui est posé en hypothèse. Celle-ci viendrait atténuer les effets de la hausse des chiffres d'affaires commerciaux sur le revenu.
Dans ce contexte, l'augmentation prévue de la valeur ajoutée par tête (estimée aux coûts des facteurs), de 30 % d'ici 2020, repose essentiellement sur une chute de la population active dans le secteur agricole de l'Union européenne à 15 qui permet de dégager des gains de productivité par tête plutôt que sur un essor de la valeur ajoutée elle-même.
Cette augmentation est par ailleurs soumise à tous les aléas d'une projection qui, dans ses grandes lignes, s'appuie sur des hypothèses plutôt favorables à une bonne dynamique des revenus mais qui sont fragiles.
On droit relever l'importance cruciale de la politique énergétique pour l'avenir agro-alimentaire de l'Europe . Elle affecte la « vocation exportatrice » de l'Europe agricole tandis que sa soutenabilité est étroitement dépendante de progrès technologiques aléatoires.
Enfin, la contribution de l'agriculture à la création d'emplois ressort comme des plus incertaines dans un espace européen où la place des petits exploitants serait réduite et qui paraît incompatible avec une Europe des agricultures de proximité .
A. UN CONTEXTE MACRO-ÉCONOMIQUE FAVORABLE ET UNE DEMANDE TIRÉE PAR LES AGROCARBURANTS
1. Un contexte macroéconomique trop facilitant ?
Le scénario macro-économique servant de cadre à la projection européenne des marchés agricoles est favorable.
Les pays européens sortiraient rapidement de la crise pour renouer dès 2013 avec une croissance excédant 2 %, en volume, par an, ce qui paraît très optimiste.
Scénario macroéconomique cadrant la projection 2009-2020
Les perspectives d'inflation sont modérées, l'augmentation des prix restant en-deçà du plafond de durcissement de la politique monétaire - susceptible de freiner la croissance - ce qui favoriserait une progression régulière du pouvoir d'achat des consommateurs.
La seule hypothèse limitante porte sur le taux de change de l'euro qui s'apprécierait et pèserait sur la compétitivité des produits agricoles européens.
Cette hypothèse est assez forte compte tenu de la crise de l'euro.
Mais, d'un autre côté, comme l'équilibre entre la production et la consommation intérieure réduirait en soi le rôle des exportations dans la formation du revenu agricole et comme l'appréciation du taux de change atténuerait les effets de la hausse du prix du pétrole et ainsi des charges d'exploitation, l'hypothèse portant sur la parité de l'euro n'est pas réellement handicapante.
Notamment, elle ramène à peu de chose la hausse réelle du prix du pétrole qui à partir de 2010 s'établirait en cumulé à 11,8 % en euros.
Au total, le scénario macroéconomique sous-jacent serait celui d'une croissance robuste - sur laquelle ne pèserait que peu les ajustements budgétaires en cours en Europe -, sans accident ou tension vraiment notable et équilibrée.
Sur les marchés agricoles , les tendances seraient, elles aussi, plutôt favorables .
2. Une demande agricole soutenue
La demande progresserait globalement à un rythme soutenue sans pour autant provoquer de déséquilibres.
Source : Commission européenne. Perspectives des marchés agricoles. Décembre 2010
En témoigne la progression estimée de la demande mondiale de céréales qui atteindrait 20 % en cumulé (2 082 millions de tonnes en 2020) mais sans que les échanges internationaux ne s'accroissent, restant autour de 14 % de la production mondiale. Sous-jacente à ces perspectives se trouve l'hypothèse que les différentes régions sauront satisfaire la demande locale par leur production.
La demande mondiale de céréales serait favorisée par l'expansion démographique, par celle de la consommation carnée, qui a un effet multiplicateur sur la demande de céréales supérieur à la consommation directe, et par celle des biocarburants.
En Europe même, la demande serait essentiellement dépendante de la dynamique de la demande intérieure nécessaire à la montée en puissance des agro-carburants qui, dans la projection de la Commission européenne, est calibrée sur les objectifs de la directive de 2008 sur les énergies renouvelables.
Si la demande augmenterait à un rythme inférieur à celui de la demande mondiale, mais cependant soutenu (de l'ordre de 9 %), c'est parce que les déterminants de la demande agricole en Europe y sont essentiellement locaux puisque les exportations n'exerceraient pas d'effet accélérateur notable.
3. Une stabilité des exportations qui peut apparaître décevante dans ce contexte
L'atonie du volume des exportations est un résultat important de la projection.
Par exemple, les exportations de céréales resteraient aux alentours de 20 millions de tonnes pendant toute la période soit à leur niveau de 2011 (contre 32 millions de tonnes en 2010).
Ce résultat peut décevoir dans la mesure où la demande adressée à l'Europe pourrait croître davantage que la demande interne si l'on en croit les projections de demande de produits agricoles dans le monde.
D'un point de vue technique, il ne paraît pas tout à fait cohérent avec les résultats d'un scénario variantiel portant sur la Chine et décrivant les effets d'une croissance chinoise ralentie de l'ordre de 10 % par rapport au scénario central (une croissance de 7 % contre un taux supposé de 8 % dans le compte central et une croissance effective au cours des cinq dernières années de 11,2 %).
Dans ce scénario qui revient à simuler une baisse (modérée) de la demande mondiale, les exportations européennes sont inférieures à ce qu'elles sont dans le scénario central, suggérant que le rythme de la demande adressée à l'Europe par le reste du monde a quelqu'effet sur la croissance de la production.
On présente ci-dessous les résultats de la variante de la Commission européenne relative à la Chine. En dépit des singularités du pays, dont les prix sont largement administrés, avec une spécialisation agricole et un profil de consommation particuliers et malgré la modélisation d'un choc finalement modeste (- 1 point du PIB chinois) qui ne favorise pas l'émergence d'effets très nets, elle illustre ce que pourraient être les effets sur l'agriculture européenne - et au-delà mondiale - d'un ralentissement de la demande mondiale consécutif à une inflexion de la croissance en Chine.
Ces effets passeraient principalement par le prix du pétrole, le ralentissement de la demande globale touchant moins que proportionnellement la demande alimentaire elle-même 93 ( * ) . Mais, la variante montre aussi que le ralentissement de la demande adressée à l'Europe pourrait réduire ses exportations (même si des effets de compensation interviennent) ce qui conduit à s'interroger sur les enchaînements décrits sur ce point par la projection centrale.
LES EFFETS D'UN RALENTISSEMENT DE LA CROISSANCE EN CHINE
Le ralentissement de la croissance en Chine (de 1 point de PIB par an) n'aurait pas d'effets massifs sur la croissance économique en volume dans le reste du monde excepté pour le Canada (- 0,2 % par an) et les pays du Mercosur (+ 0,5 %) mais il exercerait des effets-prix significatifs. Le prix du pétrole décélérerait de 4,5 % par rapport au scénario central et les prix des matières premières agricoles seraient également moindres dans les proportions suivantes. Effets sur les prix d'un point de croissance en moins en Chine à l'horizon 2020
SOURCE : COMMISSION EUROPÉENNE. PERSPECTIVES DES MARCHÉS AGRICOLES. DÉCEMBRE 2011 La baisse des prix sur le marché chinois - où les prix sont administrés - ne se transmet que partiellement sur les prix mondiaux et en Europe. La déformation des prix relatifs sur le marché mondial est bien moindre que celle qu'implique la baisse des prix intérieurs en Chine. Dans ce contexte, la production européenne en valeur n'est que marginalement affectée pour les cultures avec cependant des évolutions non négligeables du commerce international. Les effets sur l'Europe passent principalement par la réduction de la production d'éthanol en lien avec une hausse plus modérée des prix du pétrole qui prive les producteurs européens du bénéfice d'un contexte incitatif. La production agricole d'éthanol en Europe est inférieure de 4 % au scénario central. Cependant, la consommation étant contrainte par les objectifs européens d'incorporation, les importations d'éthanol augmentent de 13 %. Pour le biodiesel les impacts sont beaucoup plus modérés du fait que la Chine ne produit pas de biodiesel mais le prix du pétrole, plus bas, joue comme une incitation défavorable à la production. Ces enchaînements énergétiques sont les principaux responsables de la baisse variantielle de la production agricole dans l'Union européenne. Dans la simulation proposée par la Commission, celle-ci est très faible alors que la projection centrale décrit une dynamique de la production agricole qui ne serait impulsée que par la demande d'agro-carburants. Ce paradoxe peut s'expliquer par le fait que ce serait surtout le bioéthanol qui serait touché et par l'effet compensatoire exercé par les exportations européennes de blé qui seraient supérieures au scénario de base comme suite à de plus grandes disponibilités pour servir le du marché extérieur. Les effets d'une décélération de la croissance chinoise sur la production européenne de viande seraient quant à eux presque nuls. La demande intérieure étant inélastique en Europe, ils passent par le solde commercial qui s'améliorerait légèrement pour le porc et le boeuf en raison d'une amélioration de la compétitivité due à la réduction des coûts des consommations intermédiaires (baisse du prix du pétrole, réduction du coût des cultures utilisées pour nourrir les animaux) 1 . Pour les volailles, en raison de la spécialisation de la Chine, celle-ci améliorerait ses positions commerciales au détriment de la production européenne. Pour les produits laitiers, la réduction de la production n'est sensible (un peu) que pour la poudre de lait dont la Chine est le plus grand importateur. Mais la chute des exportations vers la Chine qui atteint 25 % ne se traduit que par une baisse de 1 % des exportations totales. 1 L'effet compétitivité n'est pas propre à l'Europe et le surcroît de compétitivité européenne doit être apprécié en fonction de celui des concurrents. |
Il existe évidemment des incertitudes sur l'ampleur des effets d'un ralentissement de la croissance chinoise. Ils pourraient être plus forts si l'élasticité de la production de biocarburants au prix de l'énergie fossile devait se révéler supérieure à ce qui est supposé.
Mais, l'incertitude principale est plutôt du côté du ralentissement de la croissance en Chine.
À ce propos, il faut rappeler que dans la projection centrale de la Commission, un tel ralentissement est déjà simulé, à hauteur d'un peu plus de 3 points de PIB (3,2 points).
Sans qu'ils soient complètement symétriques, les résultats d'un maintien du rythme de croissance actuelle en Chine peuvent être approchés, grossièrement, en inversant les résultats de la variante ici présentée et en les multipliant par trois 94 ( * ) .
Les tensions sur les prix seraient nettement accentuées ce qui, sous réserve d'une élasticité de l'offre à préciser, se traduirait par une augmentation de la production agricole.
Quoiqu'il en soit l'atonie des exportations européennes alors que la demande adressée par le reste du monde devrait augmenter pose un problème d'interprétation.
A priori , elle peut venir de facteurs pluriels :
- des progrès seraient réalisés dans le sens de l'autosuffisance alimentaire du reste du monde si bien que l'Europe perdrait des parts du marché mondial ou verrait des productions locales se substituer à ses exportations, ce qui revient à peu près au même ;
- des pertes de compétitivité pénaliseraient les exportations européennes ;
- la dynamique de la demande intérieure européenne y saturerait les capacités de production.
Ce sont tous ces facteurs qui paraissent se combiner dans la projection de la Commission.
Il convient d'expliciter en particulier le rôle des agro-carburants dans ces perspectives dans la mesure où l 'augmentation de la demande alimentaire globale de produits agricoles serait en quasi-totalité attribuable à des usages non-alimentaires (parmi lesquels, au premier chef, le développement des agro-carburants).
De son côté, la demande à des fins alimentaires resterait à peu près constante au cours de la période aux alentours de 160 millions de tonnes.
Source : Commission européenne. Perspectives des marchés agricoles. Décembre 2010.
En Europe, le cadre de la politique de développement des produits bioénergétiques est la directive Renewable Energy Directive (RED) adoptée en 2008 et entrée en vigueur en 2009.
Elle fixe un objectif de satisfaction de 20 % des besoins énergétiques par des sources renouvelables (biomasse, hydraulique, éolienne, solaire) en 2020. Un sous-objectif est fixé pour les transports, avec 10 % de la consommation à partir d'énergies renouvelables, qui flèche l'effort vers les biocarburants.
Le tableau ci-après récapitule la planification du développement des biocarburants dans l'Union européenne.
Source : Commission européenne. Perspectives des marchés agricoles. Décembre 2010
C'est ainsi que la demande d'agro-énergie a une place centrale dans les perspectives de la Commission européenne :
alors que la demande intérieure correspondant aux besoins alimentaires des Européens resterait constante, les prix agricoles (et des produits alimentaires) seraient sous tension 95 ( * ) ;
l'augmentation de la production agricole serait consacrée à alimenter les fabricants d'agro-carburants et non la demande alimentaire potentiellement adressée à l'Europe dont les exportations stagneraient ;
les consommations intermédiaires agricoles nécessaires à la production d'agro-carburants devraient être partiellement importées ;
au total, le développement des agro-carburants dégraderait la balance commerciale agricole européenne avec, en contrepartie, la perspective d'une amélioration de la balance énergétique dont l'ampleur pourrait, sous certaines conditions de substitution des agro-carburants aux carburants fossiles, dépasser la dégradation du solde agricole européen.
Le scénario de la Commission européenne suscite des interrogations.
La demande agricole serait plate si les politiques d'incorporation des biocarburants étaient rapportées.
Mais, à leur tour, ces politiques sont présentées comme représentant le facteur d'explication de l'atonie des exportations européennes. La demande de matières premières destinées aux biocarburants sature le potentiel productif qui n'offre plus de disponibilités pour servir le marché mondial.
Ainsi, l'atonie des exportations ne ressort que comme le résultat d'un choix de politique énergétique et non comme une conséquence inéluctable d'une perte de compétitivité de l'agriculture européenne.
Toutefois, rien n'établit que celle-ci n'interviendrait pas. Au contraire, les évolutions de la parité de l'euro et le contexte d'une montée en puissance de certaines agricultures émergentes créent un cadre défavorable à la compétitivité de l'agriculture européenne.
Mais, une autre question se pose. Si l'augmentation des productions agricoles de l'Europe n'alimenterait pas le marché mondial, du fait de l'éviction exercée par les produits agro-énergétiques, celle-ci pourrait également rationner la demande alimentaire intérieure.
En effet, une précision importante doit être apportée. Dans la projection, les biocarburants de deuxième génération sont censés apparaître en 2015.
Si leur développement 96 ( * ) devait prendre du retard, ils devraient être remplacés par une production de 3 points de biocarburants de première génération supplémentaire ce qui exigerait un arbitrage potentiellement encore plus défavorable à la production alimentaire.
On a indiqué dans le corps du présent rapport, quelles implications auraient la mise en oeuvre du programme énergétique européen sur l'utilisation de la superficie agricole européenne si elle devait passer par les biocarburants de première génération.
Le besoins alimentaires des Européens ne pourraient plus être couverts par l'agriculture européenne. Les prix alimentaires augmenteraient sensiblement dans une Europe qui devraient recourir de plus en plus aux importations pour satisfaire sa demande alimentaire et qui verrait sa balance extérieure agro-alimentaire se détériorer très nettement.
Sous réserve du passage aux biocarburants de deuxième génération, la croissance de la demande de biocarburants alimenterait la demande d'oléagineux qui serait dynamique (elle augmenterait de l'ordre de 11 %).
De son coté, la demande de produits carnés évoluerait moins favorablement. La consommation intérieure serait bien orientée mais les exportations se replieraient malgré une croissance des échanges internationaux qui, en cumulé, s'élèverait à 22 % entre 2009 et 2020. En Europe mieux, les régimes alimentaires se modifieraient, non dans le sens d'une modification quantitative de la ration par habitant, qui serait à peu près stable, mais d'une restructuration des consommations par type de viande.
Source : Commission
européenne. Perspectives des marchés agricoles.
Décembre 2010
La part du porc et des volailles augmenterait dans le régime alimentaire aux dépens notamment de celles du boeuf.
Enfin, la demande pour le lait et les produits laitiers serait assez dynamique en particulier pour les produits transformés, la demande de poudre de lait s'inscrivant, quant à elle, en baisse tandis que la consommation de beurre serait stabilisée.
* *
*
Il est remarquable que la croissance de la demande anticipée excéderait nettement celle de la population générale de l'Union européenne pourtant marquée par un certain vieillissement.
De même, les perspectives sont plus dynamiques que celles du revenu réel des européens, appréciées en moyenne.
Ces discordances s'expliquent par la dynamique de la demande nécessaire à la production d'agro-carburants. De celle-ci dépend l'augmentation de la production agricole de l'Union européenne. Mais quels seront ses effets sur le revenu des agriculteurs ?
B. PLUS DE PRODUCTION MAIS PAS PLUS DE REVENU NET
La production agricole européenne répondrait globalement au surcroît de demande intérieure mais, ainsi qu'on l'a observé, au prix toutefois d'une atonie des exportations. Et comme les importations augmenteraient légèrement, le solde agricole européen se détériorait.
Projections de production agricole dans l'Union
européenne
2009-2020 (en %)
2009 |
2020 |
COMPARAISON 2009-2020 |
|
CÉRÉALES (*) DONT : |
290 |
310 |
+ 6,8 |
BLÉ TENDRE (45 %) |
130 |
143 |
+ 10 |
MAÏS (21,4 %) |
62 |
67 |
+ 8 |
OLÉAGINEUX (*) |
30 |
33 |
+ 10 |
VIANDES (*) DONT |
42,5 |
44 |
+ 3,6 |
PORC |
22,4 |
24 |
+ 7,1 |
VOLAILLES |
11,8 |
12,5 |
+ 5,9 |
BOVINS |
8 |
7,4 |
- 7,5 |
CAPRINS |
0,85 |
0,78 |
- 8,3 |
LAIT (*) |
148 |
153,9 |
+ 4 |
(*) EN MILLIONS DE TONNES SOURCE : COMMISSION EUROPÉENNE |
Entre 2000 et 2011, le revenu agricole par actif a augmenté dans l'UE-27 en termes nominal et réel du fait d'une légère augmentation du revenu agricole nominal (moyennant un repli du revenu réel du secteur) et du déclin du nombre des actifs agricoles.
Dans les dix années couvertes par la prospective de la Commission, le revenu par actif progresserait pour se trouver supérieur in fine de 8,7 % à son niveau moyen de 2007-2011.
Cette progression du pouvoir d'achat du revenu agricole par tête se produirait malgré une nette dégradation du revenu agricole en termes réels (mais aussi nominal).
Perspectives de revenu agricole en Europe
Source : Commission européenne. Perspectives
des marchés agricoles.
Décembre 2011
Elle résulterait d'une diminution de la population employée dans le secteur qui avoisinerait 20 % en glissement.
Cette prospective appelle quelques observations.
Le contexte de la prospective est a priori plutôt favorable à une bonne dynamique du revenu, les prix des matières premières agricoles étant bien orientés dans un environnement macro-économique porteur et les hypothèses de politique agricole étant propices à un soutien du revenu (pas de progrès dans le cycle de Doha, le maintien des soutiens de la PAC dans les conditions du bilan de santé et des financements au titre du développement rural).
Pourtant, l'agriculture européenne ne profiterait pas de ce contexte en termes nominal et moins encore en termes réels.
Ce résultat décevant paraît venir de l'insensibilité des exportations européennes à l'essor de la demande alimentaire mondiale alors que les importations pourraient augmenter sensiblement dans un contexte de mollesse de la demande intérieure soutenue par la seule composante énergétique.
La compétitivité agricole de l'Europe pâtirait d'un taux de change de l'euro qui s'apprécierait contre le dollar et les recettes des agriculteurs ne profiteraient que peu de la bonne orientation des prix agricoles mondiaux alors que leurs charges d'exploitation augmenteraient du fait notamment de la baisse du prix de l'énergie.
La baisse de la population active agricole , qui conditionne la progression du revenu par tête, devrait être forte. Elle suppose des gains élevés de productivité par tête.
Or, comme les rendements agricoles ne progresseraient que modérément, cet enchaînement suppose une restructuration des exploitations agricoles dans un contexte de réduction de la valeur ajoutée nette du secteur .
La projection est sur ce point compatible avec les tendances historiques qui remettent en cause le maillage agricole et territorial de l'Europe par les petites exploitations.
Par ailleurs, la surface agricole utilisée devrait se réduire même si une partie des terres abandonnées par les exploitations « marginales » serait intégrée à des entreprises plus vastes.
Dans ce contexte, on a peine à imaginer qu'une agriculture plus écologiquement intensive puisse voir le jour sur les surfaces exploitées.
Sans doute, la libération d'une partie de l'espace agricole peut être considérée, sous certains angles, comme de nature à améliorer l'usage écologique des terres même si ce constat peut être discuté. Pour autant, les projections de la Commission ne décrivent pas un contexte favorable au saut qualitatif qu'impliquerait le passage à une « révolution doublement verte » :
la réduction de la population active agricole oblige à une substitution par le capital, fixe et courant, qui, à technologies données, n'est pas propice à ce schéma ;
la progression du revenu net apparaît trop faible pour constituer un environnement favorable au financement des investissements nécessaires à ce changement de paradigme ;
enfin la concentration des exploitations agricoles et la disparition de nombre d'exploitations éloigneraient du modèle d'agriculture de proximité qu'appelle l'essor des « circuits courts ».
L'agriculture européenne décrite par le scénario de la Commission n'est pas une agriculture créatrice d'emplois97 ( * ) (elle en détruirait), non plus qu'une agriculture de l'occupation durable de l'espace européen.
L'apparente variabilité des projections de la Commission européenne doit être relevée.
En effet, dans l'édition 2010 le revenu par tête était censé progresser beaucoup plus et atteindre un niveau supérieur de 20 % à la moyenne 2005-2009.
Source : Commission européenne. Perspectives
des marchés agricoles.
Décembre 2011
Une partie de l'écart entre les deux projections s'explique par des différences portant sur les revenus nominaux du secteur agricole lors des années de base qui paraissent avoir être supérieurs à ce qui était escompté lors de la projection réalisée en 2010 à la suite du redressement du revenu agricole en 2010, confirmé en 2011.
Mais, la correction porte également sur les perspectives de population active agricole qui, dans le dernier exercice proposé baisse moins que dans le précédent.
C. DES INCERTITUDES TECHNIQUES LIÉES À L'ÉVOLUTION DES RENDEMENTS
L'augmentation de la production des cultures reposerait principalement sur une croissance des rendements qui, pour être plus faible qu'historiquement, s'élèverait à 0,5 % par an.
Cette moyenne s'accommode de projections de rendements diversifiées selon les productions avec des modifications subséquentes dans l'occupation de la surface agricole en Europe ainsi que le montre le graphique ci-dessous.
Évolution de l'occupation de la SAU et des
rendements
par culture en 2007-2011 et 2020
Source : Commission européenne. Perspectives
des marchés agricoles.
Décembre 2011
Pour les surfaces , l'influence de la demande d'agro-carburants se traduirait par l'accroissement des surfaces consacrées au soja, aux betteraves et au maïs, l'orge reculant.
La dynamique des rendements bénéficierait principalement au maïs et aux tournesols avec des croissances avoisinant 14 % sur la période.
Ces hypothèses sont fragiles puisque l'évolution des rendements est très hypothétique comme on l'expose par ailleurs.
Dans des circonstances moins, ou plus favorables, correspondant à des rendements inférieurs de 7 %, ou supérieurs de 6 % respectivement par rapport à la projection centrale, les perspectives de prix, de coûts de production animale et celles portant sur le commerce extérieur européen sont assez sensiblement affectées.
Une croissance moins favorable des rendements augmenterait les prix tout particulièrement pour le maïs, avec des conséquences de quelques points sur les prix de la viande et des agro-carburants.
L'inélasticité de la demande agricole en Europe combinée avec la transmission sur le marché mondial des hausses de prix à l'exportation européens dégraderaient le commerce extérieur agricole de l'Europe.
Quoiqu'il en soit, la production agricole européenne ne laisserait que peu de marges de sécurité, pour les Européens eux-mêmes et pour le reste du monde.
Les stocks dont le faible niveau avait été considéré comme responsable de la flambée des prix de la fin des années 2000 resteraient continûment en Europe sous l'étiage de l'année 2007.
Évolution des stocks de céréales et commerce international pour l'Europe
Source : Commission européenne. Perspectives
des marchés agricoles.
Décembre 2011
La spécialisation de l'Europe sur les biocarburants, qui présente quelques avantages, n'en aura pas moins des effets particulièrement préoccupants.
D. DES INCERTITUDES LIÉES AUX CONDITIONS MACROÉCONOMIQUES
Par rapport aux incertitudes sur les rendements, les incertitudes macroéconomiques testées par la Commission présentent de moindres enjeux.
Pourtant, les aléas sur la croissance économique, qui se combinent à ceux portant sur le taux de change et le prix du pétrole, peuvent modifier sensiblement les perspectives de production céréalière non-alimentaire (ici énergétiques).
Compte tenu du niveau relatif de ces productions, la sensibilité de la production totale est relativement faible mais, étant donné le rôle particulièrement important joué en variation par les productions agro-énergétiques sur la dynamique du revenu agricole, cette sensibilité considérée sous ce dernier angle est nettement plus forte.
* *
*
La combinaison des aléas portant sur les rendements et sur les hypothèses macroéconomiques est en tout cas très significative dans un contexte où la politique publique de soutien de l'agriculture jouerait un rôle de plus en plus marginal.
II. LES PERSPECTIVES DU DÉPARTEMENT DE L'AGRICULTURE DES ÉTATS-UNIS (USDA)
Les perspectives de l'USDA à l'horizon 2019 comportent de nombreuses analogies avec celles de la Commission européenne mais elles s'en distinguent sur des points importants parmi lesquels figurent, au premier chef, les prévisions de revenus des agriculteurs qui sont sensiblement plus favorables dans l'exercice de l'USDA.
Tout comme les perspectives européennes, la projection présentée aux États-Unis s'appuie sur un cadre macroéconomique de reprise rapide de la croissance dans le monde 98 ( * ) notamment du fait des pays en développement dont la croissance atteindrait 5,6 % 99 ( * ) contre 2,2 % pour les pays développés. Des hypothèses analogues sont posées sur le taux de change du dollar qui se déprécierait. Quant au prix du pétrole, il s'élèverait progressivement de 60 dollars le baril l'année de base (2009) à 100 dollars en fin de projection (soit une hausse plus forte que l'inflation moyenne).
Comme dans la projection de la Commission, la demande intérieure (ici celle des États-Unis) serait dynamique mais moins pour satisfaire les besoins alimentaires que pour fournir les matières premières permettant de fabriquer les agro-carburants.
La demande intérieure de blé serait très modérément croissante dans un marché ayant atteint la maturité.
La demande de maïs n'est tirée que par les besoins de production d'éthanol.
Demande de maïs aux États-Unis
en
milliards de baisseaux
(*)
(*) Un baisseau est égal à 13,01 litres.
Source : United States Department of Agriculture
(USDA)
Agricultural Projections to 2019. Février 2010
Il en va de même pour la demande de soja qui est tirée par la production d'agro-diesel.
Parmi les céréales, seule la consommation alimentaire intérieure de riz augmenterait plus vite que la population. Cependant, la croissance de la demande domestique resterait modérée.
Pour les viandes les perspectives de demande intérieure incluent une déformation du régime alimentaire individuelle avec une substitution des volailles au boeuf.
La consommation de viande par tête aux
États-Unis (2010-2019)
Source : United States Department of Agriculture
(USDA)
Agricultural Projections to 2019. Février 2010
Au total, la demande domestique serait principalement tirée par les besoins non-alimentaires qui seraient le principal facteur interne de croissance de la production.
Mais, contrairement aux projections de la Commission européenne, les exportations agricoles des États-Unis contribueraient positivement à la croissance de la production domestique.
En effet, la projection de l'USDA est fondée sur un essor des échanges agricoles internationaux qui, dans le contexte d'un recul de leurs parts de marché qui demeurent modérés, profite aux exportateurs des États-Unis.
Les échanges agricoles internationaux connaîtraient un essor important dont témoignent les quelques données suivantes.
Pour les principales céréales, le commerce international du maïs augmenterait de 25,6 % entre 2010 et 2019, celui du blé de 20,8 %, celui du riz de 30,6 %. Pour le soja, la croissance atteindrait 34 %.
Ces perspectives traduisent une partie d'un phénomène apparu dans les années 90 qui a vu le négoce international du soja dépasser celui du blé et du maïs respectivement 100 ( * ) .
Ce phénomène qui s'est produit malgré le développement du commerce international du maïs sous l'effet de l'essor des agro-carburants et des besoins de nourriture animale répond à cette dernière exigence mais aussi à la diffusion de produits issus du soja dans la production industrielle d'aliments. Celle-ci - il faut le relever incidemment - a par ailleurs déterminé une forte progression de la production d'huile de palme.
La forte demande de soja a pour effet d'augmenter les prix relatifs des produits concernés et il en est allé de même pour les productions d'huiles végétales avec pour effet de modifier la répartition des usages des terres.
À l'avenir, selon l'USDA, ces tendances se poursuivraient avec une augmentation de la consommation par tête d'huiles végétales (incluant les besoins de l'industrie énergétique) de 12 % contre 5 % pour les « grains » (maïs et autres) 3 % pour la viande tandis que les consommations individuelles de blé et de riz se replient de 3 et 2 % respectivement.
Dans ce contexte, les exportations agricoles des États-Unis connaîtraient une croissance soutenue même si les parts de marché des agriculteurs locaux baisseraient légèrement.
Les parts de marché des agriculteurs des États-Unis seraient attaquées.
Pour le maïs , elle passerait de 63,2 % à 58,1 % du total des exportations, le recul atteignant 2,7 points pour le blé (de 19,1 % à 16,4 %) et 0,8 point pour le riz (de 10,5 à 9,7 %).
Pour le soja , la part de marché des producteurs des États-Unis baisseraient de 42,6 à 38,1 % (- 4,5 points).
Ces évolutions traduisent moins une perte de compétitivité résultant de facteurs internes, la dépréciation du dollar en modérant l'éventuel effet, que l'apparition de nouveaux acteurs sur la scène agricole internationale.
Les États-Unis seraient ainsi confrontés pour les oléagineux à la montée en puissance de pays émergents comme le Brésil, l'Indonésie et la Malaisie tandis que, pour les céréales, le blé en particulier, les concurrents jouxtant la Mer noire, la Russie, l'Ukraine et le Kazakhstan renforceraient leurs parts de marché, avec l'Argentine et la Chine.
Pourtant, les exportations des États-Unis seraient dynamiques.
Pour les principales céréales, les exportations de maïs, de blé et de riz augmenteraient de 14,8, 3 et 22,8 %.
Pour le soja, le rythme de croissance serait élevé avec au total une augmentation des exportations de 9,6 %.
Les écarts entre les performances exportatrices de l'Union européenne et des États-Unis apparaissent particulièrement élevés pour les produits carnés.
Ainsi, alors que les exportations européennes ne progresseraient que de 5,6 % pour les bovins, 14,4 % pour le porc et reculeraient de plus de 16 % pour les volailles, les exportations américaines correspondantes s'accroîtraient de 52,1 %, 21,9 % et 5,8 %.
En conséquence, les exportations seraient une source plutôt dynamique du revenu des exploitants agricoles aux États-Unis, même si la valeur nette de l'excédent agricole se réduirait légèrement.
Valeur nette du commerce extérieur agricole des
États-Unis
(en milliards de dollars)
Source : United States Department of Agriculture
(USDA)
Agricultural Projections to 2019. Février 2010
Les exportations qui avaient atteint le niveau record de 115 milliards de dollars en 2008 (contre 60 milliards au milieu des années 90) se rétablissent après la chute de 2009 pour rejoindre le niveau de 120 milliards de dollars en fin de période.
De leur côté, les importations progresseraient en direction du niveau de 106 milliards de dollars.
L'excédent record de 2008, année qui avait vu la croissance agricole des États-Unis profiter pleinement de la flambée des prix, ne serait pas retrouvé mais les États-Unis connaîtraient continûment un excédent agricole (de 13 milliards à la fin de la projection).
Dans ces conditions, les perspectives de revenu des agriculteurs sont aux États-Unis plus favorables que pour l'Europe.
Si la production mondiale augmenterait principalement sous l'effet de l'augmentation persistante des rendements dont la contribution atteindrait les deux tiers de la croissance de la production, un tiers de celle-ci serait liée à l'extension des surfaces cultivées dans les pays où elle semble la plus aisée (Brésil, Ukraine, Russie...). Tel ne serait pas le cas aux États-Unis où le surcroît de production serait presque entièrement attribuable à la progression des rendements malgré les dispositions du « Farm bill » de 2008 qui sont favorables à une plus forte mobilisation des terres.
Pour autant, alors que tendanciellement les terres cultivées ont reculé, ce processus serait interrompu.
Les surfaces cultivées aux États-Unis
(*)
(en milliers d'acres ; un acre égal à
0,405 hectare)
(*) Pour les huit cultures principales.
Source : United States Department of Agriculture
(USDA)
Agricultural Projections to 2019. Février 2010
Toutefois, la répartition des terres se modulerait sur les dynamiques, différenciées par culture, de la production, avec un recul pour le blé et une progression pour le maïs et le soja.
Répartition de terres entre le blé, le maïs et le soja aux États-Unis
Source : United States Department of Agriculture
(USDA)
Agricultural Projections to 2019. Février 2010
La croissance de la production telle qu'elle est modélisée par l'USDA dépend donc de la poursuite des progrès réalisés sur les rendements mais elle n'implique pas de rupture avec la tendance à une décélération observée depuis plusieurs décennies.
Cette scénarisation implique également qu'il n'y ait pas d'inflexion dans les manières de produire aux États-Unis et le renforcement du rôle du maïs paraît annoncer une accentuation des prélèvements d'eau.
Au demeurant, ce sont tous les intrants utilisés par l'agriculture américaine dont la consommation progresserait, tendance qui, combinée avec la hausse de leurs prix, alourdirait les charges d'exploitation des fermiers américains et atténueraient les effets favorables à leur revenu de la hausse de la valeur de leur production.
Prix de l'énergie et charges d'exploitation aux
États-Unis
(en milliards de dollars)
Source : United States Department of Agriculture
(USDA)
Agricultural Projections to 2019. Février 2010
Dans ces conditions, le revenu net progresserait modérément mais il dépasserait le revenu moyen des dix dernières années pourtant marquées par les hausses exceptionnelles des prix de la fin de la décennie considérée.
Le revenu net agricole aux
États-Unis
(en milliards de dollars)
Source : United States Department of Agriculture
(USDA)
Agricultural Projections to 2019. Février 2010
Cette progression interviendrait dans un contexte où les soutiens publics seraient réduits du fait de la bonne orientation des prix qui les maintiendraient au-dessus du niveau de déclenchement des paiements contra-cycliques.
Les paiements publics directs aux
États-Unis
(en milliards de dollars)
Source : United States Department of Agriculture
(USDA)
Agricultural Projections to 2019. Février 2010
Le montant des soutiens publics se réduirait de 12,4 à 10 milliards de dollars et ils ne représenteraient que 3 % du revenu agricole net en moyenne contre 8 % en 2005, période de pic des soutiens.
Il existe une discordance entre les perspectives de recettes des exploitants agricoles et celles relative aux dépenses d'alimentation domestique.
Celles-ci progresseraient en valeur de l'offre d'un tiers représentant à l'échéance de la projection 800 milliards de dollars. La progression de revenu brut agricole serait deux fois moins importante (+ 16,7 % entre 2010 et 2019).
Les prix payés aux exploitants pour leurs fournitures alimentaires n'augmenteraient que de 10,3 %, soit moins que les prix des marchés agricoles et moins que les prix à la consommation qui, pour l'alimentation, croîtraient de 23,8 %.
Malgré une orientation des marchés favorables au développement agricole (du côté de la demande et des prix), les termes de l'échange du secteur de la production de matières premières alimentaires se dégraderaient.
Dans ces conditions, le maintien du pouvoir d'achat des agriculteurs aux États-Unis implique qu'ils produisent toujours davantage, considération essentielle quand on examine les perspectives structurelles de la « géo-alimentation » mondiale.
ANNEXE N° 5 - PERSPECTIVES DU COMMERCE MONDIAL :
L'ESSOR DES ÉMERGENTS : UNE PROJECTION PARMI D'AUTRES 101 ( * )
Entre 1996 et 2006, la structure géographique du commerce mondial a beaucoup évolué avec un recul spectaculaire des États-Unis et du Japon au profit de la Chine et des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord surtout, du moins sous l'angle des exportations de biens.
Composition géographique du commerce mondial
Part des exportations mondiales
** Marché extérieur de l'Union européenne
Source : Carnegie - Policy outlook, février 2010
En 2006, les pays en développement représentaient 30 % des exportations de marchandises en partant de 19,5 % en 1996. Les cinq plus grands émergents (Chine, Inde, Brésil, Russie et Indonésie) sont passés de 7,6 % à 13,4 % de ce total, l'essentiel venant de la Chine (de 2,7 à 7,6 %).
Pour les États-Unis, il y a retrait (de 13,9 % à 9,5 %), de même que pour le Japon (de 8,6 % à 5,4 %).
Vu sous l'angle des importations de marchandises, le poids des émergents a également progressé. Les exportations de l'Union européenne vers la Chine ont quadruplé entre 1996 et 2006 augmentant leur place dans le total des exportations de l'Union européenne, tandis que les exportations vers les autres pays industrialisés (hors Japon et Union européenne) baissaient de 9 à 7 % au total.
Cependant, la poussée des émergents sur la scène internationale s'étant soldée par la constitution d'excédents, c'est plutôt par leurs exportations qu'elle s'est réalisée et, plus particulièrement, par leurs exportations de biens manufacturés. Leur place dans le commerce des services reste mineure à de rares exceptions près (l'Inde).
Ces constats entrent dans le cadre du processus classique de diversification des biens proposés par les pays qui se développent sur le marché mondial. Mais, ils témoignent de progrès très radicaux : la Chine exporte plus de biens manufacturés que les États-Unis et le Japon.
Ils se combinent avec une intégration financière rapide qui est plus inusuelle.
Les flux de capitaux vers les pays émergents ont explosé avec 489 milliards de dollars en 2005-2007 en moyenne contre 151 milliards dix ans plus tôt. Ceci témoigne notamment d'une confiance accrue dans les déterminants financiers des investissements à l'étranger (soit une situation financière du pays, régime monétaire...) qui s'est manifestée par une forte réduction des écarts de taux subis par ces pays. De même, l'ouverture du commerce extérieur de ces pays a joué ainsi que la croissance de leur demande intérieure.
Malgré les progrès enregistrés par les émergents sur la scène internationale, le revenu par tête a baissé dans ces pays passant de 3,1 % du revenu par tête aux États-Unis à 1,7 % seulement entre 1995-1997 et 2005-2007.
Il existe une sorte de paradoxe financier dans la situation actuelle.
Les pays émergents excédentaires ont augmenté leurs excédents (de 4,5 de leur PIB en 1995-1997) à 10,6 % en 2005-2007. Ceux en déficit n'ont que modérément accru celui-ci de 0,8 points de PIB, à 8,1 % de leur PIB. Les pays émergents sont ainsi une source de financement du reste du monde : des déficits des pays développés aux pays du Sud eux-mêmes.
Si, dans l'avenir, les investissements à destination des émergent augmentaient comme leur PIB la part des investissements vers ces pays triplerait passant de 25 % du total de l'investissement direct étranger à 66 % en 2050 102 ( * ) .
D'ici 2050, devrait se développer une classe moyenne et supérieure nombreuse dans les pays émergents (composée de ceux qui ont un revenu annuel d'au moins 4 000 $).
Taille de la classe moyenne riche
Économies
avancées
Économie
émergente du G20
Source : Carnegie
Elle dépasserait en nombre la classe correspondante dans les pays développés en 2030 et représenterait 60 % de l'ensemble en 2050 avec, toutefois, un revenu moyen supérieur de 60 % dans les pays développés.
Taille de la classe moyenne riche
(en millions)
2009 |
2020 |
2030 |
2050 |
|
PAYS DÉVELOPPÉS |
1193 |
1225 |
1254 |
1284 |
PAYS ÉMERGENTS DU G20 |
368 |
740 |
1295 |
1958 |
CHINE |
118 |
375 |
779 |
1092 |
BRÉSIL |
66 |
80 |
110 |
170 |
INDE |
37 |
69 |
121 |
273 |
MEXIQUE |
37 |
51 |
72 |
111 |
TURQUIE |
17 |
29 |
46 |
70 |
INDONÉSIE |
11 |
20 |
33 |
81 |
ARGENTINE |
17 |
21 |
28 |
40 |
AFRIQUE DU SUD |
9 |
13 |
14 |
23 |
PAYS D'AFRIQUE |
||||
NIGERIA |
4 |
6 |
10 |
22 |
KENYA |
4 |
7 |
10 |
26 |
ÉTHIOPIE |
3 |
6 |
11 |
34 |
GHANA |
1 |
3 |
5 |
18 |
Source : Carnegie
Ceci devrait alimenter une consommation de biens durables en expansion (automobiles, équipements du foyer notamment) ainsi que des besoins nouveaux de biens éducatifs, de tourisme et de santé.
En 2050, la part du commerce mondial des pays en développement atteindrait 70 % contre 35 % 40 ans plus tôt.
Les économies du G20 croîtraient de 3,5 % l'an, leur PIB passant de 38,3 trillions de dollars en 2009 à 160 trillions en 2050 en termes réels, mais 60 % de ce surplus viendraient des 6 économies émergentes (les 5 grands et le Mexique) où le taux de croissance atteindrait 6 % contre 2,1 % dans les pays du G7.
Croissance annuelle |
PIB réel
|
|||
2009-2050 (en %) |
2009 |
2030 |
2050 |
|
ÉCONOMIES DÉVELOPPÉES DU G20 |
||||
ÉTATS-UNIS |
2,7 |
12949 |
22258 |
38646 |
JAPON |
1,1 |
4467 |
5786 |
6216 |
ALLEMAGNE |
1,4 |
2833 |
3593 |
4535 |
ROYAUME UNI |
2,1 |
2320 |
3597 |
4997 |
FRANCE |
2,1 |
2203 |
3323 |
4528 |
ITALIE |
1,3 |
1732 |
2197 |
2580 |
CANADA |
2,3 |
1171 |
2083 |
3154 |
CORÉE |
2,5 |
945 |
2122 |
2812 |
AUSTRALIE |
2,9 |
787 |
1501 |
2257 |
ÉCONOMIES ÉMERGENTES DU G20 |
||||
CHINE |
5,6 |
3335 |
21479 |
46265 |
BRÉSIL |
4,1 |
1011 |
2440 |
6020 |
INDE |
5,9 |
1065 |
5328 |
15384 |
RUSSIE |
3,3 |
869 |
2487 |
4297 |
MEXIQUE |
4,3 |
866 |
2397 |
5709 |
TURQUIE |
4,4 |
509 |
1437 |
3536 |
INDONÉSIE |
4,8 |
354 |
1073 |
2975 |
AFRIQUE DU SUD |
4,3 |
271 |
791 |
1919 |
ARGENTINE |
4,1 |
223 |
527 |
1267 |
Source : Carnegie
La part de la Chine dans le commerce mondial passerait de 7,6 à 24 %, celle de l'Inde atteignant 6,2 % (contre 1,2 % aujourd'hui). Celle des pays industrialisés décroîtrait, de 9,5 à 7 % pour les États-Unis et de 5,4 à 2,4 % pour le Japon.
Les courants d'échange se modifieront aussi
Principaux partenariats bilatéraux a dans le commerce mondial
2006 |
2050 |
||
PAIRES COMMERCIALES |
(EN % DU TOTAL) |
PAIRES COMMERCIALES |
(EN % DU TOTAL) |
ÉTATS-UNIS-AUTRES INDUSTRIALISÉS |
10,4 |
Chine-Pays émergents d'Asie |
9,0 |
UNION EUROPÉENNE-AUTRES INDUSTRIALISÉS B |
8,4 |
Chine-Autres industrialisés |
6,3 |
UNION EUROPÉENNE-ÉTATS-UNIS |
7,4 |
Chine-Etats-Unis |
6,2 |
ÉTATS-UNIS-AMÉRIQUE LATINE C |
6,6 |
Chine-Union européenne |
5,6 |
UNION EUROPÉENNE-EUROPE DE L'EST |
4,4 |
Etats-Unis-Amérique latine |
4,3 |
UNION EUROPÉENNE-CHINE |
3,5 |
Chine-Inde |
3,7 |
MEMO : |
|||
INTRA-UNION EUROPÉENNE D |
28,2 |
6,3 |
a La paire Intra-Union européenne est exclus.
b Autres industrialisés se rapporte au Canada, Australie, Corée du sud, Singapour, Suisse.
c L'Amérique latine exclut le Brésil.
d Le commerce mondiale inclut Intra-Union européenne.
Source : Nations Unies
Sur la base d'une élasticité de 1,3 entre le PIB et les importations, les importations de la Chine en provenance des États-Unis et de l'Union européenne représenteraient 3,1 % du total du commerce mondial (deux fois le niveau actuel).
Pour l'Union européenne, 49 % de son commerce serait régional mais la Chine deviendrait la deuxième destination. Pour les États-Unis, la première destination serait l'Amérique latine mais elle serait suivie par la Chine (27 % des exportations américaines). Le commerce sud-sud continuerait à se développer sur la base d'une spécialisation internationale classique.
Destinations des exportations pour la Chine, les États-Unis, l'Union européenne, l'Inde et l'Afrique sub-saharienne (2006-2050)
2006 |
2050 |
||
PAYS PARTENAIRE |
% DU TOTAL |
PAYS PARTENAIRE |
% DU TOTAL |
CHINE |
|||
ÉTATS-UNIS |
25,9 |
États-Unis |
17,4 |
UNION EUROPÉENNE |
23,1 |
Asie |
16,4 |
AUTRES INDUSTRIALISÉS |
13,4 |
Union européenne |
16,3 |
JAPON |
11,6 |
Autres industrialisés |
10,1 |
ASIE |
7,2 |
Inde |
7,9 |
ÉTATS-UNIS |
|||
AUTRES INDUSTRIALISÉS |
25,9 |
Amérique Latine |
17,4 |
UNION EUROPÉENNE |
23,1 |
Chine |
16,4 |
AMÉRIQUE LATINE |
13,4 |
Autres industrialisés |
16,3 |
JAPON |
11,6 |
Union européenne |
10,1 |
CHINE |
7,2 |
Asie |
7,9 |
UNION EUROPÉENNE |
|||
UNION EUROPÉENNE |
25,9 |
Union européenne |
17,4 |
ÉTATS-UNIS |
23,1 |
Chine |
16,4 |
AUTRES INDUSTRIALISÉS |
25,9 |
Europe de l'est et Asie centrale |
17,4 |
EUROPE DE L'EST ET ASIE CENTRALE |
23,1 |
16,4 |
|
13,4 |
États-Unis |
16,3 |
|
INDE |
|||
UNION EUROPÉENNE |
25,9 |
Chine |
17,4 |
23,1 |
16,4 |
||
ÉTATS-UNIS |
25,9 |
Asie |
17,4 |
AUTRES INDUSTRIALISÉS |
23,1 |
Union européenne |
16,4 |
ASIE |
13,4 |
Afrique sub-saharienne |
16,3 |
AFRIQUE SUB-SAHARIENNE |
|||
UNION EUROPÉENNE |
25,9 |
Afrique sub-saharienne |
17,4 |
ETATS-UNIS |
23,1 |
Chine |
16,4 |
AFRIQUE SUB-SAHARIENNE |
25,9 |
Union européenne |
17,4 |
AUTRES INDUSTRIALISÉS |
23,1 |
Inde |
16,4 |
JAPON |
13,4 |
États-Unis |
16,3 |
* Autres industrialisés
Source : Carnegie
Taille de la classe moyenne riche
(en
millions)
2009 |
2020 |
2030 |
2050 |
|
PAYS DÉVELOPPÉS |
1 193 |
1 225 |
1 254 |
1 284 |
PAYS ÉMERGENTS DU G20 |
368 |
740 |
1 295 |
1 958 |
CHINE |
118 |
375 |
779 |
1 092 |
BRÉSIL |
66 |
80 |
110 |
170 |
INDE |
37 |
69 |
121 |
273 |
MEXIQUE |
37 |
51 |
72 |
111 |
TURQUIE |
17 |
29 |
46 |
70 |
INDONÉSIE |
11 |
20 |
33 |
81 |
ARGENTINE |
17 |
21 |
28 |
40 |
AFRIQUE DU SUD |
9 |
13 |
14 |
23 |
PAYS D'AFRIQUE |
||||
NIGERIA |
4 |
6 |
10 |
22 |
KENYA |
4 |
7 |
10 |
26 |
ÉTHIOPIE |
3 |
6 |
11 |
34 |
GHANA |
1 |
3 |
5 |
18 |
Source : Carnegie
Ces résultats seraient un peu atténués en cas de croissance lente (de 0,5 à 0,9 point dans les pays développés ; de 1,5 point chez les émergents), mais dans de faibles proportions malgré tout.
Les émergents occuperaient 60 % du commerce international.
ANNEXE N° 6 - L'AGRICULTURE EUROPÉENNE DANS LE MONDE DU DÉFI ALIMENTAIRE
L'agriculture européenne est en voie d'homogéisation mais celle-ci est très lente dans plusieurs pays où se pose un problème aigu de pauvreté agricole. En dépit de sa robustesse technique, l'agriculture européenne, qui doit rester un pilier du système alimentaire mondial, connaît des difficultés économiques. Sa « rationalisation » se poursuit au risque d'un affaiblissement de sa vocation productive. Ses équilibres internes sont menacés par l'emprise de marchés excessivement dérégulés et par des faits de concurrence inégale. La réforme de la PAC ne doit pas conduire à un effacement de l'agriculture européenne. De son côté, la France, comme l'affirment avec force les rapports du Sénat (voir en particulier les contributions de nos collègues Gérard César et Charles Revet ainsi que celles de nos commissions des affaires européennes et de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire), doit contribuer à solidifier l'ensemble agricole européen.
* 89 Pour Agrimonde Global Orchestration du nom de l'exercice du Millenium.
* 90 Les déficits intrarégionaux ne sont pas mentionnés, mais ils pourraient exercer une pression supplémentaire à la hausse sur les échanges internationaux.
* 91 Mais, à l'évidence, elle n'en est pas pour autant la source la plus importante.
* 92 Ces chiffres sont évidemment influencés par les singularités des agricultures des « nouveaux États membres ».
* 93 Celle-ci n'est cependant pas entièrement rigide.
* 94 Dans la mesure où par rapport au compte central de la Commission le maintien de la croissance chinoise implique une hausse de celle-ci équivalente à 3,2 points de PIB.
* 95 Ce diagnostic doit être envisagé de façon dynamique et il faut s'interroger sur les effets sur les prix de l'énergie du développement des énergies renouvelables. À un horizon plus lointain que celui de 2020, le supplément d'énergie que les sources nouvelles pourraient apporter dans un contexte de raréfaction des sources traditionnelles pourrait infléchir l'augmentation des prix énergétiques, perspective qui ne préjuge pas des moyens d'optimiser cet heureux effet.
* 96 Les biocarburants de deuxième génération correspondent à une utilisation non plus seulement des seules graines de la plante mais de la plante entière, ce qui pose le problème technique d'isoler la cellulose. Ils permettent d'augmenter le rendement énergétique du processus puisque selon certaines estimations leur potentiel d'énergie serait cinq fois plus élevé que pour les biocarburants de première génération.
* 97 Le bilan des « agro-emplois » doit toutefois intégrer les effets de l'essor des biocarburants.
* 98 La croissance mondiale est malgré tout ralentie par rapport à la période 1970-2008, de 0,5 point de PIB environ.
* 99 Le taux de croissance prévu pour la Chine (+ 8 % l'an) est identique à celui de la projection européenne.
* 100 Du maïs et des « autres grains ».
* 101 Carnegie « Policy outlook » (Février 2010)
* 102 À l'évidence, il faut poser d'autres hypothèses pour obtenir ce résultat, ici très mécanique.