I. UNE AGRICULTURE EN VOIE D'HOMOGÉNÉISATION
MAIS QUI RESTE TRÈS SEGMENTÉE

En 2010, l'Europe comptait 12 millions d'exploitations agricoles. Les nouveaux États membres en réunissent à eux seuls 56,5 % du total (6,78 millions d'exploitations dont 3,856 millions pour la Roumanie et 1,5 million pour la Pologne).

Nombre d'exploitations agricoles dans les pays européens
(en milliers)

ALLEMAGNE

299

AUTRICHE

154

BELGIQUE

43

BULGARIE

371

CHYPRE

39

DANEMARK

41

ESPAGNE

990

ESTONIE

20

FINLANDE

64

FRANCE

515

GRÈCE

706

HONGRIE

577

IRLANDE (2007)

128

ITALIE

1 630

LETTONIE

83

LITUANIE

200

LUXEMBOURG

2

MALTE

13

PAYS-BAS

72

POLOGNE

1 506

PORTUGAL

305

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

23

ROUMANIE

3 856

ROYAUME-UNI

202

SLOVAQUIE (2007)

69

SLOVÉNIE

75

SUÈDE

71

Source : recensement agricole 2010 et données Eurostat 2007

Cette place relative peut être mise en rapport avec le poids de ces États dans la valeur ajoutée agricole de l'Union européenne à 27 qui avoisine 13,3 %.

Valeur ajoutée agricole au prix du producteur des nouveaux États membres
en 2010
(en millions d'euros)

SLOVAQUIE

299,8

SLOVÉNIE

407,9

ROUMANIE

6 511,9

POLOGNE

6 135,4

HONGRIE

1 928,4

LITUANIE

502,1

LETTONIE

224,4

ESTONIE

232,2

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

959,2

BULGARIE

1 403,6

TOTAL

18 603,8

UNION EUROPÉENNE 27

139 862,4

POUR MÉMOIRE :

ALLEMAGNE

13 966,4

FRANCE

26 004,1

Source : Eurostat

Avec plus de dix fois moins d'exploitations, la France dispose d'une valeur ajoutée agricole près de deux fois plus élevée.

On relève dans les pays nouveaux membres l'importance des régions sans spécialisation (Pologne notamment) ou avec des exploitations mixtes (Roumanie) alors que les pays où l'agriculture est la plus développée sont plutôt spécialisés dans les grandes cultures ou dans l'élevage.

Principales productions agricoles* par région en Europe

* 45 % des exploitations de la région sont spécialisées dans le produit concerné

Source : GISCO - Eurostat

Dans les années 2000, le nombre d'exploitations agricoles a beaucoup diminué en Europe.

Évolution du nombre d'exploitations agricoles dans les différents pays européens
(variation 2003-2010)

ALLEMAGNE

- 27 %

AUTRICHE

- 11 %

BELGIQUE

- 22 %

BULGARIE

- 44 %

CHYPRE

- 14 %

DANEMARK

- 16 %

ESPAGNE

- 13 %

ESTONIE

- 47 %

FINLANDE

- 15 %

FRANCE

- 16 %

GRÈCE

- 14 %

HONGRIE

- 25 %

IRLANDE (2007)

nd

ITALIE

- 17 %

LETTONIE

- 34 %

LITUANIE

- 27 %

LUXEMBOURG

- 10 %

MALTE

- 17 %

PAYS-BAS

- 16 %

POLOGNE

- 31 %

PORTUGAL

- 15 %

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

- 50 %

ROUMANIE

- 14 %

ROYAUME-UNI

- 28 %

SLOVAQUIE (2007)

nd

SLOVÉNIE

- 3 %

SUÈDE

+ 4 %

Source : recensement agricole 2010 et données Eurostat 2007

Ce processus a été particulièrement à l'oeuvre dans plusieurs des nouveaux États membres (Bulgarie, Estonie, République tchèque) où le nombre d'exploitations a été divisé de près de moitié. Dans d'autres de ces États pourtant, en particulier en Roumanie où, pourtant, le nombre des exploitations est considérable, le recul a été modéré en dépit du fait que le pays, qui compte près du tiers des exploitations agricoles de l'UE-27, ne représente que 4,6 % de la valeur ajoutée agricole et ne laisse à ses actifs agricoles qu'un revenu individuel singulièrement bas.

Dans les pays à agriculture développée, la réduction du nombre des exploitations, pour avoir été inférieure à la moyenne européenne (la France avec une baisse de 16 % est, sous cet angle, assez représentative), a pu être localement assez forte. Tel a été le cas en Allemagne et au Royaume-Uni qui ont perdu le quart de leurs exploitations agricoles en sept ans.

L'agriculture dans l'Union européenne prend plusieurs visages avec, d'un côté de très grandes structures de production et, de l'autre, de petites exploitations.

Une classification en huit catégories est par exemple proposée dans une étude des chambres d'agriculture avec :

- les pays de « macro-exploitations » (République tchèque et Slovaquie) ;

-les pays de très « grandes exploitations familiales » (Allemagne, Belgique, Danemark, Pays-Bas et Royaume-Uni) ;

- les pays de « grandes exploitations » (Espagne, France, Italie, Luxembourg et Suède) ;

- les pays « d'exploitations moyennes » (Autriche, Finlande et Irlande) ;

- les « pays-patchwork » avec un continuum allant de grosses exploitations à de très petites (Chypre, Portugal) ;

- les pays à « petites structures agricoles » (Grèce, Malte, Pologne et Slovénie) ;

- les pays de « micro-exploitations » (Lettonie, Lituanie et Roumanie) ;

- les pays « d'agriculture duale » avec d'un côté, de grosses structures et, de l'autre, des petites exploitations (Bulgarie, Estonie et Hongrie).

Le classement proposé s'appuie sur la répartition de la valeur ajoutée agricole par quantiles d'exploitations définies en fonction du niveau de leur valeur ajoutée 103 ( * ) .

Indicateur de concentration des exploitations agricoles
à partir de la répartition du revenu

Note de lecture : En moyenne, pour l'UE à 27 les exploitations réalisent plus de 100 UDE concentrant 17 % de la valeur ajoutée (calculée) du secteur agricole tandis que le gros de la valeur ajoutée (45 %) est réalisée par les exploitations de 40 à 100 UDE 548 000 0 120 000 euros).

Il est sans doute un peu hâtif de déduire de ce classement des conclusions sur la physionomie des exploitations agricoles dans chaque pays.

Une forte concentration de la valeur ajoutée globale au niveau d'un quantile donné ne signifie pas pour autant que les autres quantiles ne comptent que quelques unités productives. Il n'y a pas nécessairement de lien entre la concentration du revenu et le nombre relatif des exploitations concernées.

Il n'y a pas davantage de relation univoque entre la concentration du revenu par catégories d'exploitations et le niveau de revenu par actif agricole. Cependant quelques tendances se dégagent.

Ainsi aucune corrélation générale entre le niveau de revenu par actif agricole et la concentration de la valeur ajoutée agricole par les grandes exploitations ne peut être identifiée, mais il n'en va pas de même pour les autres formes de concentration de la valeur ajoutée agricole.

Valeur ajoutée nette par actif agricole dans l'Union européenne en 2009
(en euros constants de 2000)

DANEMARK

48 500

PAYS-BAS

42 200

SUÈDE

33 600

BELGIQUE

35 500

FRANCE

29 500

ALLEMAGNE

26 700

ROYAUME-UNI

25 500

FINLANDE

24 000

LUXEMBOURG

21 700

AUTRICHE

20 400

IRLANDE

19 400

ITALIE

17 500

ESPAGNE

17 000

MALTE

14 300

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

10 700

GRÈCE

8 700

HONGRIE

8 100

ESTONIE

7 900

CHYPRE

7 600

LITUANIE

7 100

PORTUGAL

7 000

POLOGNE

6 100

SLOVAQUIE

4 700

LETTONIE

4 000

SLOVÉNIE

2 600

BULGARIE

2 600

ROUMANIE

1 700

Source : Eurostat RICA

Le poids relatif des grandes exploitations ne détermine pas nécessairement le niveau du revenu par actif agricole. Ainsi, alors que les exploitations de plus de 100 UDE y totalisent plus de 70 % de la valeur ajoutée agricole il existe entre la République tchèque et la Slovaquie, d'un côté, et le Danemark et les Pays-Bas, de l'autre, un rapport du simple au quintuple (voire même au décuple) sous l'angle du revenu par actif agricole.

La corrélation entre le poids des petites exploitations et le niveau de revenu par actif est, en revanche, plus nette.

Dans tous les pays où les exploitations de moins de 4 UDE représentent une proportion significative de la valeur ajoutée agricole, le revenu par actif est faible.

Hormis l'Autriche, l'Irlande et, à un moindre degré, l'Italie, il n'existe pas un seul pays où, à la fois, le revenu par actif est élevé et le poids des petites exploitations (celles où l'UDE est inférieure à 19 200 euros par an) significatif.


* 103 Cinq quantiles sont définis sur la base du nombre pertinent d'unités de dimension européenne (UDE = 1 200 euros) produit par les exploitations agricoles. La méthode de recensement peut conduire à exagérer le poids des petites exploitations dans les pays où le seuil de dénombrement comme exploitation professionnelle est bas, ce seuil variant selon le niveau de développement des pays européens.

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