C. FEMMES ET SOMMET DE LA TERRE

Le principe 20 de l'Agenda 21 adopté à Rio en 1992 postulait que « les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l'environnement et le développement. Leur pleine participation est donc essentielle à la réalisation d'un développement durable » .

Il est donc admis au niveau international que le recul de la pauvreté spécifique des femmes, l'alphabétisation, la reconnaissance des droits procréatifs et leur participation aux processus de décision sont des aspects essentiels du développement durable.

Pourtant, le constat est cruel. Les femmes représentent 70 % des personnes pauvres dans le monde. Elles possèdent moins de 2 % des terres et reçoivent moins de 5 % des prêts bancaires. Dans le monde, on ne compte en moyenne que 16 % de femmes parlementaires et moins de 10 % de chefs d'État et de gouvernement.

Or, ces inégalités économiques et politiques sont un obstacle à un développement humain durable et équitable.

Le programme alimentaire mondial (PAM), que votre groupe de travail a auditionné, a ainsi insisté sur le rôle fondamental des femmes dans le champ humanitaire, citant par exemple les chiffres de la réception effective de l'aide alimentaire : si 90 % de l'aide alimentaire fournie aux femmes arrive à destination, ce chiffre tombe à 30 % seulement si elle est donnée aux hommes.

Les femmes sont également les premières touchées par les conséquences du réchauffement climatique.

Dans la plupart des pays en développement, ce sont les femmes, chargées de l'approvisionnement et du transport des besoins en eau, qui sont le plus atteintes par le manque d'eau.

FEMMES ET ENVIRONNEMENT

La Conférence de Mexico (1975) fut la première conférence mondiale sur le statut des femmes, organisée à la demande de l'Assemblée générale des Nations unies en lien avec l'Année internationale de la femme. Avec la Décennie des Nations unies pour la femme (1976-1985), proclamée par l'Assemblée générale cinq mois après que la Conférence en a fait la demande, elle ouvrit une nouvelle phase dans les efforts mondiaux relatifs à la promotion des femmes, en initiant un dialogue de portée internationale sur l'égalité entre les sexes. Trois objectifs clés furent dégagés :

- une égalité complète entre les hommes et les femmes et l'élimination de la discrimination fondée sur le sexe ;

- l'intégration et la pleine participation des femmes au développement ;

- une contribution de plus en plus importante des femmes au renforcement de la paix internationale.

Le Programme d'action adopté alors par la Conférence établissait les résultats minimums devant être atteints avant 1980 qui permettraient de garantir un accès égal aux femmes dans des domaines tels que l'éducation, les opportunités d'emploi, la participation à la vie politique, les services de santé, le logement, la nutrition et le planning familial.

Au sein du système des Nations unies, en plus de l'Agence (aujourd'hui Division) de la promotion de la femme, la Conférence permit la création de l'Institut international de recherche et de formation des Nations unies pour la promotion de la femme (INSTRAW) et le Fonds de développement des Nations unies pour la femme (UNIFEM) fournissant un cadre institutionnel pour la recherche, la formation et les activités opérationelles dans le domaine des femmes et du développement.

Un aspect important de la réunion de Mexico réside dans le fait que les femmes jouèrent elles-mêmes un rôle directeur dans les discussions.

A la suite de la Conférence de Mexico, de nombreux gouvernements ont pris des mesures pour intégrer une perspective « sexospécifique » dans leurs politiques et programmes nationaux de développement durable. Ainsi par exemple, le Canada a encouragé l'intégration d'une perspective sexospécifique dans des secteurs comme la gestion durable de l'eau douce, des océans et des forêts, la protection de la diversité biologique et la lutte contre la désertification.

Le lien entre pauvreté et détérioration de l'environnement est bien établi, et l'élimination de la pauvreté a été reconnue comme une condition sine qua non du développement durable. Dans cette optique, plusieurs États Membres des Nations unies ont incorporé des activités économiques exercées par les femmes dans leurs stratégies de préservation de l'environnement.

Concernant la participation active des femmes, y compris des femmes autochtones, à la prise de décisions concernant l'environnement, notamment aux niveaux de la gestion, de la conception, de la planification et de l'application des projets, certaines avancées ont été constatées. Une femme a été nommée ministre de l'environnement dans plusieurs pays comme au Maroc ou encore en Équateur, comme l'a indiqué la Ministre Maria Fernanda Espinosa, chargée de la Coordination du Patrimoine.

Après la Conférence de Mexico, qui a entériné le fait que les inégalités constituaient une entrave au développement, ont suivi les conférences de Copenhague en 1980, de Nairobi en 1985 et de Pékin en 1995. A Rio en 1992, est adopté l'Agenda 21 des femmes pour une planète en bonne santé et en paix.

Le lien entre développement durable et réduction des inégalités a été établi depuis de nombreuses années, notamment, en ce qui concerne les femmes, depuis la Conférence de Mexico de 1975. Par la suite, des programmes d'émancipation et d'amélioration de la participation des femmes ont été menés par les Nations unies et par de nombreux États membres.

A titre d'exemple, la ministre de la Coordination du Patrimoine de l'Équateur, Maria Fernanda Espinosa, que votre groupe de travail a rencontrée, a présenté le programme de lutte contre les discriminations lancé dans son pays par le Président Rafael Correa.

Récemment encore, c'est à une très large majorité que le Parlement européen à adopté le rapport de Nicole Kiil-Nielsen sur « Les femmes et le changement climatique ». S'exprimant à l'issue du vote, Nicole Kiil-Nielsen a estimé que :

« Ce texte compile des chiffres statistiques encore trop méconnus. Il souligne, par exemple, que 70 % des êtres humains vivant avec moins d'un dollar par jour sont des femmes et que ces dernières représentent 90 % des personnes décédées dans les suites des catastrophes climatiques, à l'image des terribles inondations au Bangladesh en 1991. Enfin il met en évidence que si au niveau mondial, ce sont les femmes qui par leurs activités économiques liées notamment à l'agriculture sont les premières victimes des bouleversements climatiques, elles sont également un puissant vecteur social dans la diffusion des bonnes pratiques environnementales au quotidien ».

Cette approche du développement durable n'est d'ailleurs pas absente du processus préparatoire de la Conférence de Rio.

C'est ainsi que la résolution des Nations unies appelant à la conférence internationale de 2012, précitée, rappelle la décision de la Commission du développement durable de l'ONU selon laquelle « la participation de représentants de toutes les régions, ainsi que d'hommes et de femmes, aux activités menées durant ses réunions, devait être équilibrée » .

De même, au niveau du comité d'organisation de Rio, un comité de pilotage des femmes a été constitué en tant que « groupe majeur » représenté à l'ONU. Il préconise d'ailleurs d'ouvrir les négociations sur une nouvelle convention consacrée au principe 10 de la Déclaration de Rio.

Votre groupe de travail considère que la prise en compte du genre est une condition de la réduction des inégalités. En raison de la différenciation des rôles entre les hommes et les femmes, l'impact des femmes sur l'environnement n'est pas le même que celui des hommes et doit donc être pris en compte.

Recommandation 15 : La Conférence « Rio+20 » devra reconnaître que la contribution des femmes est un aspect essentiel du développement durable. Elles sont en effet un maillon important du processus de préservation des moyens de subsistance et de la transition vers un nouveau modèle de développement.

Le troisième pilier, le pilier social, lie développement durable et éradication de la pauvreté. Le développement durable ne peut composer avec la pauvreté spécifique des femmes et leur mise à l'écart des décisions publiques et de l'éducation. Le document final devra promouvoir l'égalité hommes-femmes.

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