B. LE LIVRE BLEU A EN PARTIE COMBLÉ CETTE LACUNE SANS COUVRIR LE DOMAINE MILITAIRE

Après le Grenelle de la mer, en 2009, le Gouvernement a doté la France d'une « stratégique nationale pour la mer et les océans » et les comités interministériels de la mer (CIMER) ont repris sous la présidence du Premier ministre.

Cette formalisation d'une stratégie maritime à l'échelle nationale a permis de mobiliser les acteurs publics et privés sur les enjeux liés à la mer et à la présence française sur les trois océans.

Des réformes d'ampleur ont également été réalisées dans le prolongement du Livre bleu : mise en place de la fonction garde-côte, réforme portuaire en métropole et Outre-mer, plan contre les submersions, soutien de la construction navale dans le cadre des investissements d'avenir, développement des énergies renouvelables, installation du conseil national pour la mer et le littoral, mise en place d'une stratégie nationale pour l'exploitation des ressources minérales profondes.

Dans un contexte économique difficile, la classe politique française comme l'opinion publique a de plus en plus clairement conscience que la mer offre des possibilités de croissance et d'emplois.

Sans aborder les questions de défense, pour la première fois, une stratégie nationale intègre les enjeux géopolitiques de la maritimisation et précise : « La mer, plus que jamais enjeu et espace géopolitiques. Qu'il s'agisse de les occuper et de se les approprier ou, au contraire, d'en garantir l'accès libre à tous, la question de la maîtrise des espaces maritimes, source de tant d'affrontements passés, reste d'actualité. Les grandes lignes du « droit de la mer », fixées à Montego Bay sont garanties de fait par la puissance militaire des démocraties, dont la France. »

Le Livre bleu souligne ainsi que la mer constitue un espace de manoeuvre qui apporte la mobilité et une profondeur stratégiques qui n'existent pas sur les terres dont chaque centimètre carré relève d'une souveraineté nationale établie.

Il constate que la sûreté de la circulation sur les mers qui, depuis plus d'un siècle, paraissait un fait acquis hors périodes de conflits, est à nouveau remise en cause.

Il conclut notamment à l'impérieuse nécessité de protéger résolument l'environnement marin. Alors que les limites de la capacité des mers et océans à absorber et recycler les conséquences des activités humaines commencent à être atteintes, le Livre bleu estime que la préservation de l'écosystème maritime est vitale pour l'Humanité.

Le Livre bleu souligne enfin la nécessité de promouvoir une politique maritime intégrée au niveau européen estimant que « L'Union européenne constitue le cadre naturel de développement d'une politique de sécurité maritime intégrée. L'entrée en vigueur du traité de Lisbonne pourra permettre un usage élargi de moyens militaires par l'UE sur son territoire ou au large de celui-ci. L'UE dispose d'un socle de compétences normatives dans de nombreux domaines civils et de capacités de coordination en matière judiciaire qui lui permettent de renforcer son implication directe dans la sécurité des approches maritimes de ses côtes. ».

Cette stratégie maritime a établi un diagnostic réaliste des enjeux maritimes français et tracé de nombreuses pistes.

Il serait souhaitable que le prochaine Livre Blanc intègre plus largement cette dimension et définisse les conséquences stratégiques et capacitaires qui en résultent.

Page mise à jour le

Partager cette page