4. Les inégalités sont encore plus fortes au niveau infra-départemental

Les analyses précédentes ne suffisent pas pour identifier précisément la localisation des déserts médicaux. En effet, même un département bien pourvu en professionnels de santé par rapport à la moyenne nationale peut comporter des zones sous denses. Ainsi, les Alpes-Maritimes, qui est l'un des départements les mieux dotés en quasiment toutes les professions de santé, voient celles-ci géographiquement concentrées sur les quinze kilomètres de la bande littorale, l'arrière pays correspondant à un authentique désert médical. Il y a donc des déserts médicaux dans quasiment tous les départements.

Il convient donc de descendre à un niveau d'analyse infra-départemental. Le niveau qui semble le plus pertinent est celui des bassins de vie , définis comme les plus petits territoires au sein desquels les populations ont accès à la fois à l'emploi et aux équipements de la vie courante. Parmi ces derniers, figurent les équipements de santé : médecins, infirmiers, pharmacies, masseurs-kinésithérapeutes, dentistes, ambulances, maternités, urgences, hôpitaux de court, moyen et long séjour.

Les deux cartes ci-après, établies par le conseil national de l'Ordre des médecins sur la base de données 2011, font apparaître les différences de densité des médecins généralistes à l'échelle des bassins de vie dans les régions Bretagne et Haute-Normandie. Il en ressort clairement que la répartition territoriale de cette profession essentielle, car pivot de l'organisation des soins de premier recours, n'est absolument pas homogène à l'intérieur des limites départementales.

Densité par bassins de vie des médecins généralistes en Bretagne

Source : CNOM 2011

La région Bretagne recense 143 bassins de vie dont la densité des médecins généralistes libéraux ou d'exercice mixte se décompose de la manière suivante :

- Un bassin de vie sur deux se caractérise par une densité faible, inférieure à la moyenne ;

- 13 % des bassins de vie bretons se situent dans la moyenne de 4,2 médecins généralistes libéraux/mixtes pour 5 000 habitants ;

- 38 % des bassins de vie enregistrent une densité supérieure à la moyenne.

Le bassin de vie d'Antrain a la spécificité d'avoir la plus forte densité médicale sur son territoire (8,6 médecins généralistes libéraux/mixtes pour 5 000 habitants).

Densité par bassins de vie des médecins généralistes en Haute-Normandie

Source : CNOM 2011

La région Haute-Normandie recense 70 bassins de vie dont la densité des médecins généralistes libéraux d'exercice mixte se décompose de la manière suivante :

- 44 % ont une densité faible. Le bassin de vie d'Ezy-sur-Eure recense la plus faible densité sur son territoire (1,6 médecins généralistes libéraux/mixtes pour 5 000 habitants).

- 24 % des bassins de vie se situent dans la moyenne de 3,6 médecins généralistes libéraux/mixtes pour 5 000 habitants.

- 32 % des bassins de vie enregistrent une densité supérieure à la moyenne.

Le bassin de vie de Valmont se distingue des autres bassins de vie par une densité de 8,7 médecins généralistes libéraux/mixtes pour 5 000 habitants.

A un niveau encore plus fin que le bassin de vie, les agences régionales de santé (ARS) sont chargées de déterminer les zones de mise en oeuvre des mesures destinées à favoriser une meilleure répartition géographique des professionnels de santé prévues à l'article L. 1434-7 du code de la santé publique. Ces zones, dites « déficitaires » ou « fragiles », conditionnent le bénéfice de certains dispositifs d'aide financés par l'assurance maladie. Sur la base des règles fixées par un arrêté du 21 décembre 2011 et précisées par une instruction ministérielle du 4 janvier 2012, les ARS ont chacune développé leur méthodologie de détermination de ces zones.

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