CONCLUSION

L'Union européenne se trouve à la croisée des chemins. La crise financière qu'elle traverse l'oblige à choisir entre l'intégration ou le chaos, comme l'a diagnostiqué notre collègue Jean Arthuis dans le rapport sur la gouvernance de la zone euro qu'il a remis en mars 2012 au Premier ministre, M. François Fillon.

Ce choix fondamental pour l'Europe coïncide avec la révolution numérique : cette occasion doit être saisie pour parvenir à unifier l'Europe autour d'une vision politique de son ambition dans le monde numérique. L'Union européenne ne peut se résigner au statut de colonie dans le monde numérique. Il est urgent de réagir.

Comme l'écrit M. Pierre Bellanger 149 ( * ) , PDG du groupe Skyrock, qui a pensé la notion de souveraineté à l'ère numérique, « qu'est-ce qu'une souveraineté concrète dans un monde interdépendant ? Ici, l'objectif n'est plus, non seulement, de ne plus avoir besoin des autres nations, mais aussi que les autres nations aient besoin de soi ».

L'Union européenne doit avoir pour objectif que le monde ait besoin d'elle en matière numérique : c'est ainsi qu'elle pourra perpétuer dans le cyberespace la place historique qu'elle a conquise dans le monde physique et ainsi protéger notre liberté collective. L'Union européenne doit se mettre en ordre de bataille et devenir un terreau propice au développement de ses entreprises, pour asseoir avec elles sa souveraineté dans le monde numérique.

Le numérique offre aussi à l'Union européenne l'opportunité de faire évoluer ses institutions. À l'heure où 3,75 milliards de personnes ont un portable avec un accès à Internet et « tiennent en main le monde », comme le souligne Michel Serres, une nouvelle démocratie émerge nécessairement. La représentation politique doit être repensée.

À ce sujet, M. Stéphane Grumbach, chercheur à l'INRIA, relève l'innovation que constitue l'idée de démocratie liquide défendue par le parti pirate, dont des représentants pourraient entrer au Bundestag lors des élections législatives de septembre prochain : cette conception d'une démocratie où les citoyens s'expriment sur tout en permanence et peuvent déléguer leur vote à quelqu'un, qui peut aussi déléguer à un autre, permet d'imaginer des consultations publiques beaucoup plus précises et réactives et pourrait un jour se trouver intégrée dans le système démocratique. Le numérique offre ainsi la perspective d'un possible renouveau pour la démocratie, qui pourrait contribuer à redynamiser une démocratie européenne en quête de légitimité.


* 149 In « De la souveraineté en général et de la souveraineté numérique en particulier ».

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