LA TUNISIE : LE « CHAOS FÉCOND » ?

QUELLE APPROCHE EUROPÉENNE ?

Le premier accord de coopération entre la Tunisie et l'Union européenne remonte à 1976. La Tunisie devient, ensuite, en 1995, le premier pays de la région à signer un accord d'association avec l'Union européenne. Il s'agissait de parvenir, au 1 er janvier 2008, à la libre circulation des biens industriels entre l'Union européenne et la Tunisie, en démantelant progressivement les droits de douanes. L'accord d'association prévoyait des clauses de rendez-vous pour les produits agricoles en 2000 et en 2005, et l'ouverture de négociations pour les services en 2003.

Avec 9,5 milliards d'euros, la valeur des exportations de produits tunisiens vers l'Union européenne est supérieure en 2012 à celle de pays comme le Maroc ou l'Égypte. Les importations s`élevaient, quant à elles, à 10,2 milliards d'euros. Les flux d'investissements directs étrangers (IDE) atteignent fin 2012 quant à eux 750 millions d'euros, dont 400 millions hors énergie.

UNE AIDE FINANCIÈRE RÉVISÉE APRÈS LA RÉVOLUTION DE JASMIN

Les relations entre l'Union européenne et la Tunisie ont connu une nouvelle dynamique après la révolution de jasmin et le départ de l'ancien président Zine el-Abidine Ben Ali. Ce changement de perspective s'est traduit par une augmentation des crédits européens accordés à la Tunisie. L'aide de l'Union européenne est ainsi passée de 80 millions d'euros en 2010 à 200 millions d'euros un an plus tard, dont 40 millions d'euros au titre d'actions humanitaires. Au final, l'aide initialement accordée pour la période 2011-2013 a été quasiment doublée, passant de 240 millions d'euros à près de 400 millions d'euros.

L'enveloppe SPRING, mise en place par l'Union européenne après le printemps arabe, a été utilisée à hauteur de 130 millions d'euros. 20 millions ont été déboursés en 2011, 80 en 2012 et 30 devant être accordés début 2014. Trois autres programmes ont, en outre, été activés : l'Instrument pour la stabilité, l'Instrument européen pour la démocratie et les droits de l'Homme (IEDDH) et le programme thématique « Acteurs non étatiques ». Les financements sont allés en priorité au financement du processus électoral de 2011, au soutien aux réformes économiques et sociales et à l'appui de la société civile et à la consolidation de l'État de droit. Un programme Justice, doté de 25 millions d'euros, a également été lancé en 2012. 55 millions d'euros ont, par ailleurs, été affectés aux zones défavorisées et aux quartiers populaires. Un programme d'appui a ainsi été mis en oeuvre afin de réhabiliter une centaine de quartiers défavorisés dans les zones urbaines, soutenir les institutions de micro-finance et favoriser l'emploi. 10 millions d'euros devraient en outre permettre en 2013 à plus de 500 étudiants de bénéficier d'une bourse dans le cadre du programme Erasmus mundus . Ces crédits s'intègrent dans le cadre d'un vaste programme d'appui à l'éducation, à la formation professionnelle, l'enseignement supérieur et l'employabilité des diplômés, doté de 65 millions d'euros sur la période 2011-2017 Une cinquantaine de jumelages sont, par ailleurs, en cours.

Un appui budgétaire de 158 millions d'euros a également été mis en oeuvre en 2011-2012, 90 la première année puis 68 l'année suivante (PAR 1 et 2). Un programme PAR 3 de 65 millions d'euros est également envisagé pour la fin 2013-début 2014. Il est cependant conditionné à la mise en oeuvre de réformes politiques (droits de l'Homme, des enfants et des femmes, justice, élections, médias) mais aussi économiques (partenariat public-privé, facilitation du commerce, marchés publics et micro finance). Un programme d'appui à la gestion budgétaire par objectifs (GBO), doté de 30 millions d'euros et lancé en 2008, vient compléter ce dispositif.

La Tunisie est, par ailleurs, bénéficiaire, depuis 2009, d'un programme d'appui à l'Accord d'association et au Plan d'action voisinage de 30 millions d'euros sur cinq ans (PA3II) et d'un programme d'appui à l'accord d'association et de transition (PA3T) de 10 millions d'euros sur cinq ans.

Signataire d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) le 7 juin dernière, la Tunisie est, par ailleurs, éligible au programme d'assistance macro-financière mis en oeuvre conjointement avec l'Union européenne. Un prêt de 200 à 300 millions d'euros pourra ainsi être accordé par l'Union européenne, au sein d'une enveloppe globale de 1,75 milliard de dollars. Une première tranche de 150,2 millions de dollars a déjà été décaissée. L'octroi de la totalité du prêt est néanmoins conditionné à la maîtrise des salaires publics, à la baisse des subventions aux produits de base (notamment aux carburants) et à la restructuration du secteur bancaire.

La Banque européenne d'investissement (BEI) a, de surcroît, mobilisé 400 millions d'euros de crédit en faveur de la Tunisie en 2011 en appuyant notamment la modernisation des infrastructures routières (125 millions d'euros) et en soutenant le groupe chimique Tunisie unité (132 millions d'euros). Présente depuis 1979, la BEI est le premier bailleur de fonds extérieur de la Tunisie avec près de 4,5 milliards d'euros d'engagements cumulés. Une soixantaine de prêts ont été accordés couvrant l'énergie, les télécommunications, les infrastructures mais aussi la santé, l'éducation et l'environnement. La banque a également effectué une vingtaine de prises de participation au sein de fonds investissements en vue, notamment, de mieux appuyer les petites et moyennes entreprises. La BERD complète également ce dispositif. 30 millions d'euros ont déjà été investis. 60 à 70 millions devraient l'être d'ici la fin 2013.

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