4. Une politique qui doit s'adapter à l'ère du multimédia

En matière d'influence et de promotion culturelle comme dans d'autres domaines, il faut s'interroger en Afrique comme ailleurs sur le lien automatique entre la présence physique et l'influence. Outre qu'il est contestable sur le plan de la méthode, il n'est plus financièrement tenable. Pour repenser ce lien entre présence et influence, au moins trois voies peuvent être explorées.

La première consiste à rationaliser le dispositif en Afrique, dans une démarche classique d'ajustement, à la recherche d'une meilleure efficacité et d'une plus grande cohérence entre les objectifs et les moyens. C'est dans ce cadre qu'il faut voir s'il n'est pas plus pertinent d'allouer des moyens supplémentaires dans l'Afrique anglophone pour profiter des opportunités que présentent ces pays en prélevant sur les effectifs des pays francophones. C'est le sens des dernières mesures adoptées tout récemment par le ministère des affaires étrangères, qui va renforcer sa présence au Rwanda, en Angola et en Afrique du Sud

La deuxième consiste à mettre en oeuvre une présence internationale européenne et non plus seulement nationale, ce qui suppose une répartition des rôles voire la création de représentations communes. C'est le sens de la construction d'une politique étrangère commune, nous y reviendrons.

La troisième, enfin, consiste à agir non plus sur la présence mais sur le contenu, c'est-à-dire sur le sens, sur le type d'influence souhaité.

Souhaite-t-on plutôt opérer en réseau, avec des partenaires, dans le domaine du soft power et de l'action normative et sur un certain nombre de thèmes prioritaires préalablement définis ? Cette démarche n'est pas nécessairement moins coûteuse : elle nécessite de se doter de tous les instruments nécessaires à une politique d'influence moderne. Elle pose donc, là encore, la question de la mutualisation des moyens et de la définition d'objectifs éventuellement communs.

La politique française en matière d'audiovisuel extérieur, ambitieuse, avec, entre autres, la chaîne de Radio France International, les chaînes de télévision TV5 Monde et France 24 constituent de ce point de vue des outils précieux qu'il convient de soutenir, notamment dans la phase d'implémentation de la TNT en Afrique, quitte à l'ouvrir plus largement à des partenaires francophones ou européens.

De même, en matière d'éducation, l'accès à des plateformes multimédia apparaît comme un enjeu essentiel. Les cours en ligne ouverts et massifs ("MOOC" en anglais ou "CLOM" en français), dispensés gratuitement sur Internet par les meilleurs établissements et mis à la disposition de toute personne, vont révolutionner la transmission des savoirs, notamment dans les pays d'Afrique qui sont de plus en plus connectés mais qui n`ont pas encore un système d'enseignement supérieur performant. Il y a là un enjeu majeur pour la Francophonie.

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