E. RELANCER LES DISPOSITIFS DE CAPITAL INVESTISSEMENT DANS LES PME

En Afrique, l'essor considérable du capital investissement n'a pas pleinement bénéficié aux PME. Les fonds internationaux ou continentaux se sont centrés pour l'essentiel sur les secteurs des télécommunications, des grandes infrastructures et, pour l'essentiel, dans l'énergie et se sont dirigés vers les pays les plus mûrs, au nord du continent et en Afrique du Sud.

Le phénomène est encore plus marqué pour les PME de petite taille employant moins de 100 salariés. Il est démultiplié dès qu'il s'agit des start up, ou des jeunes entreprises de moins de cinq ans dont le rôle dans le dynamisme économique est pourtant fondamental.

Comme l'a souligné devant le groupe de travail Jean-Michel Severino « Ce sont sur ces PME que le développement va se concentrer : elles sont l'avenir du moteur de croissance africain, son dispositif d'allumage central. Pourtant, elles sont totalement délaissées. »

Trop d'institutions financières publiques soutenant le secteur privé continuent à avoir des exigences financières excessives vis-à-vis de ces petites entreprises.

À l'image de la création du Fonds d'investissement et de soutien aux entreprises en Afrique (FISEA) par l'Agence française de développement, il est important que les institutions bilatérales ou multilatérales de financement du secteur privé structurent des compartiments « d'investissements patients », qui puissent bénéficier au social business en général et aux PME en particulier.

C'est pourquoi le Groupe de travail propose de redynamiser cet instrument qui a été sous-utilisé.

52) Relancer les dispositifs de capital investissement dans les pme, notamment en redynamisant le Fonds d'investissement et de soutien aux entreprises en Afrique (FISEA).

F. CRÉER UNE ALLIANCE AVEC LES PAYS AFRICAINS EN VUE DES PROCHAINES NÉGOCIATIONS SUR LE CLIMAT

L'accès à l'énergie durable est un levier essentiel de la croissance verte en Afrique qui dispose de ressources en énergies locales et renouvelables considérables (hydroélectricité, géothermie, énergie solaire ou éolienne, biomasse) qui pourraient lui permettre d'assurer les moyens de son développement. Les sujets liés à l'adaptation au changement climatique sont, par ailleurs, au coeur des préoccupations africaines, notamment liées à l'agriculture, la désertification et les forêts.

De son côté, l'action de la France dans le domaine énergie-développement s'inscrit dans le cadre de stratégies globales de lutte contre la pauvreté, de promotion de la croissance verte et de protection des biens publics mondiaux.

Comme la souligné le dernier CICID : « La politique de développement de la France s'inscrit dans un nouveau cadre, qui associe lutte contre la pauvreté et développement durable dans ses trois composantes : économique, sociale et environnementale »

Cette aide est étroitement liée à notre action contre le changement climatique et ses effets. Depuis 2007, sur les 8,8 milliards d'euros mobilisés par le groupe AFD (AFD + Proparco) sur la thématique énergie, l'énergie durable (énergies renouvelables et efficacité énergétique) est le volet qui a connu la plus forte croissance, avec au total plus de 4,4 milliards d'euros engagés.

Plus spécifiquement sur l'énergie renouvelable, les projets financés par l'AFD portent sur les différentes filières : hydroélectricité, éolien, géothermie, bioénergie, et, depuis 2011, solaire. Le total des engagements du groupe sur les six dernières années dans le domaine des énergies renouvelables est de 2,8 milliards d'euros.

Le Fonds Français pour l'Environnement Mondial a également fait de l'énergie durable en Afrique une priorité pour 2013-2014 et consacrera 5 M€ de subvention en cofinancement au développement de projets innovants, notamment d'accès à l'énergie.

Pour renforcer notre participation à l'Initiative « Accès à l'énergie durable pour tous », SE4All, du Secrétaire général des Nations unies, la France, via le ministère des affaires étrangères et l'AFD, a également mobilisé pour l'année 2013 une contribution spécifique d'assistance technique spécifiquement orientée vers l'Afrique subsaharienne.

L'aide au développement française en faveur des énergies renouvelables et de la croissance verte en Afrique se développe également à travers l'Union européenne qui est aujourd'hui l'un des principaux bailleurs du secteur de l'énergie. L'AFD participe au financement de nombreux projets nationaux et régionaux en Afrique en partenariat avec l'Union européenne. Elle apporte ainsi un soutien important au développement d'interconnexions et de lignes de transports de l'électricité dans le cadre du pool énergétique régional d'Afrique de l'Ouest, a développé des projets de lignes de crédits « efficacité énergétique » et « énergies renouvelables » destinées aux banques locales en Afrique de l'Est, etc.

Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'Afrique est le continent le plus vulnérable au changement climatique. Les pays africains, représentant plus du quart des pays dans le monde, n'ont, comparativement à d'autres Parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), pas une implication très forte dans les négociations. Sous l'impulsion de l'Union africaine, notamment, les pays africains ont récemment tenté d'apparaître unis en adoptant des positions africaines communes.

Les positions de l'UE et de l'Afrique sont assez proches (niveau d'ambition élevé, accord juridiquement contraignant applicable à tous, importance de l'adaptation au changement climatique, soutien aux financements innovants etc.), ce qui s'est traduit par un rapprochement à Copenhague en 2009 ou à Durban en 2011.

Parmi les pays les plus actifs du continent figurent l'Algérie, le Congo, l'Éthiopie, l'Egypte, le Kenya, le Mali, Maurice, le Mozambique, le Nigeria et l'Ouganda. L'Afrique du Sud parvient également à faire entendre sa voix lors des négociations, à la fois en tant que pays du Groupe Afrique et en tant que pays émergent membre du BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine).

La Francophonie est un vecteur intéressant pour mobiliser les Parties africaines francophones, via l'Institut de la francophonie pour le développement durable (IFDD). Le programme NECTAR (Négociations climat pour toute l'Afrique réussies) permet notamment la publication de documents clefs tels que des guides des négociations, des résumés à l'intention des décideurs ou encore des notes de décryptage.

Dans ce contexte, la France hébergera la conférence de 2015. L'objectif est de parvenir à l'adoption d'un nouvel accord ambitieux et applicable à tous. Il permettra ainsi de soumettre tous les émetteurs de gaz à effet de serre à des objectifs de réduction de leurs émissions à partir de 2020 et de limiter à 2°C l'augmentation des températures mondiales d'ici 2100, évitant ainsi de graves dérèglements.

La France partage avec le Groupe Afrique la même volonté de relever le niveau d'ambition de la communauté internationale pour lutter plus efficacement contre le changement climatique. L'alliance qui s'est nouée en 2011 lors de la conférence de Durban entre l'Union européenne, le Groupe Afrique, les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires a été déterminante pour parvenir à un accord visant à l'élaboration d'un nouveau régime international sur le climat. Il apparaît désormais nécessaire de réactiver cette alliance et de continuer à entretenir des relations approfondies avec nos partenaires africains, afin de faire de la COP21 un succès.

D'ici 2015, diverses occasions pourraient être mises à profit pour contribuer à l'obtention d'un accord ambitieux à Paris.

Le Sommet de l'Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique sera une échéance clef. Une partie de l'ordre du jour de ce sommet sera en effet consacrée au changement climatique.

53) Créer une alliance avec les pays africains en vue des prochaines négociations sur le climat.

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