2. La Turquie lorgne sur l'Afrique.

Engagées depuis 1998 avec «la stratégie d'ouverture vers l'Afrique», les relations de la Turquie avec le continent noir ne cessent de se développer. Business, diplomatie et, plus inattendue, influence culturelle, servent de socle à sa quête stratégique de nouveaux marchés et d'alliés potentiels.

La dernière tournée diplomatique effectuée par le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, entre le 6 et le 11 janvier 2013, a été consacrée à l'Afrique de l'Ouest, avec trois pays visités : le Gabon, le Niger et le Sénégal, tous trois francophones.

A cette occasion, le Premier ministre turc a annoncé vouloir plus que doubler les échanges de son pays avec l'Afrique d'ici 2015, en les portant de près de dix-huit milliards de dollars fin 2012 à quelque cinquante milliards dans trois ans. Une accélération exponentielle des échanges commerciaux avec les partenaires africains entamée en 2002, époque où ils ne représentaient que deux 2 milliards de dollars.

A l'instar de la Chine, de l'Inde et du Brésil, la Turquie, qui a rapidement mais plus discrètement développé ses liens avec l'Afrique, poursuit allègrement son implantation et devient désormais un acteur incontournable.

C'est sous l'impulsion du Premier ministre Erdogan et de son Parti de la justice et du développement (AKP) qu'a été organisé, en 2008, le premier sommet de la Coopération Turquie-Afrique à Istanbul, auquel ont participé 50 pays. Dans le cadre de la rénovation de la politique étrangère turque, l'Afrique semble désormais être un allié fondamental pour aider la Turquie à s'affirmer sur la scène internationale.

Dans un tel processus, la dimension religieuse est particulièrement mise en valeur, la Turquie se positionnant en tant qu'héritière de l'Empire Ottoman pour utiliser son prestige auprès des musulmans d'Afrique. D'ailleurs, c'est dans cet élan que le bureau de coordination du programme en Afrique de l'Agence turque pour la coopération et le développement internationaux (TIKA) a d'abord été inauguré à Addis-Abeba en 2005 et, plus tard, à Khartoum et à Dakar en 2006 et 2007 respectivement.

Parallèlement, la Turquie multiplie le nombre de ses représentations diplomatiques. La dernière ambassade vient d'être inaugurée au Gabon, à l'occasion de la visite de M. Erdogan, début janvier 2013. Elle fait partie des 19 ambassades et consulats turcs mis en place en Afrique depuis 2009. La Turquie doit encore ouvrir trois nouvelles ambassades en Afrique dans les prochains mois, ce qui portera le total sur le continent à 34.

Signe de cette volonté d'ouverture sur l'Afrique, la compagnie aérienne Turkish Airlines, détenue à 49 % par l'Etat, a rapidement étendu son réseau africain au cours des dernières années. Avec l'ouverture récente de nouvelles lignes à Nouakchott, à Abidjan et les liaisons vers le Burkina Faso, le Cameroun et le Niger en décembre 2013, cette compagnie dessert désormais 18 pays africains avec 33 destinations au total.

Par ailleurs, de 20 à 30 % moins coûteux que les produits européens, le made in Turkey (matériaux de construction, agroalimentaire, ingénierie, machinerie, textile, prêt-à-porter, équipement médical, technologies de l'information, produits d'hygiène personnelle et de nettoyage, ou encore bijouterie) jouit auprès du consommateur africain d'une meilleure réputation que son concurrent chinois.

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