IV. L'IMPACT SUR LE MARCHÉ EUROPÉEN DE L'ÉLECTRICITÉ

A. DES EFFETS SENSIBLES AU-DELÀ DES FRONTIÈRES DE L'ALLEMAGNE

1. Une intensification des flux d'électricité transfrontaliers

En effet, ses effets se font sentir au-delà des frontières de l'Allemagne. Pendant les périodes ventées ou ensoleillées, de l'électricité « fatale » surabondante est exportée, tandis que les centrales des pays limitrophes prennent le relais quand les conditions climatiques sont défavorables, les centrales de semi-base allemandes n'étant pas suffisantes pour assurer le suivi de charge. Ces flux peuvent s'inverser plusieurs fois par jour et engendrent des congestions sur les lignes de grand transport européen, y compris sur les réseaux nationaux des pays voisins. Souvenons-nous que le 4 novembre 2006, un incident sur une ligne du Nord de l'Allemagne, alors que les éoliennes fonctionnaient à plein régime, avait entraîné un black-out général en Europe, heureusement rapidement maîtrisé.

2. Une baisse générale des prix de marché en Europe

Par ailleurs, le développement d'énergies renouvelables rémunérées via des tarifs d'achat fait baisser le prix moyen du MWh sur le marché allemand, et par répercussion sur le marché européen de l'électricité. L'intermittence de ces formes d'énergie peut même générer des prix négatifs, dus au fait que leur production est prioritaire sur le réseau : il peut alors être plus rentable pour un producteur d'électricité de payer ses clients pour qu'ils consomment, plutôt que de supporter les coûts d'arrêt et de redémarrage de ses centrales thermiques, ainsi que de leur usure prématurée.

B. LES CONSÉQUENCES : UN RISQUE SYSTÉMIQUE

1. Une perte de rentabilité des centrales de semi-base et de pointe

Les conséquences de ces évolutions font courir un risque systémique au marché européen de l'électricité. Les centrales de semi-base et de pointe fonctionnant au gaz principalement, mais aussi au charbon, perdent en rentabilité en raison de la conjonction de prix de marché plus bas, de plus faibles durées d'appel et de la hausse des prix du gaz.

2. Un risque pour la sécurité d'approvisionnement électrique

De ce fait, un problème de sous-investissement dans ces moyens de production servant de recours pour assurer l'équilibre entre l'offre et la demande en toutes circonstances est apparu en Allemagne, qui s'étend aux autres pays européens, dont la France.

C. LA NÉCESSITÉ DE COORDONNER LES TRANSITIONS ÉNERGÉTIQUES NATIONALES

1. Le rôle de la Commission européenne

Il apparaît donc nécessaire que les pays européens coordonnent leurs transitions énergétiques nationales. Pour cela, la Commission européenne a sans doute un rôle à jouer. Celle-ci s'est jusqu'à présent attachée surtout à l'ouverture à la concurrence des marchés de l'électricité.

2. La création d'un marché de capacités européen

Elle admet aujourd'hui la nécessité d'harmoniser les régimes d'aides au développement des énergies renouvelables, mais demeure réticente à la mise en place de mécanismes de capacités de pointe, qu'elle assimile à une forme d'aides d'État.

3. Le développement des interconnexions entre pays européens

Enfin, la Commission européenne plaide pour le développement des interconnexions entre pays européens qui permettront, par un effet de « foisonnement », d'écouler en toutes circonstances la production d'électricité à partir d'énergies renouvelables.

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