C. LES LOCAUX DE CONSERVATION : UNE SITUATION CONTRASTÉE SOURCE D'INQUIÉTUDE

La question des infrastructures de stockage est absolument cruciale pour le SHD, car leurs caractéristiques conditionnent la bonne conservation des archives.

Le parc immobilier mis à la disposition du SHD est particulièrement divers et éclaté. La multiplicité des implantations constitue un facteur de complexité, de même que l'environnement de certains des bâtiments, en particuliers ceux situés dans des ports militaires.

Le SHD dispose de deux types de bâtiments pour la conservation des fonds qui lui confiés : ceux construits à cette fin ou ayant été totalement réaménagés et ceux dont ce n'est pas la fonction initiale et qui restent peu adaptés.

Les premiers demeurent largement minoritaires et ne sont souvent pas conformes aux normes récentes, malgré les investissements consentis.

Des bâtiments adaptés ont été construits dans les années 1980, à Pau, à Lorient et au Blanc.

Plus récemment, des bâtiments existants ont été aménagés. C'est le cas d'un ancien parking sur la base militaire du fort Neuf à Vincennes, ainsi que d'une partie de l'ancienne manufacture d'armes de Châtellerault.

En 2012, le SHD a bénéficié :

- d'un bâtiment neuf, inauguré dans l'enceinte de l'arsenal de Toulon, offrant une capacité de 14 kilomètres linéaires (dont 5 kilomètres ont été immédiatement occupés par des documents en provenance des dépôts existants qui présentaient des conditions de conservations particulièrement précaires) ;

- de la rénovation et de l'aménagement de deux bâtiments de la caserne de Lorge-Haut à Caen, afin d'accueillir notamment les dossiers d'anciens combattants en cours d'entrée au SHD et stockés provisoirement chez un prestataire et au quartier Gallieni de Maisons-Laffitte ;

- de l'aménagement d'un bâtiment annexe au Blanc, afin de faire face aux besoins massifs de versements des unités de gendarmerie ;

- de travaux de mise aux normes de nouveaux magasins d'archives à Châtellerault.

Il faut relever que la plupart de ces locaux, même construits ou rénovés dans les règles à une date donnée, ne respectent pas les normes actuelles de conservation, qui ont connu d'importantes évolutions.

L'ensemble de ces chantiers n'offrent au SHD qu'environ 160 kilomètres linéaires de bâtiments d'archives adaptés à cet usage.

En conséquence, « une majorité des locaux de conservation se trouve, aujourd'hui encore, dans des bâtiments peu adaptés : anciennes casernes (Pau, Caen), anciens bâtiments maritimes (Brest, Rochefort, Cherbourg), anciennes casemates (Fort de l'est), hangars industriels (Châtellerault). La situation de ces nombreuses implantations se caractérise par une grande diversité dont le cas du château de Vincennes, où les fonds et collections sont conservés dans neuf bâtiments, pavillons royaux louis-quatorziens ou oeuvres de l'architecture militaire du XIX e siècle, représente un cas d'école . 5 ( * ) »

Sommairement aménagés pour recevoir des archives, ces bâtiments restent souvent vétustes et offrent des conditions de conservation médiocres, voire préoccupantes.

En raison de l'arrivée constante de nouvelles archives, qui devrait connaître un pic avec le déménagement de nombreux services du ministère de la défense vers le site de Balard, le recours par le SHD à des locaux inadaptés tend à s'accroître. Certains sites, dont les capacités arrivent à saturation, sont en effet contraints de délocaliser une partie de leurs fonds vers d'autres implantations militaires disposant de locaux inoccupés.

Il en va ainsi, par exemple, du site de Vincennes, qui a recours aux casemates du Fort de l'Est à Saint-Denis, comme du CAPM, dont une partie des archives est stockée dans un bâtiment annexe de l'école des troupes aéroportées (ETAP) de Pau. La caserne Bernadotte elle-même, site de stockage principal du CAPM, offre des conditions de stockage insatisfaisantes, malgré des travaux d'amélioration de la sécurité incendie. La construction d'un bâtiment dédié, offrant 20 kilomètres linéaires de stockage, est prévue. Les travaux devraient commencer en 2014 et s'achever en 2016.

À la dispersion des lieux de stockage sur le territoire métropolitain, héritage de l'histoire du SHD, s'ajoute ainsi une dispersion locale des fonds conservés qui rend plus difficile leur exploitation et leur communication au public.

Ces palliatifs atteignent leurs limites. Le CAPM de Pau ainsi que le site de Brest risquent, à court terme, de ne plus pouvoir répondre aux besoins de versement des services.

Il convient de souligner que le maintien d'archives dans des bâtiments inadaptés entraînent, en plus d'une dégradation accélérée des fonds, des coûts non négligeables (dépoussiérages et désinfections plus fréquents, mesures conservatoires d'urgence, restaurations plus nombreuses et plus lourdes).

On relèvera aussi la dégradation du service rendu aux usagers. Le CHA à Vincennes répartit ses archives dans 19 bâtiments implantés sur cinq sites. L'équipe de magasiniers, aux effectifs restreints, notamment en raison de difficultés de recrutement du fait de la pénibilité du travail, assure l'identification des documents dans les magasins, leur regroupement et leur mise à disposition des usagers en salle de lecture. Ces contraintes humaines et immobilières expliquent l'importance des délais d'attente et de réservation, de trois semaines actuellement à Vincennes, ainsi que le quota de cinq articles par usager et par jour actuellement imposés aux lecteurs.


* 5 Damien Richard, « La conservation au Service historique de la défense », Revue historique des armées , 269, 2012, p. 115-120.

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