B. L'IMPACT RELATIF DES SANCTIONS SUR L'IRAN

1. Une économie particulièrement résiliente

L 'impact des sanctions est significatif puisque, d'après le Fonds monétaire international (FMI), la croissance est négative en 2012 et, de façon moins prononcée, en 2013 (- 5,8 % puis - 1,7 %) et devrait revenir à + 1,5 % en 2014 .

Dans ce contexte, le taux de chômage n'a pas manqué d'évoluer à la hausse, passant de 12,2 % de la population active en 2012 à 13,2 % en 2014.

Selon la direction générale du Trésor, la diminution des exportations de pétrole brut et celle du prix moyen du baril exporté par l'Iran ont affecté à la fois les comptes publics 18 ( * ) et les comptes extérieurs 19 ( * ) .

D'après le président de l'organisation iranienne des affaires fiscales, les impôts payés en 2013 seraient en augmentation de 45 % par rapport à l'année précédente. Une telle augmentation doit être rapprochée du fait que 60 % des secteurs économiques du pays ne payent pas d'impôts, car 40 % des activités économiques sont exemptées d'impôt et qu'on estime l'évasion fiscale à au moins 20 % de la richesse produite.

L'économie iranienne depuis 2009

2009/10

2010/11

2011/12

2012/13

2013/14

2014/15*

PIB (Md$)

360,6

419,1

541,1

554,1

366,1

408,8

Population (M hab.)

73,2

74,3

75,2

76,1

77,1

78,1

PIB / Habitant ($)

4927

5638

7195

7281

4748

5235

Évolution du PIB

3,9%

5,9%

3%

-5,8%

-1,7%

1,5%

Taux de chômage

11,9%

13,5%

12,3%

12,2%

12,9%

14%

Inflation

10,8%

12,4%

21,5%

30,5%

35,2%

23%

Solde public / PIB

0,9%

3%

-1,4%

-2%

-2,2%

-2,5%

Dette publique / PIB

8,9%

11,3%

9,8%

8,2%

6%

8,8%

Production pétrole

(M b/j)

3,73

3,69

3,54

2,8

2,52

2,38

Prix moyen du baril ($)

66,2

80,2

102,2

99,2

95,3

100 20 ( * )

Exportations de pétrole (M b/j)

2,09

2,04

2,14

1,3

1

0,85

Balance courante (Mds $)

9,5

27,3

59,4

26,3

29,2

20,4

Solde courant / PIB

2,6%

6,5%

11%

6,6%

8%

5%

Balance des paiements (Mds $)

-7,3

0,9

21,44

12,21

3,28

2,44

Avoirs en devises (Mds $)

78

70,8

92,2

104,4

107,7

110,1

Source : FMI

* : Prévision

N.B. :

- les écarts entre les variations du PIB nominal et l'évolution du PIB en pourcentage s'expliquent par la perte de valeur de la monnaie nationale iranienne, le rial ;

- le calendrier iranien est en décalage par rapport au calendrier grégorien. L'année commence avec l'équinoxe de printemps, ce qui correspond en général au 21 mars, et les mois sont à peu près calés sur le découpage zodiacal de l'année. Les mois prennent d'ailleurs en Iran des noms issus de concepts zoroastriens.

Toutefois, ces chiffres ne montrent pas une récession brutale, l'Iran ne traverse pas une grave crise économique.

L' économie iranienne , bien qu'affaiblie, est loin de s'effondrer : elle fait preuve d' une résilience remarquable . Il est sûr que la situation économique et politique de l'Iran est différente de ce qui est montré dans les médias occidentaux. L'Iran n'est pas le pays épuisé présenté par certains.

À Tabriz , ville dynamique, votre délégation a visité des entreprises particulièrement compétitives, performantes et modernes . L'automatisation de plusieurs chaînes de production, visible dans des usines de secteurs différents, est impressionnante.

Les Iraniens, ayant l'expérience d'une économie de guerre dès les années 1980, ont donc su trouver des moyens adéquats pour leur production et leurs activités, en dépit de conditions difficiles et du poids des sanctions internationales. Leur plan d'économie de résistance adopté à la fin de l'année 2013 précise : « comptons sur nos propres forces ».

2. Des signes tangibles de reprise de l'activité économique en 2014

De manière très récente, une amélioration de la situation en matière d'inflation est notable (autour de 20 % en 2014 après deux années à plus de 30 %) du fait d'une relative appréciation de la monnaie iranienne, le rial. Une telle inflation reste cependant élevée et n'a pas d'équivalent au Moyen-Orient, sinon en Syrie. L'inflation moyenne des pays de la zone est en effet évaluée à 13,6 % en 2013.

Des signes de reprise de la production industrielle sont, de plus, perceptibles, sans doute en lien avec l'allègement des sanctions : la production de véhicules automobiles est supérieure de 70 % en avril 2014 par rapport à son niveau d'avril 2013.

La performance économique et financière de l'année 2014 est cependant largement déterminée par l'issue de la négociation sur le dossier nucléaire .

Selon la direction générale du Trésor, les scénarios qui ont été élaborés à ce stade, que ce soit par l'administration iranienne ou par la Banque centrale d'Iran (BCI) supposent qu'un règlement négocié du dossier nucléaire intervienne avant la fin de l'année 2014.

En effet, les objectifs affichés en matière de croissance (soit 1,5 % à 3,4 % suivant les sources) n'ont une chance d'être approchés et, plus encore, atteints que si tel est le cas .

Ensuite, l'échec de la négociation en cours et la rupture qui s'ensuivrait entre l'Iran et la communauté internationale ne sont probablement pas compatibles avec la maîtrise progressive de l'inflation . L'objectif étant de conforter la tendance baissière qui prévaut depuis la fin du mois de juin 2013 et de ramener l'inflation moyenne d'un peu plus de 35 % en 2013 à 23 % en 2014, il ne peut être atteint que si la parité rial/dollar et l'écart séparant le marché parallèle du marché officiel reste stable. Tel ne serait évidemment pas le cas si les espoirs provoqués par l'accord intérimaire étaient déçus et les anticipations positives qu'il a provoquées (que ce soit en Iran ou hors d'Iran) « cassées ».

En outre, le redressement des comptes extérieurs et, plus encore, celui des comptes publics supposent que les exportations de pétrole puissent retrouver un niveau normal , c'est-à-dire que les sanctions mises en place depuis le milieu des années 2000, notamment par les États-Unis et l'Union européenne, soient levées, ceci n'est envisageable que si la négociation en cours ne débouche pas sur un échec.


* 18 La situation des comptes publics s'est sensiblement dégradée depuis la fin des années 2000. Alors qu'ils dégageaient un excédent voisin de 3 % en 2010, les comptes publics auraient accusé un déficit compris entre 2 % et 2,5 % du PIB en 2013. Encore ne s'agit-il que d'un chiffre provisoire.

* 19 Si réelle qu'elle soit, la dégradation des comptes extérieurs est à la fois relative et gérable, d'abord parce que l'excédent de la balance courante (estimé à 29 milliards de dollars) et celui de la balance des paiements (évalué à 3,3 milliards de dollars) restent confortables, même si les chiffres qui circulent à cet égard ne sont pas stabilisés ; ensuite parce que les avoirs en devises de la Banque Centrale d'Iran étaient évalués à un peu plus de 104 milliards de dollars (soit 17 mois d'importations de biens et services) à la fin du mois de mars 2013 ; enfin parce que le montant de la dette extérieure ne représente que 2 % du PIB.

* 20 Hypothèse retenue dans le cadre du projet de budget 2014/2015.

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