B. L'ASEAN EST UN PARTENAIRE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE À LA « MESURE » ET À LA « PORTÉE » DE LA FRANCE, À NE PAS SOUS-ESTIMER

1. Globalement, une région excédentaire en 2013 pour le commerce extérieur français

Les échanges commerciaux entre la France et l'ASEAN sont globalement excédentaires, ce qui mérite d'être relevé. Globalement, l'excédent français sur la zone est de 2 milliards d'euros en 2013 . Même si historiquement, nos échanges sont déficitaires, en moyenne de 1,7 milliard d'euros sur la période 2003-2012.

Au total, les échanges commerciaux entre la France et l'ASEAN se sont élevés en 2013 à 26,7 milliards d'euros (hors matériel militaire).

Les exportations françaises, 14,3 milliards d'euros en 2013 (+1,9%) croissent en moyenne de 11% depuis 2003 (et de 22% en moyenne en matière aéronautique). La part de l'aéronautique est essentielle puisqu'en 2012 par exemple, année exceptionnelle à cet égard, les exportations aéronautiques vers Singapour ou la Malaisie ont pu représenter des montants de respectivement 2 et 1,4 milliard d'euros.

Aux excédents commerciaux traditionnellement dégagés vis-à-vis de Singapour (2,3 milliards d'euros en 2013), des Philippines (1 milliard d'euros), de la Birmanie (28 millions d'euros) et de Brunei (9 millions d'euros) s'ajoutent désormais la Malaisie (647 millions d'euros), la Thaïlande (217 millions d'euros) et le Laos (12,5 millions d'euros). Le solde commercial vis-à-vis de l'Indonésie est très légèrement excédentaire (51 millions d'euros) tandis que le déficit à l'égard du Vietnam est stable (à 2,1 milliards d'euros).

SOLDE COMMERCIAL PAR PAYS (MILLIONS D'EUROS)

2012

2013

évolution

Singapour

1 292

2 318

ASEAN

-96

1 995

Philippines

506

1 031

Malaisie

726

647

Thaïlande

-29

217

Indonésie

-403

51

Myanmar

13

28

Laos

17

12,5

Brunei

11,7

9,4

Cambodge

-143

-234

Vietnam

-2 088

-2 084

Source : Entretien avec la Direction générale du Trésor

2. Politiquement, un partenaire désormais incontournable
a) Une priorité conforme à l'échelle verticale de la puissance : le ciblage diplomatique sur les « proto émergents »

Cela a déjà été dit, notre diplomatie, reflet d'un pays qui se veut « un grand parlant à des grands » a traditionnellement sous-estimé les pays d'Asie du Sud-Est, au profit, dans la région, de l'Inde, de la Chine et du Japon.

Peu intégrée, sujette à des jeux de puissance et à des influences extérieures l'Asie du Sud-Est a donc été longtemps négligée.

Cette tendance est en train de se retourner de façon spectaculaire.

La diplomatie française a affirmé en 2012 avec conviction et talent son nouveau ciblage sur les « néo-émergents », ou « proto-émergents ».

Laurent Fabius déclarait ainsi lors de la Conférence des ambassadeurs en 2012 : « Au-delà des pays émergents de première ligne qui connaissent des taux de croissance élevés, nous accorderons une attention forte aux « nouveaux émergents » d'Amérique latine, d'Asie, d'Afrique et du Moyen-Orient. Il s'agit notamment de l'Afrique du Sud, de l'Indonésie , du Viêt-Nam , de la Colombie, du Mexique, de la Turquie et de quelques autres, de l'Australie d'une autre façon - je ne dresse pas de palmarès -, qui sont en train de rejoindre « la classe moyenne mondiale » et constituent autant de perspectives et de marchés nouveaux. »

Ce ciblage est pertinent ; il a le mérite d'ouvrir de nouvelles opportunités et de s'adapter à une certaine nouvelle échelle de la puissance, puissance économique mais aussi démographique. La Malaisie et la France, par exemple, sont « comparables » en termes de puissance démographique.

Pour autant, ces pays ont trop tendance à être vus aujourd'hui comme de nouveaux eldorados : après les avoir longtemps ignorés, il convient de ne pas sous-estimer aujourd'hui tant la concurrence auprès d'États particulièrement courtisés que la difficulté à y faire des affaires.

b) Un jeu désormais plus ouvert dans le cadre de la « nouvelle politique des blocs »

La « nouvelle bipolarité » du monde entre la Chine et les États-Unis décrite ci-dessus, supposée ou réelle, a en tous cas ouvert un espace nouveau pour un pays indépendant comme la France, « allié mais non aligné », suivant la formule consacrée.

Pour les États qui cherchent un équilibre dynamique entre leurs différents jeux d'alliances, un partenariat avec la France permet de sortir du face à face qui gouverne le monde.

N'y a-t-il pas aujourd'hui par exemple une opportunité au Vietnam, dans le cadre d'un rejet populaire des investissements chinois ?

Pour toutes ces raisons, il y a un « moment » à saisir pour notre pays pour reprendre pied en Asie du Sud-Est.

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