Première table ronde - l'engagement des femmes en politique - l'accès aux mandats et aux responsabilités : une course d'obstacles ?

Table ronde animée par Roselyne Bachelot-Narquin,
chroniqueuse - éditorialiste, ancienne ministre,
auteure de La petite fille de la V e (2015)

Intervenants :

Jean-Marc Germain, député des Hauts-de-Seine
(groupe socialiste, républicain et citoyen)

Chantal Jouanno, sénatrice de Paris (groupe UDI-UC), ancienne ministre

Marie-Pierre Monier, sénatrice de la Drôme
(groupe socialiste), maire de Vinsobres

Marie-Françoise Perol-Dumont, sénatrice de la Haute-Vienne (groupe socialiste), ancienne présidente du conseil général de la Haute-Vienne, députée honoraire

Frédérique Puissat, maire de Château-Bernard, vice-présidente
de la Communauté de communes du Trièves, première vice-présidente
de l'Assemblée départementale de l'Isère (groupe UMP-Divers droite)

Bornia Tarall, conseillère municipale de Strasbourg (groupe Strasbourg à vos côtés, UMP-MODEM et société civile), conseillère eurométropolitaine de Strasbourg, présidente des Marianne de la Diversité

Roselyne Bachelot-Narquin, chroniqueuse-éditorialiste, ancienne ministre, auteure de La petite fille de la V e

Nous voici donc réunis pour évoquer l'accès des femmes aux mandats et fonctions et pour examiner ensemble les difficultés qui se dressent sur la route des femmes élues.

Cinq femmes et un homme participent à cette table ronde. Je remercie tout particulièrement Jean-Marc Germain d'avoir accepté de se retrouver dans la situation dans laquelle je me suis si souvent trouvée dans ma carrière politique, lorsque j'étais la seule femme dans un phalanstère d'hommes !

Nos intervenants sont de sensibilités politiques et d'origines géographiques différentes. Ils exercent des mandats très divers. Certains d'entre eux ont suivi des carrières classiques d'élus que je qualifierais de bottom-up et, comme moi, ont commencé par de « petits » mandats locaux avant d'arriver à des carrières plus prestigieuses. D'autres, comme Chantal Jouanno ou Jean-Marc Germain, ont suivi une carrière dans la haute fonction publique pour finalement se confronter au suffrage universel.

Je souhaite que notre débat soit le plus vivant possible et très marqué par les expériences personnelles, ainsi que vous l'avez souhaité, chère Chantal. Pour aller plus loin que la définition des problèmes auxquels ils ont été confrontés, j'invite nos intervenants à nous faire part des aides et des complicités qu'ils ont rencontrées au long de leur parcours, afin que nous puissions tirer de ces échanges une « boîte à outils » pour celles qui souhaitent s'engager et progresser en politique.

Je m'adresserai d'abord à Marie-Françoise Perol-Dumont. J'observe de nombreuses similarités dans nos parcours respectifs. J'ai réalisé ma première campagne électorale comme conseillère municipale en 1977, l'année même où vous êtes devenue conseillère municipale. Vous avez exercé comme moi presque tous les mandats électifs, pendant quatre décennies, à cette différence près que je n'ai pas été sénatrice et que vous n'avez pas siégé au Parlement européen. J'ajoute que vous étiez à l'origine professeure de collège et que vous êtes Colonel de la Gendarmerie dans la réserve citoyenne. Peut-être devrions-nous d'ailleurs vous appeler Colonel ? Vous avez été conseillère générale, présidente d'un Conseil général, conseillère régionale.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées, en tant que femme, dans l'exercice de ces mandats ? Quelles règles vous étiez-vous fixées ? Avez-vous observé des évolutions dans la perception des femmes en politique ? Plus généralement, comment avez-vous traversé ces quarante années de vie politique ?

Marie-Françoise Perol-Dumont, sénatrice de la Haute-Vienne (groupe socialiste), ancienne présidente du conseil général de la Haute-Vienne, députée honoraire

J'ai traversé ces années avec bonheur ; le bonheur que procurent les mandats qui permettent une émulation intellectuelle permanente, mais ce fut également une course d'obstacles que nous connaissons tous !

Parler de soi est un exercice un peu compliqué, mais c'est nécessaire, parce que cela peut servir d'exemple aux autres.

Je suis un pur produit de la méritocratie républicaine au plan professionnel, et de la méritocratie politique ou élective au plan de mon action de femme publique. Pendant longtemps, je ne me suis pas rendu compte de la difficulté que cela pouvait représenter, de conduire une vie politique en étant une femme : un peu comme le marathonien qui ne mesure pas l'effort qu'il accomplit avant que la course ne soit achevée.

Puis vient un moment où « l'on se pose ». Et c'est en posant un regard sur l'ensemble de mon parcours que je me suis demandé comment j'avais pu traverser tout cela. J'ai réalisé tout le travail, toute la résilience, toute la conviction et tout l'humour il avait fallu pour résister. Une vie politique est en effet un chemin fort escarpé quand on est une femme, aujourd'hui encore dans notre pays.

Je reprendrai pour ma part le slogan des suffragettes américaines : « Aux hommes, tous leurs droits, rien de plus ; aux femmes, tous leurs droits, rien de moins ». Être femme n'est ni un handicap ni un atout, mais un état de fait. Le chemin d'une femme en politique ne devrait pas être une telle course d'obstacles. Or force est de constater que c'est bien le cas.

Je l'ai réalisé assez tardivement, l'an dernier, quand j'ai annoncé que je serais candidate à l'investiture au Sénat et que je ne briguerais pas de nouveau mandat à la présidence du conseil général ; c'est une règle que je me suis déjà appliquée en 2012 alors que j'étais députée et alors que j'avais déjà exercé trois mandats.

Les choses sont soudainement devenues très compliquées. J'avais créé une sorte d'appel d'air et la parole s'est libérée. J'ai découvert avec étonnement que j'étais une femme « de caractère », une femme « autoritaire ». Avez-vous déjà entendu, mesdames et messieurs, un homme politique qualifié « d'autoritaire » ? Non. Un homme politique « a de l'autorité »... nuance !

Dans une collectivité telle qu'un département, où chacun représente une partie du territoire, est élu sur son nom et a sa propre légitimité, le président ou la présidente doit porter l'intérêt général départemental et, dans ce sens, prendre des décisions et trancher. Quand cette personne est une femme, on dira qu'elle est « autoritaire ». S'il s'agit d'un homme, on dira qu'il « fait preuve d'autorité ». Les mots ont un sens...

À mon avis, la différence fondamentale entre les hommes et les femmes en politique tient au fait que pour l'immense majorité des femmes, la politique est un levier, et le mandat électif, un outil pour faire bouger les lignes - et je dois dire, chère Roselyne, que j'ai beaucoup apprécié de travailler avec vous à l'Assemblée nationale. La politique ne constitue pas une fin en soi. Cela explique que l'on voie plus fréquemment, me semble-t-il, des femmes qui, de plein choix, limitent le nombre de leurs mandats parce que la politique, ce n'est pas toute leur vie.

Si j'ai « survécu » dans ce milieu et si j'ai réalisé ce parcours, c'est grâce au conseil que m'avait donné une « ancienne » : pour résister aux attaques violentes dont je serais l'objet, m'avait-elle dit, il me faudrait toujours dissocier ma personne publique avec mon engagement plein et entier, de ma personne privée.

Les femmes en politique sont donc en quelque sorte les « deux corps du roi »... Opérer cette distinction fut pour moi salutaire et je conseille à toutes les jeunes femmes qui souhaitent entrer en politique de faire de même. Je vois également dans cette distinction un reflet du principe de laïcité qui, au-delà de la question des religions, consiste plus globalement pour moi à séparer ce qui relève de la sphère publique et ce qui relève de la sphère privée.

Roselyne Bachelot-Narquin

Marie-Françoise Perol-Dumont a bien souligné la différence de légitimité entre les hommes et les femmes dans l'exercice du pouvoir. L'homme exerce son pouvoir tel Bonaparte au pont d'Arcole, saisissant le drapeau et franchissant le pont : « Qui m'aime me suive ! ». La femme est sans cesse obligée de se relégitimer, dans une légitimité de consensus. Ceci explique un certain nombre des difficultés que nous rencontrons.

Je vous propose à présent d'écouter le témoignage de Frédérique Puissat, dont j'ai lu une phrase extrêmement significative. En politique, dites-vous, « On est comme un maçon qui construit un mur brique par brique, en faisant attention à ce que les fondations ne s'effondrent pas au fur et à mesure que le mur s'élève. Il ne faut pas brûler les étapes. Je ne sais pas si cette attitude qui guide ma vie est spécifique aux femmes. »

Maire de Château-Bernard, vous faites partie des « anciennes » puisque vous exercez cette fonction depuis 2001 et présidez également une intercommunalité. Vous avez été conseillère générale, vous êtes aujourd'hui conseillère départementale, première vice-présidente de l'assemblée départementale de l'Isère en charge des questions sociales.

Vous dites vous-même que vous êtes très attachée à la preuve par la compétence. Finalement, la question de l'interpellation spécifique aux femmes revient toujours. Pour ma part, je me souviens qu'à mon entrée au Conseil régional des Pays-de-la-Loire, voilà trente ans, le poste de présidente de commission qui devait m'être confié l'a finalement été à un homme, qui pourtant n'était pas plus compétent que moi. Il semble qu'il jouissait d'une sorte de compétence sui generis , alors que je devais « faire mes classes ». Je ne suis devenue présidente qu'après avoir fait mes preuves.

Ne craignez-vous pas, à travers cette notion de compétence, de « jouer un peu contre votre camp » en estimant qu'il faut d'abord faire ses preuves ?

Frédérique Puissat, maire de Château-Bernard, vice-présidente de la Communauté de communes du Trièves, première vice-présidente de l'Assemblée départementale de l'Isère (groupe UMP-Divers droite)

Je n'ai pas cette impression. J'estime très sincèrement qu'aujourd'hui, être une femme en politique est une chance et ce, parce que d'autres ont tracé le sillon bien avant nous et parce que nous sommes en France, cela il ne faut jamais l'oublier. Le risque aujourd'hui, lorsque l'on est une femme, est finalement d'être appelée à des fonctions justement parce que l'on est une femme. L'obligation de parité peut parfois conduire à brûler des étapes.

Le « mur » que j'ai évoqué et que vous mentionniez vaut selon moi pour les hommes comme pour les femmes. Si nous voulons que notre démocratie vive, nous devons exercer nos mandats avec compétence. C'est sur ce point que nous attendent avant tout les citoyens. Cela vaut pour la politique, mais aussi pour d'autres domaines, économique notamment. Soyons compétents pour que la démocratie puisse vivre ! Aujourd'hui, les systèmes politiques dans lesquels nous évoluons, imposant la parité à certaines élections - comme nous l'avons dernièrement observé au cours des élections départementales - ne servent pas toujours les femmes ni la démocratie. Nous devons tous, hommes et femmes, être choisis avant tout pour nos compétences et non parce que « hommes » ou « femmes ».

Ce n'est pas un discours qui séduit ou qui plaît, mais je m'y tiens. Je crois qu'au sein d'une assemblée se trouvent des hommes et des femmes qui sont plus ou moins compétents. Le choix par les électeurs de leur réélection, lors d'un nouveau scrutin, s'opère en fonction de ce critère.

Roselyne Bachelot-Narquin

Sur la question du choix qui ne tient pas aux compétences, il semble que les hommes tiennent très convenablement leur rôle. Chacun d'entre nous a certainement pu, à son échelle, être témoin de certains choix par « amitiés ». Nous y reviendrons au cours de nos débats.

Après avoir entendu une élue expérimentée, je propose que nous écoutions désormais une « bizuth ».

Marie-Pierre Monier, votre engagement en politique fait suite à un engagement associatif et syndical. En 2014 s'est produit ce que vous qualifiez de véritable « choc » dans votre vie, car vous êtes devenue presque simultanément maire de Vinsobres et sénatrice de la Drôme.

Vous faites également partie du groupe d'étude du Sénat sur la vigne et le vin, ce que j'ai trouvé assez sympathique, même si, bien-sûr, en tant que ministre de la Santé, j'ai veillé ardemment à lutter contre les dérives en la matière !

Vous indiquez vous-même être un « pur produit de la parité ». Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Marie-Pierre Monier, sénatrice de la Drôme (groupe socialiste), maire de Vinsobres

Pour ma part, je crois au contraire que l'obligation de parité était nécessaire à l'arrivée des femmes en politique. Il ne faut pas se faire d'illusions. Bien que nouvelle dans ce milieu, j'ai en effet pu constater que les hommes ne lâchaient pas leur mandat à moins d'y être contraints. C'est mon sentiment, mais je suis « bizuth », en effet...

À l'époque de mes premiers engagements, j'étais très loin des appareils politiques, même si j'avais des convictions bien ancrées que je défendais activement dans la société civile locale. J'ai été sollicitée en 2011 pour être suppléante d'un conseiller général, précisément parce que la loi demandait que les binômes soient composés d'un homme et d'une femme. Je me suis donc engagée dans l'aventure politique aux côtés d'un homme très intéressant et, d'ailleurs, très respectueux de la place des femmes.

Quand on m'a proposé d'intégrer une liste pour la campagne des élections municipales dans ma commune, j'ai d'abord hésité. Finalement, les obstacles sont venus de moi. J'ai pris conscience de cette autocensure par la suite, au cours des échanges que nous avons pu avoir au sein de la délégation aux droits des femmes. Je considérais qu'ayant un mari, des enfants, un engagement syndical et un travail très prenant, je ne pourrais pas gérer en plus un mandat municipal. Par ailleurs, mon père était malade à l'époque.

Au décès de mes parents, j'ai décidé de m'engager pleinement en politique. J'ai été inscrite en seconde position sur la liste municipale. La tête de liste, un homme bien entendu, s'est finalement désistée et j'ai été élue avec neuf voix d'avance. Il est clair que dans ma commune de 1 200 habitants, je n'aurais jamais exercé cette fonction sans l'obligation de parité !

Les obligations paritaires sur les listes sénatoriales ont elles aussi tenu un rôle dans ma candidature, et donc mon élection, au Sénat. Didier Guillaume, sénateur de la Drôme et président du groupe socialiste, m'a encouragée dans cette aventure.

Comme vous l'indiquiez, cette élection a été un choc pour moi. J'ai néanmoins été très bien accueillie à mon arrivée au Sénat, notamment par tous les personnels et par les huissiers. J'ai par ailleurs eu la chance de rencontrer des femmes qui ont su m'épauler dans les moments difficiles, alors qu'il fallait trouver ma place dans un milieu qui m'était inconnu. De plus, dans le groupe politique auquel j'appartiens ainsi qu'au sein de la délégation aux droits des femmes, la parole est libre, ce que j'apprécie beaucoup...

Dans la vidéo qui nous a été projetée, Cécile Goldet témoignait de la manière dont on lui avait refusé le titre de « sénatrice ». Heureusement, les choses ont évolué positivement au Sénat où, dès le jour de mon arrivée, on m'a demandé comment je souhaitais être appelée.

Néanmoins, dans ma circonscription, un député refuse toujours de m'appeler Madame la sénatrice, et continue de de me donner du « Madame le sénateur ». Ce refus souligne bien qu'il reste difficile pour certains hommes de reconnaître la place des femmes en politique.

Étant professeure de mathématiques, j'ai évolué dans une spécialité majoritairement masculine et j'ai appris à prendre ma place. Néanmoins, l'égalité existe bien dans mon métier d'enseignante : à qualification égale, tous les professeurs touchent la même rémunération, qu'ils soient hommes ou femmes.

Si globalement, les choses se passent bien au Sénat, j'ai tout de même été témoin de réflexions déplacées de certains sénateurs à l'égard de femmes ministres s'exprimant dans l'hémicycle. L'écoute ne semble pas la même selon que l'orateur est un homme ou une femme.

Roselyne Bachelot-Narquin

Merci pour votre témoignage. Vous avez abordé des sujets sur lesquels nous pourrons revenir dans le débat. Les obstacles à nos parcours viennent-ils de nous ? Existe-t-il une solidarité féminine dans l'exercice de nos mandats et nos fonctions ? Est-il important de féminiser les titres ? Enfin, écoute-t-on les femmes de la même façon que l'on écoute les hommes ? Votre intervention a ainsi soulevé de nombreuses pistes de réflexion.

Intéressons-nous à présent à un parcours totalement différent, celui de Bornia Tarall, conseillère municipale et eurométropolitaine de Strasbourg.

Vous avez d'abord évolué dans le monde de l'entreprise, notamment en outre-mer puis en Afrique du Sud. À votre retour en France en 2001, vous vous engagez dans le mouvement associatif, au Club Convergence et coordonnez le réseau Coexist, qui s'est fixé comme mission la lutte contre le racisme et l'antisémitisme.

En 2005, vous créez avec Fadila Mehal les Marianne de la Diversité , que vous présidez depuis juin 2014. Vous insistez beaucoup sur l'importance de « l'école citoyenne » que représente le milieu associatif, dont vous dites qu'il vous a tout naturellement menée à la politique.

Bornia Tarall, conseillère municipale de Strasbourg (groupe Strasbourg à vos côtés, UMP-MODEM et société civile), conseillère eurométropolitaine de Strasbourg, Présidente des Marianne de la Diversité

Mon engagement associatif a été une chance pour moi : il a été le déclencheur de mon action politique tout en m'offrant un « exemple de terrain » qui a pu me guider dans mon engagement politique. En effet, les acteurs associatifs sont des développeurs d'idées et d'innovation sociale. Je suis donc convaincue de l'importance de la sphère associative pour le dialogue civil.

Je me suis engagée en politique lorsque j'ai pris conscience que la sphère associative limitait mon champ d'action et que seul un engagement politique m'offrirait l'opportunité de lutter pour la place des femmes et de la diversité dans le champ public.

Ce cheminement a été difficile. J'ai, moi aussi, vécu un véritable « parcours du combattant ». Je fais toujours l'objet d'une double discrimination, en tant que femme issue de la diversité. On me renvoie régulièrement à mes origines en m'invitant à me rendre sur un territoire pour « ramener des voix » ou en me suggérant de ne pas faire campagne dans un autre, sous peine de « faire monter le Front National ». Ces réflexions ne me démontent pas. Je ne baisse pas les bras. Je suis une femme d'action, une femme libre.

Je suis par ailleurs soutenue par une femme extraordinaire, Fabienne Keller 3 ( * ) , qui m'a inscrite en troisième position sur sa liste aux élections municipales, non pas parce que je suis une femme issue de la diversité, mais pour mes compétences.

Roselyne Bachelot-Narquin

Françoise Parturier stigmatisait les femmes qui « franchissaient les arcs de triomphe » pour ensuite fermer la porte derrière elles et empêcher ainsi d'autres femmes de passer. Vous semblez au contraire avoir rencontré de vraies solidarités. Je pense que c'est important.

Je me souviens pour ma part des paroles d'une femme politique, brillante et célèbre, qui, à mon entrée au Parlement, lorsque je militais pour la parité, m'a mise en garde : « Es-tu folle ? Les caméras de télévision se porteront moins volontiers vers nous si nous sommes plus nombreuses ». Cette phrase est authentique !

Je vous livrerai une autre anecdote personnelle. Je me souviendrai toujours d'une intervention de Ségolène Royal, qui s'était levée dans l'hémicycle pour plaider une cause qui m'était chère, celle de Leyla Zana, députée kurde emprisonnée parce qu'elle avait parlé kurde au Parlement d'Ankara. Pendant son intervention, un homme de mon parti politique a crié : « à poil ! » En sortant de l'hémicycle, je l'ai pris par le col de sa chemise et lui ai dit : « C'est moi que tu injuries. » Je pense que ce jour-là, il a compris la portée de son propos.

Je me tourne à présent vers Jean-Marc Germain. Vous avez effectué une grande partie de votre carrière de haut-fonctionnaire - vous êtes diplômé de l'École Polytechnique - auprès de Martine Aubry, en tant que directeur de cabinet et directeur général des services de la mairie de Lille. Vous avez également travaillé auprès de Lionel Jospin et de Pierre Mauroy.

Vous êtes actuellement secrétaire national du Parti socialiste en charge du pôle Mondialisation. Depuis 2012, vous êtes par ailleurs député des Hauts-de-Seine.

Comment un homme, haut-fonctionnaire et élu, vit-il la montée des femmes dans la sphère politique et la haute fonction publique ?

Jean-Marc Germain, député des Hauts-de-Seine (groupe socialiste, républicain et citoyen)

En tant qu'homme, je vis le féminisme comme un engagement politique. Mais cet engagement est motivé aussi par des raisons philosophiques. La montée des femmes en politique constitue à mon avis une chance pour la société, au sens que, selon moi, dans une femme, il y a trois hommes politiques.

Si vous aviez aujourd'hui interrogé six hommes politiques sur leurs parcours respectifs, vous auriez constaté que tous auraient indiqué avoir débuté en politique vers l'âge de 16 ans et auraient décrit un parcours quasi similaire. Les parcours féminins sont beaucoup plus divers, mêlant l'associatif, le syndicalisme ou encore le secteur privé.

À ce titre et au-delà de son importance philosophique, le mouvement de féminisation des mandats politiques est également très enrichissant pour la société française partout où la parité s'est imposée.

Nous aurions pu, au sujet des mandats municipaux, évoquer le nom de Michelle Demessine 4 ( * ) , avec qui j'ai travaillé lorsqu'elle était vice-présidente chargée des sports auprès de Pierre Mauroy à Lille.

Bien évidemment, je suis heureux de ce mouvement de féminisation. Je suis l'époux d'Anne Hidalgo et j'ai suivi son ascension, qu'elle doit comme vous toutes à sa volonté de servir son pays et sa ville, mais également à des femmes et des hommes qui ont cru en elle. Je pense tout particulièrement à Bertrand Delanoë, qui a eu l'intelligence de préparer sa succession. Permettez-moi d'insister sur ce point car c'est une chose suffisamment rare pour être notée.

J'ai toujours travaillé avec des femmes. Dans leurs parcours, je ne soulignerai pas les difficultés qu'elles ont rencontrées pour arriver à exercer des responsabilités, car toutes sont parvenues à les surmonter. En revanche, je peux témoigner des difficultés qu'elles doivent surmonter dans l'exercice du pouvoir. Elles tiennent notamment à l'image que renvoie la société des femmes exerçant des responsabilités, qui sont régulièrement qualifiées « d'autoritaires », quand on n'insiste pas sur leur « caractère »... Cette image est d'autant plus tenace que cette autorité est exercée sur des hommes.

Il est clair que cette approche explique largement les difficultés politiques qu'a rencontrées Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle de 2007.

Nous devons continuer le combat pour la parité dans les mandats, auquel j'attache beaucoup d'importance. Je préconiserais pour ma part une solution radicale, qui consisterait à supprimer les subventions aux partis politiques qui n'arrivent pas à la parité des élus. La parité des candidatures ne suffit pas.

Le combat doit porter plus généralement sur l'accession des femmes aux responsabilités. À cet égard, je regrette vivement le parasitage du débat sur les ABCD de l'égalité qui, même s'ils ont pu paraître maladroits à certains égards, soulevaient la question essentielle des stéréotypes et de leur formation, dès l'école. Les comportements sexistes de certains représentants de la République, y compris de la nouvelle génération, récemment dénoncés par des femmes journalistes, sont bien révélateurs de la ténacité de ces stéréotypes.

Je tiens à évoquer une autre initiative qui me paraît importante et dont j'ai d'ailleurs subi les violences en tant qu'homme, celle de la pénalisation des clients de la prostitution. Nombre de mes collègues n'ont pas compris qu'en tant qu'homme, je m'inscrive dans ce combat. Lorsque j'ai affirmé, à l'Assemblée nationale, que ceux qui disent tout haut « touche pas à ma pute » pensent tout bas « touche pas à mon calbute », les réactions de certains de mes collègues, qu'ils soient socialistes ou non, ont été extrêmement violentes. Or ce combat contre la prostitution touche aux stéréotypes, à la représentation des femmes et à leur place dans la société.

Pour favoriser l'accès aux responsabilités, y compris politiques, nous devons continuer à mener l'ensemble de ces combats qui forment un tout.

Roselyne Bachelot-Narquin

Merci, Jean-Marc Germain.

Notre dernière intervenante est la présidente de la délégation aux droits des femmes du Sénat.

Votre parcours, Chantal Jouanno, est très différent de celui des quatre autres intervenantes.

Haute-fonctionnaire, vous êtes devenue secrétaire d'Etat à l'Écologie en 2009, puis ministre des Sports en 2010, avant de vous confronter au suffrage universel. Pouvez-vous nous faire part des difficultés que vous avez rencontrées et, éventuellement, du machisme auquel vous avez été confrontée dans ce parcours qui pourrait, en apparence, sembler plus « facile » que celui de nos autres témoins de cette table ronde ? En fait, je pense qu'il ne l'a pas été tant que cela...

Chantal Jouanno, sénatrice de Paris (groupe UDI-UC), ancienne ministre

Il est vrai que mon accession au pouvoir et aux responsabilités a été beaucoup plus facile que pour nombre d'élus, hommes ou femmes. Si j'ai accédé à des responsabilités politiques et notamment ministérielles, c'est parce que, en tant que présidente de l'ADEME 5 ( * ) , j'avais acquis en quelque sorte une expertise en écologie. Je n'ai alors subi aucune forme de machisme.

Mais il n'en a pas été de même dans l'exercice du pouvoir et de l'autorité. Tout d'abord, je cumulais bien sûr tous les « défauts » que l'on pouvait imputer à une femme. Je me suis vue reprocher, comme nombre de femmes politiques, mon « autoritarisme », ma manière de parler, ma manière de m'habiller ou de me coiffer... Jamais, bien sûr, comme il faudrait !

Par ailleurs, je n'avais pas la même légitimité politique que les autres femmes et hommes politiques, celle qui ne peut provenir que du suffrage. Ma participation à la campagne des élections régionales comme tête de liste n'y a rien changé ! Le mode de scrutin par liste n'offre pas la même légitimité qu'une élection individuelle...

De la même manière, en France, l'élection au Sénat ne donne pas la légitimité politique qu'offre un mandat à la tête d'un exécutif local.

Si cette question du manque de légitimité par le suffrage est indépendante de la « spécificité » féminine, elle s'y ajoute. Cela me conduit à devoir prouver perpétuellement ma compétence sur la scène politique.

J'ai moi aussi été confrontée à des comportements machistes. J'ai bien sûr eu droit à la rumeur : si j'en étais arrivée là, ce ne pouvait être que grâce au soutien « très appuyé » d'un homme...

Roselyne Bachelot-Narquin

La fameuse « promotion canapé » !

Chantal Jouanno

Exactement. J'ajouterais qu'à l'origine, je n'étais absolument pas féministe, bien que j'aie toujours évolué dans des milieux masculins. Je le suis devenue lorsque j'ai dû exercer des responsabilités et que pour la première fois, j'ai été confrontée au machisme. J'ai également été, comme de nombreuses femmes en politique, l'objet d'insultes et de phrases déplacées.

Ces mots m'ont choquée, non pas pour moi, car en politique, nous avons les moyens de répondre et même de retourner ces propos contre leurs auteurs. J'ai été choquée par ce que ces mots révèlent de notre société et, plus particulièrement, de ce que subissent des femmes qui, elles, ne sont pas en position de répondre. Tolérer de tels comportements dans l'hémicycle d'une assemblée parlementaire revient à légitimer des pratiques bien pires en d'autres lieux.

Nous avons l'obligation d'agir et de réagir face à ces comportements, non pas pour nous-mêmes, mais pour toutes les femmes qui elles, n'ont pas les moyens de répondre et se trouvent de ce fait en situation d'infériorité.

Roselyne Bachelot-Narquin

Chantal Jouanno a conclu son propos par des paroles essentielles sur le combat féministe, que nous devons poursuivre sans baisser la garde.

Il est vrai que l'on a parfois tendance à vivre l'engagement féministe d'une manière intellectuelle. Ayant été élevée par une mère féministe et un couple profondément égalitaire, j'ai vécu mon entrée en politique, au Conseil général de Maine-et-Loire, comme un choc épouvantable.

Lors de la présentation des nouveaux élus à l'assemblée, nous étions six nouveaux élus, cinq hommes et une femme. Les cinq hommes ont été présentés par leurs engagements politiques, associatifs ou professionnels. Je n'ai eu pour seule présentation que la suivante : « Roselyne Bachelot, dont chacun connaît le charmant sourire... ».

Cette expérience, et d'autres qui ont suivi, ont transformé mon féminisme intellectuel en un féminisme militant. J'ai en effet compris que je ne pourrais mener seule ce combat, qu'il nous faudrait le mener ensemble, en y entraînant avec nous le maximum d'hommes qui seraient nos alliés et y trouveraient aussi leurs avantages, comme vous l'avez exprimé, Jean-Marc Germain.

Je propose que nous consacrions le temps qui nous reste aux échanges avec la salle.

Yamina Mamou, conseillère municipale déléguée à Carcassonne, vice-présidente des Marianne de la Diversité

Alors que nous sommes réunis pour célébrer le soixante-dixième anniversaire du droit de vote des femmes, qu'en est-il de l'obtention du droit de vote pour les femmes étrangères ?

Bornia Tarall

A priori , je ne suis pas opposée au principe de cette mesure, bien au contraire, dès lors qu'elle concerne des femmes qui vivent en France depuis longtemps et qui participent à la vie de la cité. Néanmoins, les modalités de sa mise en place doivent être mûrement étudiées. Je ne pourrai vous apporter de réponse tranchée sur ce sujet.

De la salle

Je tiens à saluer la mémoire de l'une des premières féministes, malheureusement quelque peu tombée dans l'oubli, Julie-Victoire Daubié 6 ( * ) . Originaire d'un petit village des Vosges, elle fut la première femme autorisée à présenter le Baccalauréat, qu'elle a obtenu à l'âge de quarante ans. Elle est par ailleurs l'auteure d'un petit pamphlet, intitulé déjà Le deuxième sexe .

Je me suis présentée aux élections municipales dans un village des Vosges. Tous les rencontres que j'ai effectuées lors de ma campagne, avec des familles, des personnes seules, des personnes âgées ou plus jeunes, m'ont montré à quel point la parole des femmes pouvait trouver un écho très favorable, y compris dans les milieux ruraux, plutôt défavorisés. J'ai ainsi été extrêmement touchée par l'intervention de Chantal Jouanno et par son souhait de porter la parole des femmes, pour les femmes défavorisées. Le féminisme doit aujourd'hui descendre dans les couches populaires. Nous pouvons, par nos paroles, montrer aux femmes, notamment des milieux ruraux, qu'il est possible de se projeter dans le quotidien qu'elles souhaitent, bien au-delà de la sphère domestique.

Roselyne Bachelot-Narquin

L'histoire des idées en France a été marquée par une lutte idéologique forte entre le féminisme et la tradition marxiste, qui refusait de s'impliquer dans le combat féministe, considéré comme un combat bourgeois éloignant de la lutte des classes. Vous avez raison d'insister sur le fait qu'au contraire, le féminisme n'est pas un combat de privilégiés et qu'il doit irriguer l'ensemble de la réflexion politique.

De la salle

Vous soulignez que le combat féministe est le combat de toutes les femmes. Je m'étonne donc que votre tribune n'accueille aucune représentante de l'outre-mer.

Roselyne Bachelot-Narquin

Vous constaterez qu'elle ne compte pas de représentante angevine non plus !

Laurence Cohen, sénatrice du Val-de-Marne

Je partage votre propos sur le rendez-vous raté entre le combat marxiste et le combat féministe. Au Parti Communiste, il nous a fallu du temps pour nous dégager de l'idée selon laquelle le combat contre le capitalisme suffirait à aboutir à l'égalité entre les hommes et les femmes, en faisant bouger les mentalités. Nous avons néanmoins le mérite d'avoir analysé cette réflexion erronée, et sommes convaincus depuis quelques années maintenant qu'il faut mener ces deux combats de front.

Notre histoire n'a pas été linéaire. En 1925, le Parti Communiste a présenté des femmes sur ses listes lors des élections municipales alors qu'elles n'avaient ni le droit de vote ni le droit d'éligibilité. Un certain nombre d'entre elles ont été élues. Malheureusement, leur élection a été annulée par les préfets.

Il me semble indispensable de continuer à faire preuve de cette audace, dans tous les domaines, notamment en ce qui concerne le droit de vote des étrangers. Agissons à cet égard comme nous l'avons fait en 1925 pour faire avance le droit de vote des femmes.

Je suis élue sénatrice depuis 2011 et j'entends nombre de mes collègues appeler à la patience en matière de représentation des femmes. Or nous faisons preuve de patience depuis des millénaires. Il me paraît par exemple important, comme le proposait Jean-Marc Germain, de supprimer les subventions aux partis qui ne respectent pas la parité. Je rappelle qu'un certain nombre d'entre eux préfèrent encore payer des pénalités qu'appliquer la loi.

J'en appelle donc pour ma part à des mesures plus radicales, en rendant les listes ou les candidats inéligibles si la parité n'est pas respectée.

Roselyne Bachelot-Narquin

Je suis une militante du scrutin binominal depuis quarante ans. En définitive, la solution ne serait-elle pas d'appliquer le scrutin binominal aux élections législatives ?

Marie-Françoise Perol-Dumont

La mise en place du scrutin binominal pour les élections départementales a été largement critiquée. J'étais moi-même à l'époque présidente de conseil général et du groupe majoritaire à l'Association des départements de France, et pourtant je jugeais cette proposition, dont mon propre camp avait pris l'initiative, un peu « baroque ».

Mais après mûre réflexion, je me suis souvenue que lorsque je suis devenue conseillère générale en 1988, j'étais la seule femme face aux quarante-et-un autres conseillers généraux de mon département. Pour l'anecdote, l'un d'eux ne trouvait pas de meilleur compliment à me faire que de dire à mon époux : « Tu sais, ta femme est le seul homme du conseil général... »

Quand en 2004 j'ai accédé à la présidence du conseil général, cette assemblée ne comptait que cinq femmes. En 2014, on en comptait une quinzaine. Aujourd'hui, 50 % des conseillers départementaux sont des femmes. Il s'agit d'une véritable révolution ! Il est clair que la parité imposée peut sembler difficile à faire fonctionner et qu'elle bouscule nos schémas intellectuels, le mien en premier. Néanmoins, il faut en passer par là pour que nos arrière-petites-filles n'aient pas à mener à leur tour, elles aussi, les mêmes combats que nous.

Julia Mouzon, présidente de Femmes & Pouvoir

Nous observons que par rapport au monde de l'entreprise, le monde politique est en retard en ce qui concerne la place des femmes, alors même qu'on l'attendrait à l'avant-garde de la société, porteur d'une vision et d'engagements dans ce domaine. Comment faites-vous concrètement, de l'intérieur, pour faire évoluer la sphère politique et vos propres partis sur ce sujet ?

Chantal Jouanno

Le levier central, au sein d'un parti, me semble être la commission nationale d'investiture (CNI). De la même manière que nous avons demandé la parité des conseils d'administration et que demain nous aurons la même attente à l'égard des comités exécutifs, nous sommes dans notre rôle quand nous exigeons que les CNI le deviennent aussi. Cette question relève, certes, de l'organisation interne des partis, mais il appartient à chaque femme de la faire avancer. Cette démarche a plutôt produit de bons effets au Sénat, où l'on observe la féminisation progressive du groupe UDI.

La parité ne doit pas se limiter au pouvoir politique. Elle doit aussi s'installer dans le pouvoir syndical, les médias ou encore les fédérations sportives. La question de la répartition du pouvoir entre les hommes et les femmes se pose en fait dans toutes les sphères de pouvoir, et nombre d'entre elles gagneraient à avancer sur le sujet.

Cécile Goldet, ancienne sénatrice de Paris

Je tiens à vous remercier pour votre accueil chaleureux. J'ai aujourd'hui 101 ans et j'ai voté pour la première fois en 1945, à l'âge de trente-et-un ans ! L'attente du droit de vote a représenté pour moi une frustration épouvantable, car j'ai été, dès ma jeunesse, passionnée de politique.

Un monde sépare ce que j'ai vécu à l'époque et la situation d'aujourd'hui. Lorsqu'en 1959, j'ai fait part au maire de ma commune de mon souhait d'entrer au conseil municipal, il m'a répondu : « Ce n'est pas possible ! On n'a jamais vu une femme au conseil municipal, ce n'est pas la place d'une femme. Je serais ridicule, tout le monde se moquerait de moi ! ». Je me suis tout de même présentée et j'ai par la suite été élue.

Je me souviens des remarques que j'entendais quand j'arrivais au conseil municipal : « Tiens, voilà notre conseillère », d'un air moqueur, ou encore « Bien qu'elle soit une femme, on peut écouter ce qu'elle dit...».

Il y a un monde, je le répète, entre la place des femmes hier et aujourd'hui, et ce monde se mesure finalement à l'échelle d'une seule vie... Nous devons être conscients de la rapidité des changements que nous avons connus en l'espace de cinquante ans.

Cinquante ans, ce n'est rien, c'est une demi-vie ! Il faut rester mobilisés et surtout, mobiliser les jeunes, car beaucoup reste à faire. Nous, les femmes, devons poursuivre nos luttes et nos revendications, mais nous avons surtout la possibilité de prendre le pouvoir : alors prenons-le !

Roselyne Bachelot-Narquin

Je propose que nous en terminions par cette conclusion de Cécile Goldet, qui porte tous nos combats et nous invite à les poursuivre. Nous le ferons toutes ensemble, par-delà nos appartenances géographiques et nos sensibilités politiques.

Merci à tous, et tout particulièrement à Jean-Marc Germain, pour la richesse de vos contributions.

Projection vidéo : Jeanne Boitel, Marie Dubas, Irène Joliot-Curie, Gilberte Brossolette
dans « Retour aux urnes, élections municipales du 29 avril 1945 »
(Les Actualités Françaises, 4 mai 1945)


* 3 Sénatrice du Bas-Rhin (Les Républicains) depuis 2004, conseillère municipale de Strasbourg et conseillère de la Communauté urbaine de Strasbourg, ancienne maire de Strasbourg.

* 4 Sénatrice du Nord (Communiste républicain et citoyen) depuis 1992, réélue au Sénat en 2001 et en 2011, ancienne ministre, ancienne adjointe au maire de Lille et ancienne vice-présidente de Lille-Métropole Communauté urbaine.

* 5 Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.

* 6 1824-1874, première bachelière de France (a été reçue au baccalauréat en 1861 à Lyon). Elle est également la première licenciée ès lettres, diplôme qu'elle a obtenu en 1872 à une époque où les femmes n'avaient pas le droit de suivre les enseignements de la Sorbonne. Journaliste, elle a publié dans La Presse , L'économiste français et Le droit des femmes . Son ouvrage principal s'intitule La femme pauvre au XIX ème siècle (1866). Elle a milité, entre autres causes, pour le droit de vote des femmes et contre la prostitution.

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