CHAPITRE 1ER : TURBULENCES DANS LES AIRS

I. LES COMPAGNIES EUROPÉENNES HISTORIQUES EN DIFFICULTÉ

A. L'INÉGALITÉ MARQUÉE DES RÉSULTATS

1. Des chiffres globaux excellents

Les données publiées début août 2015 par l'Association internationale du transport aérien (habituellement désignée par son signe en anglais : IATA pour International Air Transport Association ) auraient de quoi faire pâlir d'envie les grandes entreprises mondiales des autres secteurs d'activité : le profit annuel cumulé prévu pour 2015 est presque double de celui constaté en 2014 ! La marge bénéficiaire devrait passer en un an de 2,2 % à 4 %. Pour la première fois dans l'histoire du transport aérien, le retour sur investissement devrait donc excéder le coût moyen du crédit.

Sans surprise, le taux de remplissage des avions est attendu à un niveau record : 80,2 %.

Cependant, ces chiffres reflètent une position moyenne entre trois zones géographiques peu homogènes entre elles : les États-Unis, l'Asie et l'Union européenne.

2. Des résultats peu homogènes

Ainsi la marge bénéficiaire moyenne obtenue par les transporteurs d'Amérique du Nord (7,5 %) est trois fois plus élevée que celle observée en Asie (2,5 %) ou en Europe (2,8 %), ces deux continents subissant respectivement la crise chinoise et la dévaluation de l'euro. À la seule exception de British Airways et de transporteurs à bas prix, les grandes compagnies aériennes rentables se situent aux États-Unis.

Que reste-t-il aux compagnies historiques du Vieux Continent ? La perspective de douloureuses restructurations, d'autant plus difficiles à réussir que le dynamisme du secteur ne se manifeste pas sur le territoire des 28 États membres de l'Union européenne : la Russie et la Turquie sont les deux seuls pays du continent à connaître une forte hausse des transports aériens. De surcroît, les nouveaux opérateurs à bas tarifs captent une part croissante du marché, aux dépens des grands transporteurs historiques.

Trois nouveaux sites accueillant des hubs de taille mondiale se sont affirmés depuis 2005 : le Golfe, l'aéroport d'Ankara et les aéroports de Moscou ( Cheremetièvo et Domodedovo ). Parmi les lignes apparues ces dix dernières années à destination ou au départ de ces hubs , pas une seule ne dessert l'Union européenne. D'après ACI 4 ( * ) , les marchés émergents représentent la moitié de la croissance mondiale pour les transports aériens de passagers. Au vu des tendances actuelles, les compagnies aériennes des États membres sont mal positionnées pour capter une fraction significative de ce trafic supplémentaire.

Il n'est pas certain que tous les États membres de l'Union européenne estiment urgent d'agir : la part du lion dans le transport de passagers (70,4 %) revient à cinq États (le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne, la France et l'Italie).

N'assurant que 29,6 % du trafic à destination ou au départ des aéroports situés sur le territoire de l'Union européenne, les 23 autres États membres peuvent rester sereins face au trou noir qui semble absorber les liaisons aériennes entre l'Europe et les zones les plus dynamiques de l'économie mondiale.

Les trois nouveaux hubs apparus ou nouvellement affirmés depuis 2005
et les lignes aériennes supplémentaires qui les desservent

Source : ACI

Source : ACI


* 4 Airports Council International Europe (ACI) réunit 500 aéroports de 45 États de l'espace européen.

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