I. - Échange entre Gérard Larcher, président du Sénat,
les sénatrices et les membres de la délégation
aux droits des femmes

1. ALLOCUTION DE CHANTAL JOUANNO, PRÉSIDENTE DE LA DÉLÉGATION
AUX DROITS DES FEMMES

Monsieur le président, chères collègues sénatrices, chers collègues de la délégation aux droits des femmes,

Tout d'abord un grand merci, Monsieur le président, d'avoir pris l'initiative de réunir autour de vous, en cette journée du 8 mars, vos collègues sénatrices et les membres de la délégation aux droits des femmes que j'ai l'honneur de présider depuis novembre 2014. C'est une première au Sénat et nous sommes particulièrement heureux d'échanger avec vous aujourd'hui.

Je vous remercie beaucoup, aussi, en mon nom et au nom de mes collègues de la délégation, d'avoir facilité l'organisation de ce 8 mars très particulier au Sénat, puisque nous aurons tout à l'heure en salle Médicis, avec des « Meilleures ouvrières de France », une réunion que vous nous faites l'honneur d'ouvrir : nous y sommes tous et toutes ici très sensibles.

Je voudrais pour ma part profiter de cette journée pour vous faire passer quelques messages.

Tout d'abord, le Sénat s'est considérablement féminisé ces dernières années, mais il faut aller plus loin encore.

En 1999, les sénatrices représentaient 6 % seulement de notre assemblée ; nous sommes 91 aujourd'hui, soit 26,1 %.

C'est un progrès, et il faut le saluer, mais n'oublions pas que notre pays ne figure qu'au 48 ème rang mondial pour la féminisation de son Parlement 3 ( * ) .

Cette progression ne s'est d'ailleurs pas faite de manière régulière : au début de la Quatrième République, 20 femmes ont fait leur entrée au Conseil de la République élu en 1947 ; en 1979, le Sénat de la Cinquième République n'en comptait plus que 4 !

Lors du renouvellement de 2017, nous devrons donc être très vigilants sur ce point. 26 %, ce n'est pas assez encore !

Mon deuxième message est que nous sommes prêtes, Monsieur le président, à exercer plus de responsabilités au sein du Sénat.

Trois vice-présidentes font partie du Bureau du Sénat et nous ne pouvons que nous en féliciter. Mais il n'y a jamais eu au Sénat de femme « questeure ». Pourtant, c'est une fonction que nous sommes prêtes, je pense, à exercer.

Sur huit présidences de commission (les sept commissions permanentes et la commission des affaires européennes), on ne compte que deux sénatrices. Cela correspond strictement, ni plus, ni moins, à la proportion de femmes siégeant dans notre hémicycle. À l'Assemblée nationale, quatre commissions permanentes sur huit sont présidées par des députées, et pourtant la proportion de femmes parmi les députés est la même que dans notre assemblée...

Ne faudra-t-il pas y penser lors du prochain renouvellement ?

Enfin, s'il est important de réfléchir à la défense des droits des femmes chaque 8 mars - comment pourrais-je dire le contraire ? - la dégradation de la situation des femmes dans le monde actuel devrait nous inciter à prolonger cette réflexion en dehors de cette journée particulière... La délégation aux droits des femmes s'y emploie au quotidien et je vous remercie, Monsieur le président, de l'attention que vous portez à nos travaux.

2. ALLOCUTION DE GÉRARD LARCHER, PRÉSIDENT DU SÉNAT

Madame la présidente de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, chère Chantal Jouanno, Mesdames les sénatrices, Messieurs les sénateurs, Mesdames, Messieurs,

Je suis particulièrement heureux d'accueillir aujourd'hui, dans ces Salons de Boffrand de la Présidence du Sénat, l'ensemble des collègues sénatrices ainsi que les membres de la délégation aux droits des femmes, que vous présidez, chère Chantal Jouanno. Je dois dire que vous avez répondu très nombreuses et nombreux à cette invitation que je vous ai adressée à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes pour 2016.

C'est une première, comme vous le rappeliez, dans l'enceinte de notre Haute Assemblée que de réunir ainsi, autour du président du Sénat, les 91 sénatrices et les 10 sénateurs sur les 36 membres que compte la délégation aux droits des femmes. J'ai bien conscience que ce moment de rencontre, qui n'est pas seulement une marque de reconnaissance de votre rôle essentiel au sein du Sénat, répondait à une attente partagée.

Lorsque vous êtes venu me présenter, il y a quelques mois, Madame la présidente, l'organisation de cette journée au Sénat, nous avons réfléchi ensemble à un événement pour le 8 mars 2016. C'est ainsi qu'est née cette idée d'une rencontre et d'un temps d'échanges entre nous sur l'exercice du mandat de sénatrice.

Mesdames les sénatrices, vous représentez aujourd'hui plus d'un quart des membres de notre assemblée. C'est le chiffre le plus élevé depuis le début de la Cinquième République, comme vous l'avez souligné, et pour la première fois, le Bureau du Sénat compte trois vice-présidentes.

Jusqu'au début des années 2000, je dois reconnaître que quatre mains suffisaient à vous compter. Ce sont finalement les élections de 2008 et de 2014 qui marquent la plus forte progression du nombre de femmes au sein de l'hémicycle du Sénat, avec respectivement près de 22 % et 26 % d'élues. Chez nos collègues de l'Assemblée nationale, c'est lors des élections législatives de 2012 que le seuil symbolique des 20 % est franchi ! Mais il reste à faire. Et le Sénat peut mieux faire. Par votre exemple, par votre implication dans le travail parlementaire et par votre assiduité remarquable. La promotion de la parité demeure pour chaque mouvement politique un objectif à faire sien.

C'est la loi du 12 juillet 1999, adoptée à l'unanimité - il est important de le rappeler -, qui a institué, dans chaque assemblée, une délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Sa création répondait à la nécessité d'une veille parlementaire sur ce sujet de l'égalité réelle, qui est différent, il convient de le souligner, de l'égalité des droits inscrite dans la Constitution. Depuis seize ans, les cinq présidentes - Mesdames Dinah Derycke, Gisèle Gautier, Michèle André, Brigitte Gonthier-Maurin, et Chantal Jouanno - et les membres qui s'y sont succédé, et que je tiens à saluer tout particulièrement à cette occasion, ont su répondre par les nombreux travaux qu'ils ont conduits, à l'ambition affichée, en juillet 1999, par le président de la commission des lois, Jacques Larché : « nous voulions créer cette délégation, nous voulions qu'elle soit efficace et que par, les travaux qu'elle entreprendra, elle apporte un éclairage utile au Parlement » .

Je ne citerai qu'un exemple très récent sur cet éclairage que vous apportez à notre assemblée. Il s'inscrit dans le sujet des femmes victimes de la traite des êtres humains, que vous avez choisi d'aborder cette année. En effet, la réflexion que vous menez sur la situation des femmes partout dans le monde vous conduit à des rencontres exceptionnelles auxquelles je suis aussi très attentif. Je n'oublie pas cet entretien, dans mon bureau, dont vous êtes à l'initiative, chère Chantal Jouanno, le 18 février dernier, avec Nadia Mourad Basee Taha, cette jeune femme yézidie, enlevée par Daech, qui nous a livré un témoignage si bouleversant, et qui m'a conduit à solliciter pour elle une audience du Président de la République.

À la fin du mois, le 31 mars, j'aurai également le plaisir d'ouvrir le colloque organisé par la délégation sur l'engagement citoyen des femmes qui mettra en valeur les services qu'elles accomplissent dans le monde associatif.

Je vous souhaite à toutes et à tous un excellent moment de partage et d'échanges. Nous immortaliserons ce moment par une photographie, prévue à l'issue de cette rencontre. Je vous remercie.


* 3 Ces statistiques au 1 er décembre 2015 ont été établies par l'Union interparlementaire. Le classement de l'UIP porte sur 193 pays classés par ordre décroissant du pourcentage de femmes dans la chambre unique ou chambre dite basse. Au 1 er juin 2016, la France ne figurait plus qu'au 60 ème rang mondial (http://www.ipu.org/wmn-f/arc/classif010616.htm).

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