C. UNE IMPLICATION QUI DOIT ÊTRE RENFORCÉE

Pour être intéressantes, ces initiatives ne comblent pas encore suffisamment les immenses besoins qui existent encore dans notre pays. Le nombre de personnels formés doit encore progresser et les formations elles-mêmes évoluer vers davantage de précision et de rigueur.

Certains territoires sont, pour un ensemble de raisons, mieux lotis que d'autres, et les initiatives sont très diverses et parfois peu comparables. Il revient à l'État mais aussi, pour les compétences qui sont les siennes, aux départements, d'aider les collectivités qui en ont le plus besoin à construire leur projet de lutte contre la radicalisation. À cet égard, vos rapporteurs souhaitent relever l'initiative remarquable prise par le conseil départemental du Val-d'Oise, consistant à aider les mairies dans l'exercice de leur mission de contrôle des écoles hors contrat.

Surtout, les pouvoirs publics sont face à un fort besoin de prise en charge d'individus signalés et de leurs familles, qui est à la hauteur de la progression du dispositif de signalement mis en place dans les territoires. La mesure 32 du plan d'action contre la radicalisation et le terrorisme de 2016 prévoit d'ailleurs de « doubler d'ici deux ans les capacités de prise en charge des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation et de leurs familles . »

La difficulté en la matière est de disposer de modèles probants sur lesquels les pouvoirs puissent s'appuyer pour les prises en charge et qu'ils puissent transposer sur les territoires . Or, même les plus séduisants peuvent se révéler moins efficaces qu'il n'y paraît. Il est aujourd'hui devenu indispensable de procéder à une véritable évaluation des initiatives locales.

Rien ne peut, en ce domaine, suppléer des évaluations sérieuses, c'est-à-dire menées conjointement avec des spécialistes et selon une méthodologie reconnue. Vos rapporteurs estiment qu'il est urgent de mettre en place un protocole d'évaluation de certaines initiatives locales, ainsi qu'une réflexion sur les modalités de transplantation de celles qui paraîtront les plus prometteuses . Par ailleurs, tout programme de prévention devrait, pour bénéficier des fonds de l'État, comporter un volet d'évaluation dont la qualité serait examinée par une structure compétente en matière d'évaluation des politiques publiques. Le FIPD devrait voir ses règles modifiées pour autoriser la prise en charge de ce volet évaluatif.

Recommandation n° 1 : Engager, en partenariat avec des spécialistes de l'évaluation des politiques publiques issus du monde de la recherche publique ou privée, un programme national d'évaluation des méthodes de prise en charge des individus en voie de radicalisation.

Destinataires : Secrétariat général du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR), ministère de l'Intérieur, établissements d'enseignement supérieur.

Recommandation n° 2 : Tirer des évaluations réalisées un guide des bonnes pratiques « labellisées » en matière de prévention de la radicalisation.

Destinataires : SG-CIPDR, ministère de l'Intérieur, établissements d'enseignement supérieur.

Recommandation n° 3: Lier le financement par l'État des programmes de prévention de la radicalisation à la présence d'un volet d'évaluation examiné par une structure compétente en matière d'évaluation des politiques publiques.

Destinataires : SG-CIPDR.

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