II. UNE COMMUNICATION QUI CONCENTRE LES CRITIQUES, UNE ACTION EUROPÉENNE ET INTERNATIONALE ENCOURAGEANTE

A. LA COMMUNICATION DE L'AGENCE NATIONALE DE LA RECHERCHE DEMEURE LARGEMENT PERFECTIBLE

Les critiques relatives à la communication de l'Agence nationale de la recherche sont récurrentes et se sont faites systématiquement entendre lors de toutes les grandes consultations du monde de la recherche qui ont eu lieu ces dernières années : Assises de l'enseignement supérieur et de la recherche en 2012, consultation pour l'élaboration de la stratégie nationale de recherche en 2014 et 2015, plan de simplification en 2016...

Au cours de ses auditions, votre rapporteur spécial a pu mesurer combien ce grief demeurait présent pour beaucoup de chercheurs .

Il lui paraît donc urgent que l'ANR développe une programmation plus lisible , améliore sa communication vis-à-vis des chercheurs à tous les stades de ses appels à projets , et, simultanément, se dote d'une communication institutionnelle plus lisible et plus accessible .

Du reste, l'Agence a bien conscience de ses insuffisances en la matière : un travail, qui associe l'agence et le ministère chargé de la recherche, est actuellement en cours pour améliorer la communication de l'ANR.

1. Développer une programmation plus lisible

Le plan d'action annuel de l'ANR , dont l'architecture pour 2017 a été présentée supra , est un document très dense de 170 pages qui paraît à bien des égards beaucoup trop technocratique .

Comme l'a souligné devant votre rapporteur spécial Alain Beretz 13 ( * ) , directeur de la recherche et de l'innovation, « l'information sur le processus de sélection, les différents comités, les modalités et critères d'évaluation, reste nébuleuse et trop fournie pour être lisible ».

Une critique récurrente adressée à l'ANR illustre bien les défauts de cette programmation confuse .

Beaucoup de chercheurs reprochent à la programmation de l'ANR de donner à la recherche fondamentale une place très insuffisante depuis qu'elle a cessé à compter de 2014 de différencier appels thématiques et appels « blancs » pour les remplacer par un unique appel « générique » organisé selon neuf défis de société, auxquels s'ajoute un « défi des autres savoirs ».

Cette critique est infondée puisque en réalité, 80 % des projets financés par l'ANR sont des projets déclarés en recherche fondamental e.

De fait, beaucoup de chercheurs ont pu penser, à tort, que les projets de recherche menés dans le cadre des neuf défis de société ne pouvaient être des projets de recherche fondamentale mais devaient être des projets de recherche finalisée, alors qu'il est parfaitement possible de mener des projets de recherche fondamentale dans le cadre de ces défis , qui ne sont pas des appels orientés mais représentent un cadre dans lequel l'ensemble des projets de recherche peut être mené, du fondamental à l'appliqué .

Du reste, l'ajout d'une action programmatique intitulée maladroitement « défi des autres savoirs » alors qu'il s'agissait plutôt de rendre visible le financement des recherches hors défis (le plus souvent fondamentales) n'a pas clarifié la communication externe .

Prenant conscience de cette erreur de communication, l'Agence nationale de la recherche a ajouté pour chaque défi un axe « recherche fondamentale » dans ses appels à projets 2016 et 2017 .

Mais cette exemple illustre bien comment une programmation trop complexe peut susciter de profondes incompréhensions , voire de la défiance , vis-à-vis d'une institution perçue comme trop technocratique et bureaucratique .

2. Améliorer la transparence de la communication vis-à-vis des chercheurs à tous les stades des appels à projets

Les chercheurs sont nombreux à considérer que l'ANR , en dépit des progrès réalisés ces dernières années, ne parvient pas encore à assurer une communication avec leurs équipes à tous les stades des appels à projets .

Les organismes souhaitent par exemple obtenir une réponse détaillée au sujet des projets déposés par leurs personnels , à chaque étape du processus de sélection (dépôt, évaluation, décision de financement).

L'ANR a nettement amélioré ses procédures sur ce point, notamment grâce aux outils automatisés de dépôt des projets dans lesquels est désormais incluse une double-clef de validation en ligne impliquant le responsable de l'unité de recherche ainsi qu'un responsable de l'établissement de tutelle chargé d'assurer la gestion financière et le suivi du projet .

Mais les chercheurs se plaignent surtout de la communication de l'ANR lors du processus de sélection et du caractère trop laconique des explications apportées lorsque les projets ne sont pas sélectionnés .

Pour tenter de remédier à cette difficulté, le dernier plan de simplification mis en place par la direction de l'ANR a créé un nouveau dispositif de communication lors de la sélection , qui doit fournir au porteur de projet des informations sur l'évaluation de celui-ci , ainsi qu'un droit de réponse . Ces nouvelles dispositions sont appliquées pour la première fois cette année à l'appel à projets générique pour 2017.

Autre revendication qui devrait être en partie satisfaite cette année : la réduction du nombre de rapports scientifiques intermédiaires à fournir à l'ANR pendant la réalisation du projet et la création d'une procédure de suivi dématérialisée limitant les justifications et contrôles administratifs .

La création en cours d'un portail unique pour les appels à projets de tous les financeurs de la recherche en France et l'harmonisation des dossiers administratifs et financiers des appels à projets sont également très attendus.

Tout l'enjeu pour l'ANR est donc de mettre pleinement en oeuvre l'ensemble des mesures déjà annoncées et de continuer à rendre ses procédures toujours plus transparentes et interactives , afin que les chercheurs n'aient plus le sentiment de ne recevoir aucune information lorsque des projets auxquels ils ont consacré de nombreuses heures de travail sont rejetés.

Recommandation n° 12 : améliorer la transparence de la communication vis-à-vis des chercheurs à tous les stades des appels à projets.

3. Adopter une communication institutionnelle plus claire et plus accessible

Le site internet de l'Agence nationale de la recherche constitue son principal outil de communication institutionnelle, même si elle est également présente sur les réseaux sociaux.

Or, ce site comporte un très grand nombre d'informations , peu hiérarchisées , et présente un aspect austère et technique .

Le moderniser pour le rendre plus attrayant et lisible contribuerait probablement à améliorer l'image de l'agence et lui permettrait de faire oeuvre de pédagogie .

Mais celle-ci doit également aller à la rencontre des chercheurs sur le terrain et ne pas être accessible uniquement via son site internet .

Consciente de la défiance dont faisait l'objet l'agence et de la nécessité de renouer un dialogue plus apaisé avec les chercheurs , la direction de l'Agence nationale de la recherche a organisé à l'automne 2016 un « Tour de France de l'ANR » au cours duquel ses responsables et personnels ont rencontré des chercheurs des différents établissements, organismes et entreprises pour leur présenter son fonctionnement et répondre à leurs questions et préoccupations . Ces rencontres ont eu un vif succès et seront reconduites à l'automne 2017 .

Ce type de démarche, ainsi que la refonte du site internet de l'agence , sont indispensables pour mieux faire comprendre aux chercheurs le fonctionnement de l'ANR et les contraintes qui pèsent sur elle .

Recommandation n° 13 : adopter une communication institutionnelle plus directe et plus accessible.


* 13 Réponse au questionnaire de votre rapporteur spécial.

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