II. POUR UNE APPROCHE LUCIDE ET RÉNOVÉE DE LA BIODIVERSITÉ : RÉGULER AUTREMENT LA PRÉSENCE DES LOUPS EN FRANCE

A. REVALORISER LE PASTORALISME ET MIEUX INTÉGRER LA CONTRIBUTION DES HOMMES À LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT

Il y a aujourd'hui une disproportion, croissante qui plus est, entre les avantages liés au développement des populations de loups et les dégâts directs et indirects produits par la prédation .

Les politiques européennes en matière de gestion des paysages et de la nature se sont largement appuyées sur l'élevage pastoral depuis les années 1990. Les éleveurs ont ainsi été encouragés à réinvestir des territoires difficiles d'accès, embroussaillés et sujets au risque d'incendie ou d'avalanche en hiver. Il y a donc un paradoxe à constater aujourd'hui le relatif abandon des éleveurs face aux loups. Le pâturage extensif des troupeaux a, en effet, permis de retrouver un excellent état de biodiversité dans les espaces de montagne, favorisant le retour du loup.

Ainsi, la protection du loup, au nom de la biodiversité et au détriment du pastoralisme est elle-même paradoxale. Les éleveurs sont les premiers écologistes : ils n'utilisent pas ou peu de produits phytosanitaires et leur activité garantit la conservation et le développement d'écosystèmes précieux 30 ( * ) . Ils sont fiers d'exercer un métier parfois difficile et méritent d'être respectés en vertu de leur contribution à une alimentation saine et durable des citoyens français et à l'entretien d'espaces paysagers.

Le conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité (CSPNB) estime que la cohabitation entre une population viable de loups et un pastoralisme actif et dynamique n'est possible qu'avec la présence d'une diversité d'ongulés sauvages suffisamment accessibles au loup pour qu'il reste cantonné sur la faune sauvage.

La promesse de créer un comité interministériel sur le pastoralisme n'a pas été tenue et si l'extension des plans en faveur du pastoralisme aux Alpes et au Massif central est un élément positif, elle n'est pas suffisante.

Proposition n° 7 : envoyer un signal politique fort sur le soutien au pastoralisme, en inscrivant de nouveaux principes au sein du code de l'environnement et en créant de nouveaux outils de valorisation des espaces pastoraux.

L'abandon du modèle pastoral serait une erreur à la fois sociale, économique et culturelle. Les pouvoirs publics ne s'interrogent pas suffisamment sur le bilan des atteintes portées aux systèmes agropastoraux par la politique publique de protection du loup. En assurant un aménagement durable, productif et dynamique du territoire, le pastoralisme participe de la solidarité intergénérationnelle et écologique. La protection du loup ne peut faire l'économie de la garantie d'un environnement vivant et vivable pour les éleveurs et les populations.


* 30 INRA Productions Animales, 2017, numéro 5. Élevage et loups en France : historique, bilan et pistes de solution. M. Meuret, L. Garde, C.-H. Moulin, M.-O. Nozières-Petit, M. Vincent.

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