ANNEXE 2 - Projets d'infrastructures recensés au titre des nouvelles routes de la soie

I - TRAINS

- En Europe

Le rail relie désormais la Chine à une trentaine de villes européennes en moins de trois semaines, soit un mode de transport plus rapide mais aussi plus cher que la voie maritime.

Les lignes ferroviaires, Yuxinou, Chengdu-Lodz, Zhengzhou-Hambourg, Yiwu-Madrid sont pour le moment les lignes les plus connues.

La construction de lignes ferroviaires à grande vitesse et particulièrement la ligne transcontinentale Chongqing-Duisbourg « Yu'Xin'Ou Railway » est un symbole de la connectivité mutuelle prônée par Pékin. À l'origine pour se rendre de Chongqing à Duisbourg par voie ferrée il fallait environ 40 jours, entre des procédures douanières lourdes et des infrastructures anciennes. Désormais la ligne transcontinentale traverse en seize jours sur 11 180 kilomètres le continent eurasiatique à travers le Xinjiang, le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie et la Pologne, et arrive en Allemagne à Duisbourg, le plus grand port fluvial au monde, que Xi Jinping a visité pour assister à l'arrivée d'un des premiers convois de marchandises en 2014.

Selon le site internet China.org.cn, « la Chine a ouvert à ce jour (17.03.2015), huit lignes de chemin de fer à destination de l'Europe ». Selon le Washington Post, le gouvernement chinois aurait déjà alloué plus de 32 milliards d'euros à une amélioration des infrastructures et de la logistique des transports ferroviaires de fret. Au mois de mai 2015, enfin, le Beijing Times, organe quasi officiel du régime chinois, rapportait par ailleurs que la Chine prévoyait la construction de quatre lignes à grande vitesse pour passagers, allant respectivement de la Chine à Singapour, en Allemagne et au Royaume-Uni.

La Chine investirait également 1,5 milliard d'euros pour moderniser la ligne Budapest-Kelebia-Belgrade, branche hungaro-serbe du corridor paneuropéen reliant Budapest, Salzbourg, Ljubljana, Zagreb, Belgrade, Skopje, Nis, Salonique, Athènes-Le Pirée et Sofia. La mise à double voie de bout en bout, et la création de longues sections à 200 km/h, permettraient aux trains les plus rapides de parcourir ce tronçon international de 350 km en moins de trois heures, au lieu de plus de sept aujourd'hui.

- En Asie

En Asie, une ligne de 873 km de long doit relier la Chine à la côte thaïlandaise.

Ailleurs en Asie du Sud-Est, des entreprises chinoises mènent la construction d'une voie ferroviaire à grande vitesse de 6 milliards de dollars au Laos et ont injecté au total 20 milliards de dollars dans les projets de construction d'îles artificielles Melaka Gateway et du chemin de fer côtier en Malaisie. Des projets similaires ont été lancés en Thaïlande, au Cambodge et en Indonésie.

- En Afrique

En Afrique, la Chine finance une ligne de 471 km au Kenya entre la capitale Nairobi et le port de Mombasa, sur l'océan Indien.

Ces investissements, présentés comme faisant partie des nouvelles routes de la soie, touchent également l'Afrique, que Pékin a décidé d'intégrer aux cartes du projet à travers un détour de sa route maritime de la soie. Ainsi l'entreprise d'État China Road and Bridge Corporation, a financé et construit une ligne de chemin de fer de 472 km reliant la capitale kenyane, Nairobi, au port de Mombassa pour un coût de 3 milliards de dollars. Les marchandises arriveront désormais en 5 heures au lieu de deux jours.

II - PORTS

En Grèce, l'entreprise chinoise de transport maritime Cosco a obtenu une longue concession du port du Pirée, transformant ce port porte d'entrée des produits chinois dans l'Europe méditerranéenne.

En Turquie, trois entreprises publiques chinoises ont racheté près d'Istanbul le troisième port du pays, Kumport, considéré comme un important point de jonction entre "la ceinture" et "la route".

Au Pakistan, le port de Gwadar, non loin de la frontière iranienne, sera relié à l'extrême ouest chinois après la rénovation de 500 km de route. Le port doit donner au commerce chinois un accès plus facile au Moyen-Orient que par la voie maritime du détroit de Malacca (entre Malaisie et Indonésie). Un nouvel aéroport international doit voir le jour à Gwadar.

D'autres investissements peuvent être recensés :

- investissement dans le port de Bagamoyo en Tanzanie pour 10 milliards de dollars,

- investissement dans le port de Mombasa au Kenya,

- investissement dans le port d'Hambantota au Sri Lanka, la compagnie China Merchants Port Holding acquérant 85 % du capital pour 1,1 milliard de dollars,

- investissement dans le port de Djibouti, avec une prise de participation à hauteur de 185 millions de dollars de la compagnie China Merchants Port Holding,

- enfin, investissement dans les ports de Manille et Cebu aux Philippines.

III - PARCS INDUSTRIELS

Au Bélarus, la Chine construit un parc industriel high-tech à Minsk, le plus grand jamais construit à l'étranger par le géant asiatique.

Un projet similaire sort de terre à Kuantan en Malaisie pour l'acier, l'aluminium et l'huile de palme.

IV - ROUTES

À terme, le gouvernement chinois veut aussi réduire les temps de trajet en camion et s'est déjà lancé dans la construction de routes. Ainsi une voie express de 213 km entre Kashgar (Xinjiang) et Erkeshtam (Kirghizistan) d'un coût de 660 millions de dollars a été financée et construite par le gouvernement chinois.

Pékin a dans la même logique lancé un projet intitulé Belgrade-Budapest Railway : le chantier de 1,8 milliard de dollars permettra de relier Belgrade à Budapest en trois heures, au lieu des huit nécessaires actuellement, et ainsi d'améliorer la connexion entre la Grèce et l'intérieur du continent européen sans devoir passer par les grands ports de Rotterdam ou Hambourg pour atteindre le marché européen.

V - INFRASTRUCTURES ÉNERGÉTIQUES 167 ( * )

- Au Pakistan, le long du Corridor Économique Chine-Pakistan qui aboutit dans le golfe persique au fameux port de Gwadar, la Chine aurait financé les projets de charbon supercritique de 1320 MW chacun à Qasim (2015-2017) et Hub (lancé en 2017), celui de Muzaffargarh (USC 720 MW), les projets hydroélectriques de Nehru (970 MW, 2008-2018), Karot (720 MW, engagé en 2016), Dasu (2160 MW, signé en 2017) et Kohala (1100 MW), les 5 réacteurs nucléaires de Chasma et les deux de Karachi, et une ligne à ultra haute tension (660 kV, 2017-2018) de 878 km entre Matiari et Lahore.

- En Indonésie, quatre projets de production électrique au charbon : Bali (3x142 MW, 2013-2015), Sumsel-5 (300 MW,2013-2017), Pangkalam Susu (2x200MW, 2015-2019) et Jawa-7 (2x1050 MW, 2017-2020).

- En Malaisie, grâce à l'acquisition de la société Edra Global Energy en 2015, la China General Nuclear (CGN) est devenue propriétaire de 13 projets d'énergie propre, en Malaisie, en Égypte, au Bangladesh, aux Émirats Arabes Unis et au Pakistan, tous inclus dans BRI. Elle a de plus engagé début 2018 un projet de cycle combiné à gaz de 2240 MW à Malacca et un projet photovoltaïque de 50 MW à Kedah.

- Au Bengladesh une centrale à charbon, au Laos la phase II de l'aménagement hydraulique de la Nam Ou et à la frontière du Kazakhstan la centrale à gaz de Khorgos Gateway.

- En Amérique latine, outre l'élargissement du canal de Panama et un important projet pétrolier en Équateur, le Brésil et l'Argentine sont les deux pays dans lesquels la Chine investit le plus : dans l'hydraulique et les réseaux au Brésil, dans l'hydraulique et le nucléaire en Argentine.

- Des projets hydrauliques en Éthiopie, au Cameroun, en Angola, en Côte d'Ivoire, etc.


* 167 Source : La Lettre de la Chine hors les murs n° 23 du 18 mai 2018 publiée par l'Observatoire de la mondialisation chinoise créé en 2014 par la Commission Asie Pacifique des Conseillers du Commerce Extérieur de la France. Les opinions exprimées dans ses articles n'engagent pas le Comité National des Conseillers du Commerce Extérieur de la France.

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