C. LES RÉGIMES OBLIGATOIRES DE BASE

En 2018, le déficit du régime général et du FSV serait ramené à 300 millions d'euros, soit un niveau très proche de l'équilibre.

L'amélioration du solde serait de 4,8 milliards d'euros, répartie de la façon suivante.

Solde du régime général et du FSV en 2017 et 2018

(en milliards d'euros)

2017

2018

Evolution 2017/2018

Maladie

- 4,9

- 0,5

4,4

AT-MP

1,1

0,8

- 0,3

Vieillesse

1,8

1,3

- 0,5

Famille

- 0,2

0,8

1,0

Régime général

- 2,2

2,5

4,7

FSV

- 2,9

- 2,8

0,1

Régime général+ FSV

- 5,1

- 0,3

4,8

Source : CCSS juin 2018

Cette amélioration est meilleure, de 1,9 milliard d'euros, que la prévision de la loi de financement pour 2018.

Comparaison entre les soldes prévus par la LFSS et la CCSS

(en milliards d'euros)

PLFSS 2018

Rectification CCSS

écart

Maladie

- 0,7

- 0,5

0,2

AT-MP

0,4

0,8

0,4

Vieillesse

0,2

1,3

1,1

Famille

1,3

0,8

-0,5

Régime général

1,2

2,5

1,3

FSV

- 3,5

- 2,8

0,7

Régime général+ FSV

- 2,2

- 0,3

1,9

Source : LFSS et CCSS juin 2018

Néanmoins, quelques éléments amènent à considérer les prévisions de la CCSS comme optimistes, l'exécution réelle risquant d'être moins favorable.

En premier lieu, ces chiffres intègrent une compensation, juridiquement fondée pour le moment, du crédit d'impôt sur la taxe sur les salaires (CITS). Or, d'une part, celui-ci n'a pas été compensée en 2017 et, d'autre part, il est appelé à disparaître en même temps que le CICE, début 2019.

Dans ces conditions, une compensation de l'exercice 2018 apparaît hautement improbable, ce qui dégraderait le solde du régime général d'environ 600 millions d'euros 3 ( * ) . Dès lors, une prévision de déficit de 900 millions d'euros pour l'ensemble régime général + FSV est plus conforme à la réalité .

En second lieu, la prévision de la CCSS repose sur une hypothèse de croissance optimiste , de 2 % pour le PIB et de 3,9 % pour la masse salariale privée, dont la réalisation est incertaine, notamment après le ralentissement de la croissance observé par l'Insee au premier trimestre de l'année 2018.

1. La branche maladie

Sous le bénéfice des hypothèses optimistes retenues par la CCSS, en 2018, le déficit de la branche maladie devrait être ramené à 466 millions d'euros , ce qui est mieux que le solde de 0,7 milliard d'euros figurant dans la LFSS pour 2018.

Le tableau ci-après retrace les prévisions de la commission des comptes. Il est à noter que ces comptes prévisionnels 2018 intègrent certaines dépenses dites « spécifiques » relevant auparavant du régime social des indépendants (RSI), essentiellement les indemnités journalières maladie et maternité, à la suite de son intégration au sein du régime général. Cette intégration n'a quasiment pas d'impact sur le solde.

Charges et produits de la branche maladie en 2018

(en millions d'euros)

2018

Prestations sociales

198 013

Ondam

185 398

hors Ondam

12 614

Transferts

6 202

Charges de gestion courante

6 615

Autres charges nettes

42

Charges nettes

210 871

Cotisations, impôts et taxes nets

203 725

Cotisations sociales brutes

88 523

Cotisations prises en charge par l'Etat

2 671

CSG brute

93 794

Impôts, taxes et autres cotisations sociales bruts

20 120

Charges nettes de non recouvrement

- 1 383

Transferts nets

2 563

Transferts des régimes de base

1 238

Autres produits nets

1 326

Autres produits nets

4 117

Produits nets

210 404

Résultat net

- 466

Source : CCSS juin 2018

Le scénario retenu par la CCSS repose donc sur une augmentation de 4,5 % des recettes et de 2,1 % des charges.

S'agissant des recettes, leur structure est sensiblement affectée par la mesure en faveur du pouvoir d'achat des salariés de la dernière loi de financement. Ainsi :

- le relèvement de 1,7 point du taux de CSG est largement favorable à la branche, surtout dans un contexte de fort dynamisme de la ressource ;

- les effets baissiers des modifications de taux de cotisations sociales seraient, eux aussi, tempérés par le dynamisme de la masse salariale, et limités concrètement à -2,2 % ;

- les recettes fiscales diminueraient de plus d'un tiers, du fait d'une forte diminution de la fraction de TVA affectée à la branche 4 ( * ) et d'une répartition également moins favorable de la taxe sur les salaires. Le relèvement des droits tabac ne compense pas ce mouvement.

Pour ce qui concerne les charges, leur progression globale est inférieure à l'Ondam, notamment du fait de la diminution des coûts administratifs.

Quant à l'Ondam, fixé à 2,3 %, il se décompose de la façon suivante.

Décomposition de l'Ondam 2018

Base 2018
(en milliards d'euros)

Objectif 2018
(en milliards d'euros)

Taux d'évolution

Soins de ville

87,1

88,9

2,1 %

Établissements de santé

78,7

80,7

2,5 %

Établissements
et services médico-sociaux

20,0

20,5

2,5 %

Fonds d'intervention régional

3,3

3,4

3,1 %

Autres prises en charge

1,7

1,8

4,3 %

Total

190,8

195,2

2,3 %

Sources : LFSS pour 2018 et comité d'alerte sur l'évolution des dépenses d'assurance maladie

Selon l'avis n° 2018-2 du 30 mai 2018 du comité d'alerte sur l'évolution des dépenses d'assurance maladie, la trajectoire globale ainsi définie devrait être respectée du fait de la mise en réserve de quelque 625 millions d'euros de crédits.

Néanmoins, selon les projections tirées de l'exécution des quatre premiers mois de l'année, la trajectoire au niveau des sous-objectifs diverge encore fortement par rapport à ce que prévoit la LFSS. Ainsi, les dépenses de soins de ville se situeraient sur une trajectoire de + 4,8 % , très au-dessus de l'objectif avec, en particulier, une forte progression des dépenses d'honoraires médicaux et dentaires (+ 7,1 %), des transports (+ 5,3 %) et des indemnités journalières (+ 5,7 %).

Or les mises en réserve concernent l'Ondam hospitalier (415 millions d'euros), le médico-social (152 millions d'euros), le fonds d'intervention régional (45 millions d'euros) et le sixième sous-objectif (13 millions d'euros). Un gel de ces crédits pourrait donc, in fine , accentuer le déséquilibre déjà observé depuis le début de l'année (ainsi que les années précédentes).

Votre rapporteur général considère qu'il n'est plus possible de tenir l'Ondam au moyen d'une régulation de ce type et qu'une remise à plat de l'ensemble du système doit permettre un rééquilibrage entre sous-objectifs.

2. La branche vieillesse et le FSV
a) La branche vieillesse

La branche vieillesse resterait excédentaire en 2018, pour la troisième année consécutive, mais avec un excédent en retrait par rapport au 1,797 milliard d'euros de l'exercice 2017.

Charges et produits de la branche vieillesse

(en millions d'euros)

2018

Prestations sociales nettes

133 712

Droits propres

126 035

Droits dérivés

12 037

Autres prestations nettes

343

Transferts nets

5 430

Compensation démographique

3 350

Autres transferts (dont transferts d'équilibrages)

2 080

Charges de gestion courante

1 618

Autres charges nettes

36

Charges nettes

133 712

Cotisations, impôts et taxes nets

105 556

Cotisations sociales brutes

88 996

Contributions, impôts et taxes

17 607

Charges nettes de non recouvrement

- 1 047

Transferts nets

29 180

Transferts avec régimes de base et complémentaires

11 880

Transferts des régimes de base avec les fonds

17 292

Autres produits nets

309

Produits nets

135 045

Résultat net

1 334

Source : CCSS juin 2018

La prévision actualisée est meilleure que la prévision figurant dans la LFSS pour 2018 (+0,3 milliard d'euros).

Les recettes progresseraient de 2,6 %, avec une hausse des cotisations (+ 3,6 %) et des impositions (+ 4,4 %) même si ce niveau implique la compensation très incertaine du CITS en 2018 ; pour leur part, les transferts reçus diminueraient de 1,5 %, dans la lignée de la tendance observée en 2017.

Les dépenses de la branche devraient rebondir cette année (+3 %), sous l'effet de la fin du décalage de l'âge légal de départ à la retraite, à 62 ans pour l'ensemble de la génération des personnes nées en 1956. En outre, l'effet de la revalorisation des pensions de 0,8 % au 1 er octobre 2017 se fera sentir au cours des neuf premiers mois de l'année.

b) Le FSV

Le déficit prévisionnel du Fonds de solidarité vieillesse devrait poursuivre sa diminution sur un rythme plus lent, pour atteindre 2,762 milliards d'euros à fin 2018 (contre 2,938 milliards d'euros en 2017).

Le FSV n'a pas connu d'excédent depuis 2008.

La LFSS pour 2018 prévoyait un déficit de 3,5 milliards d'euros.

Charges et produits du Fonds de solidarité vieillesse

(en millions d'euros)

2018

Transferts nets

18 800

Transfert des régimes de base avec les fonds

18 461

Prises en charge de cotisations

13 501

Prise en charge de prestations

4 960

Transfert avec les régimes complémentaires

339

Autres charges nettes

124

Charges nettes

18 924

Contributions, impôts et taxes nets

16 162

CSG brute

12 267

Contributions sociales diverses

4 166

Impôts et taxes

-

Charges nettes de non recouvrement

- 271

Autres produits nets

-

Produits nets

16 162

Résultat net

- 2 762

Source : CCSS juin 2018

Cette légère amélioration serait due à un repli des charges du fonds (-3,3 %) plus fort que celui de ses produits (-2,8 %).

La contribution du fonds au financement du minimum contributif doit diminuer de 0,8 milliard d'euros cette année. S'ajouterait une baisse du transfert au titre au titre du chômage.

3. La branche famille

Avec un excédent de 753 millions d'euros, la branche famille poursuivrait une trajectoire d'amélioration de son solde en 2018, et renouerait même avec l'équilibre pour la première fois depuis 2007.

Cet excédent est néanmoins inférieur à la prévision initiale, le solde prévisionnel de la loi de financement pour 2018 étant de 1,3 milliard d'euros.

Charges et produits de la branche famille

(en millions d'euros)

2018

Prestations sociales nettes

36 981

Prestations légales nettes

31 403

Prestations extralégales nettes

5 577

Transferts versés nets

10 166

Charges de gestion courante

2 950

Autres charges nettes

30

Charges nettes

50 127

Cotisations, impôts et taxes nets

49 873

Cotisations sociales brutes

29 542

Cotisations prises en charge par l'État

825

CSG brute

10 508

Impôts, taxes et autres cotisations sociales bruts

9 437

Charges nettes de non recouvrement

- 439

Transferts nets

226

Autres produits nets

781

Produits nets

50 880

Résultat net

753

Source : CCSS juin 2018

Les dépenses de la branche resteraient quasiment stables par rapport à 2017 (+ 0,3 %), la hausse des dépenses d'entretien compensant la poursuite de la baisse des dépenses liées aux prestations pour la petite enfance.

Comme pour les autres branches, le dynamisme escompté des recettes du fait de la croissance de la masse salariale explique un niveau de recettes meilleur que prévu (+2,3 %).

4. La branche AT-MP

L'excédent de la branche AT-MP, qui a retrouvé l'équilibre en 2013, devrait diminuer en 2018, à 846 millions d'euros contre 1,130 milliard d'euros en 2017.

La prévision figurant dans la LFSS pour 2018 s'établissait à 0,4 milliard d'euros.

Charges et produits de la branche AT-MP

(en millions d'euros)

2018

Prestations sociales nettes

8 999

Prestations Ondam nettes

4 032

Autres prestations

4 967

Transferts

2 104

Charges de gestion courante

893

Autres charges nettes

5

Charges nettes

12 001

Cotisations, impôts et taxes nets

12 424

Cotisations sociales brutes

12 620

Impôts, taxes et autres cotisations sociales bruts

-

Charges nettes de non recouvrement

- 241

Autres produits nets

423

Produits nets

12 847

Résultat net

846

Source : CCSS juin 2018

L'évolution du solde de la branche s'explique :

- d'une part, par l'augmentation anticipée des charges (+ 2,3 %), principalement sous l'effet de la poursuite de la montée en puissance des indemnités journalières (+ 3,6 %) ;

- d'autre part, de la baisse du taux de cotisation de 0,1 point opérée dans le cadre de la LFSS pour 2018, au profit d'une augmentation équivalente de la cotisation patronale maladie.

5. L'Acoss

Si les résultats prévisionnels du régime général et du FSV étaient tenus conformément à la prévision, le niveau des déficits cumulés portés par l'ACOSS varierait peu, restant compris entre 23 et 24 milliards d'euros, soit un niveau proche du montant de dette transféré à la Cades en 2016.

En outre, comme l'a souligné le directeur de l'agence, M. Yann-Gaël Amghar, lors de son audition par la MECSS, le 17 avril 2018, l'exercice est marqué par :

- l'instauration de la déclaration sociale nominative (DSN), qui s'est traduite par le passage volontaire d'un grand nombre d'entreprises d'un paiement trimestriel à un paiement mensuel de leurs cotisations, ce qui a eu un effet positif sur la trésorerie de la sécurité sociale ;

- la mise en place d'une garantie par la sécurité sociale à l'assurance chômage du paiement de l'intégralité de ses recettes de contributions salariales, en application de la LFSS pour 2018, la compensation prenant la forme de l'affectation d'une fraction du produit de la TVA à l'Acoss. Il conviendra de tirer le bilan financier de cette opération à la fin de l'année, étant entendu que, en cas d'écart entre ce produit de TVA et ce qui est reversé à l'Unedic, ces comptes seront répartis vers les différentes branches de la sécurité sociale.

Selon M. Amghar, pour la trésorerie de l'Acoss, le point bas de l'exercice devrait se situer à 33,1 milliards d'euros, ce qui est assez loin du plafond d'encours voté en LFSS pour 2018 (38 milliards d'euros).

Le maintien de taux d'intérêt négatifs permet d'envisager un résultat financier de l'Acoss positif en 2018, comme en 2016 et en 2017, de l'ordre de 125 millions d'euros.

6. La Cades

Comme en 2016, le montant des dettes reprises par la Cades à la fin de l'année 2017 s'élevait à 260,5 milliards d'euros.

Compte tenu de ses prévisions de recettes, la Cades amortirait 15,4 milliards d'euros de dettes, ce qui porterait à 155,1 milliards d'euros la dette amortie et à 105,4 milliards d'euros la dette restant à amortir.

Selon les dernières simulations, l'intégralité de la dette de la Cades devrait avoir été amortie en 2024.


* 3 À répartir entre les branches maladie, vieillesse et famille.

* 4 Le montant de TVA nette perçu par la branche maladie passerait 10,3 milliards d'euros en 2017 à 579 millions d'euros en 2018.

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