B. DÉMONTRER À HORIZON 2030 QUE LES OUTRE-MER SONT DES TERRITOIRES D'INNOVATION ET DE PRODUCTION

La taille modeste des marchés ultramarins ne devrait pas être un frein au développement de ces territoires, qui gagneraient néanmoins à s'insérer davantage dans leur environnement économique régional. Les territoires ultramarins disposent de plusieurs atouts qui font d'eux des territoires d'innovation et de production, au-delà de l'image de carte postale qui leur est parfois attachée .

Ainsi, la rapporteure souhaite attirer l'attention sur l'opportunité que peut constituer l'économie numérique pour les outre-mer . Dans un contexte de congestion des métropoles de l'hexagone et de regain d'attractivité du reste du territoire, les outre-mer peuvent tirer parti du développement du télétravail, en développant a minima une offre de « workation » (travail dans ce qui est traditionnellement assimilé à un lieu de vacances) et en encourageant les installations pérennes de travailleurs indépendants . Cela suppose pour ce faire un effort supplémentaire dans les infrastructures de réseau et dans la couverture numérique du territoire. Les retombées économiques liées à l'installation de ces travailleurs très diplômés, pourraient être très importantes, notamment en emplois induits dans l'économie servicielle.

Les outre-mer ont tous les atouts pour devenir des laboratoires de l'innovation dans la recherche de résilience accrue des territoires face aux effets du changement climatique

Un autre exemple peut être donné avec les sargasses , qui polluent depuis 2011 les « côtes-au-vent » - exposées au vent d'est - des Antilles, en particulier à la Guadeloupe, avec des répercussions négatives pour le tourisme et la pêche. Après un « plan sargasses » de 10 M€ cofinancé à hauteur de 50 % par le ministère de la transition écologique en 2018, l'État prévoit pour 2022, dans le programme 123, 2,5 M€ supplémentaires de crédits pour financer le « plan sargasses II », afin d'aider les collectivités dans le ramassage de ces algues. Si ces sommes sont bienvenues, une approche moins attentiste consisterait à anticiper davantage les échouages par des moyens satellitaires, à capter les sargasses en mer, voire à développer la valorisation des sargasses, qui peuvent servir d'engrais, et de matériau pour fabriquer des produits plastiques ou de la pâte à papier.

On peut citer enfin le double bénéfice, écologique et économique , que pourraient retirer les outre-mer de la mise en place de filières locales spécialisées dans les opérations complexes de dépollution , par exemple en matière de désamiantage des bâtiments ou d'assainissement des eaux contaminées par la chlordécone. De manière générale, les outre-mer ont un potentiel évident pour devenir des laboratoires dans la recherche de solutions face aux effets du changement climatique, ensuite transposables dans l'hexagone. Cet axe prometteur mériterait sans doute une ligne budgétaire dédiée .

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