B. RADIO FRANCE : UNE STABILISATION DE LA MASSE SALARIALE, UNE HAUSSE DE LA PUBLICITÉ ET DES ÉCONOMIES SUR LA DIFFUSION

La situation de Radio France apparaît contrastée. Si les audiences progressent et que la plateforme de podcasts a trouvé son public, la situation financière de l'entreprise demeure fragile comme en témoignent les trois résultats nets déficitaires (2017, 2019 et 2020) au cours des cinq dernières années.

L'application de la trajectoire budgétaire 2018-2022 s'est traduite pour Radio France par une baisse de la CAP de 17 millions d'euros entre 2017 et 2021 « amortie » par une augmentation des ressources publicitaires qui sont passées sur la même période de 48,5 millions d'euros à 59,8 millions d'euros soit une hausse de 11,3 millions d'euros.

Le compte de résultat de Radio France (2017-2021)

Les ressources de Radio France (2015-2022)

La hausse des revenus issus de la publicité pose question compte tenu du plafond de 42 millions d'euros prévu par le COM. Les données transmises par l'entreprise indiquent que cette hausse s'explique avant tout par le développement des recettes publicitaires digitales qui ont doublé en trois ans depuis 2019 pour atteindre 13,4 millions d'euros. Par ailleurs, il convient de rappeler que la catégorie des « messages d'intérêt général » a été créée en 2017 pour contourner le plafond de publicité fixé par le COM et ainsi augmenter la part des ressources publicitaires.

en millions d'euros

Réel

Réel

Réel

Réel

Réel

Réel

Réel

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

Recettes publicitaires

39,5

43,2

48,5

50,8

55,2

56,7

59,8

Publicité commerciale et parrainage

37,9

41,1

41,0

41,9

41,0

36,5

40,8

Dont Publicité commerciale

30,2

32,6

33,0

34,4

34,6

32,1

34,9

Dont Parrainage

7,7

8,5

8,0

7,5

6,4

4,4

6,0

Messages d'intérêt général

5,0

5,7

7,4

9,1

5,6

Recettes publicitaires digitales

1,7

2,2

2,5

3,2

6,8

11,1

13,4

Les ressources publicitaires de Radio France

Au final, il apparaît que la baisse des ressources globales a eu pour conséquence une transformation de l'entreprise qui met du temps à montrer ses effets. Le montant des achats (158 millions d'euros) comme celui des charges de personnel (397 millions d'euros) sont par exemple restés stables au cours de la période 2018-2021.

À noter également que la légère baisse de l'emploi permanent coïncide avec une progression du même ordre du recours aux CDD et aux pigistes, ce développement de la précarité faisant régulièrement débat au sein de l'entreprise.

L'évolution de la masse salariale de Radio France

L'impression de rigidité de la masse salariale est confirmée par les données transmises par l'entreprise concernant par exemple le détail des effectifs affectés aux antennes et aux programmes qui demeurent stables sur la période 2018-2021.

Cette impression de rigidité doit cependant être nuancée au regard du plan de rupture conventionnelle collective signé le 1 er octobre 2020 qui prévoit l'ouverture de 340 départs volontaires devant donner lieu à la suppression de 248 suppressions de postes entre 2019 et 2022 . Au 31 mai 2022, 81 % des départs volontaires ont été d'ores et déjà actés et 63 départs volontaires demeurent ouverts jusqu'au 31 décembre 2022. Selon l'entreprise, les départs non remplacés doivent, conjugués avec d'autres leviers, faciliter la réalisation des 227 suppressions de postes tandis que les départs remplacés permettent de bénéficier d'un effet Noria qui contribue également à la maîtrise de la masse salariale telle que prévue par le COM.

Le plan de rupture conventionnelle collective permet à la masse salariale de Radio France d'être conforme aux objectifs fixés par le contrat d'objectifs et de moyens (396,7 millions d'euros en exécution 2021 contre 401 millions d'euros prévus au COM ; 391,3 millions d'euros en 2020 vs 400 millions d'euros prévu au COM). Si les efforts de maîtrise de la masse salariale ont donc été plus tardifs chez Radio France que dans d'autres entreprises de l'audiovisuel public, ils n'en demeurent pas moins réels et indispensables pour aider à absorber la baisse de la ressource publique d'autant plus que le coût des programmes est demeuré stable sur la période .

En attendant le plein effet du plan de rupture conventionnelle collective sur la masse salariale, Radio France a trouvé des marges de manoeuvres dans la hausse de ses ressources publicitaires, dans la baisse de ses dotations aux provisions et dans une baisse significative de ses frais de diffusion qui sont passés de 59,1 millions d'euros en 2018 à 55,4 millions d'euros en 2021. Cette baisse a concerné à la fois la diffusion hertzienne, la diffusion satellitaire et la diffusion ultra-marine. Le coût associé au lancement de la diffusion en DAB+ en 2021 (0,2 million d'euros) n'a pas eu par contre d'impact significatif pour réduire cette baisse du coût des modes de diffusion habituels.

Les coûts de diffusion de Radio France

L'effort de transformation de l'entreprise revendiqué par la direction devra être d'autant plus poursuivi que l'évolution du contexte économique actuel constitue plutôt une mauvaise nouvelle pour Radio France, compte tenu de la tension très forte sur ses charges courantes qui apparaît du fait de l'inflation. Selon la présidente de Radio France « en l'absence de ressource supplémentaire un arbitrage sur les offres pourrait s'imposer » .

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