B. LE RÉINVESTISSEMENT DES PUISSANCES GLOBALES

1. La Russie

La Méditerranée revêt une importance particulière pour la diplomatie russe ; l'accès aux mers chaudes constitue pour la Russie un objectif stratégique traditionnel. Elle déploie à ce titre d'importants moyens militaires dans le bassin méditerranéen : 13 000 militaires, 40 chasseurs-bombardiers, 4 frégates, deux sous-marins et plusieurs systèmes de missiles antiaériens et antinavires (à l'été 2022).

Le renforcement de la présence militaire russe en Méditerranée est intervenu pendant la guerre en Syrie , dans laquelle la Russie a été directement impliquée à partir de 2015. Sa coopération avec le régime de B. Al Assad lui a permis de consolider sa présence militaire à l'est du bassin levantin en agrandissant la base aérienne russe de Hmeimim et en signant en 2017 un accord prévoyant le maintien pendant au moins 49 ans de sa base navale de Tartous, qui peut accueillir jusqu'à onze navires de guerre.

Sur le plan diplomatique, la Russie a renforcé ses liens avec la Turquie, qui représente un enjeu majeur du fait du contrôle turc des détroits séparant la mer Noire de la Méditerranée. Sur le plan militaire, la coopération russo-turque s'est traduite par l'acquisition en 2019 de systèmes de défense antiaériens S-400 par la Turquie, malgré l'opposition américaine. Sur le plan civil, les deux pays ont renforcé leur coopération dans le domaine énergétique avec l'inauguration en 2020 du gazoduc TurkStream reliant les deux pays et avec la construction de la première centrale nucléaire civile turque à Akkuyu par l'énergéticien russe Rosatom à partir de 2018.

2. La Chine

La présence chinoise en Méditerranée est encore essentiellement économique , bien que la sécurisation de cette route commerciale soit déjà devenu un enjeu majeur pour la Chine au regard de l'importance du commerce maritime qui représente 80% de ses échanges avec l'Europe .

Pour renforcer sa présence dans les infrastructures portuaires du pourtour méditerranéen, la Chine a massivement investi depuis les années 2000. Le groupe chinois COSCO possède désormais des intérêts dans neuf terminaux portuaires méditerranéens situés en Égypte (Port-Saïd, Damiette), en France (Fos-Marseille), en Turquie (Ambarli), en Grèce (Le Pirée), en Italie (Vado Ligure) et en Espagne (Valence).

Sur le plan militaire, la marine chinoise a réalisé en 2015 son premier exercice militaire en Méditerranée à travers la participation de deux frégates et d'un pétrolier-ravitailleur à l'exercice Joint Sea organisé conjointement avec la marine russe. Si la flotte chinoise ne dispose pas à ce stade d'une base militaire en Méditerranée, le précédent de Djibouti laisse supposer que l'ouverture d'une telle base pourrait intervenir à moyen terme , d'autant que de nombreux ports méditerranéens accueillant des investissements chinois pourraient être convertis en base duales.

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