C. POUR LES COMMUNES SUR LESQUELLES EST SITUÉE UNE SOURCE D'EAU MINÉRALE NATURELLE, L'ENJEU FINANCIER MAJEUR DE LA CONTRIBUTION SUR CES EAUX
À l'instar des autres boissons non alcooliques, les eaux minérales naturelles, les eaux de source et les eaux rendues potables par traitement se voient appliquer une contribution obligatoire de 0,54 euros par hectolitre en application de l'article 1613 quater du code général des impôts. Le produit de cette contribution est affecté au financement de la branche « assurance vieillesse et veuvage » du régime de protection sociale des personnes non-salariées des professions agricoles. Les livraisons de produits imposables par le redevable expédiés ou transportés à l'étranger sont exonérées.
Par ailleurs, l'article 1582 du code général des impôts prévoit que les communes sur le territoire desquelles sont situées des sources d'eaux minérales naturelles peuvent instituer, à leur profit, une contribution sur ces eaux, souvent appelée « droit de col », instaurée à l'origine en 1920 au profit des villes thermales.
Cette contribution est due par l'exploitant de la source à raison des livraisons des eaux qu'il réalise, quel que soit leur conditionnement, y compris lorsqu'il a préalablement incorporé ces dernières à d'autres produits (par exemple, pour produire une boisson aromatisée à base d'eau minérale naturelle). La circonstance qu'une eau perde le bénéfice de la qualification d'« eau minérale naturelle » au cours du circuit économique, par exemple lorsqu'elle est mélangée à d'autres produits, est donc sans incidence sur l'application de la contribution. Elle est assise sur le volume des eaux et la commune fixe le tarif ou les tarifs marginaux, dans la limite de 0,58 euro par hectolitre13(*).
Sont exonérées les livraisons à l'exportation, c'est-à-dire les livraisons de biens expédiés ou transportés par l'exploitant de la source, ou pour son compte, à l'extérieur du territoire fiscal national.
Le produit de la contribution est collecté par la direction générale des finances publiques (DGFiP) et reversé aux communes sur le territoire desquelles est située une source d'eau minérale naturelle et qui ont fait le choix de l'instaurer, ce qui, d'après les informations de la commission, paraît être le cas de la quasi-totalité des communes concernées.
Lorsque le produit de la contribution excède le montant des recettes réelles de fonctionnement de la commune pour l'exercice précédent, le surplus est attribué au département.
La somme des contributions perçues par l'ensemble des communes concernées représente au total une vingtaine de millions d'euros et peut représenter un enjeu budgétaire majeur à l'échelle de certaines d'entre elles.
Produit de la taxe sur les eaux minérales
en millions d'euros
201914(*) |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
2024 |
21,8 |
21,7 |
22,2 |
20,0 |
18,4 |
Source : rapports OFGL de 2021 à 2024
Le tableau ci-dessous, transmis par la DGFiP, montre que les montants sont particulièrement significatifs pour les dix communes qui concentrent à elles seules, suivant les années, entre 75 % et 80 % du produit de cette taxe sur les eaux minérales naturelles.
On note ainsi que la commune de Volvic est de loin le premier bénéficiaire avec un montant de 3,8 millions d'euros qui se maintient d'année en année. Vittel a perçu un niveau élevé de 2,3 millions d'euros en 2024, mais la baisse est forte comparée aux 3,8 millions d'euros de 2022. Évian-les-Bains est relativement stable avec un montant compris entre 2,0 et 2,3 millions d'euros suivant les années.
On remarque également que certaines communes ont vu leurs recettes fortement chuter ces dernières années. Outre Vittel déjà cité, c'est le cas de Vergèze qui a vu le produit perçu passer de 1,6 million d'euros en 2021 à 460 000 euros en 2024 ou, dans une moindre mesure, de Contrexéville qui a vu le produit perçu passer de 1,5 million d'euros en 2021 à 900 000 euros en 2024.
Année |
ordre de classement |
Communes |
Département |
Produit en € |
2024 |
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 |
VOLVIC VITTEL EVIAN-LES-BAINS SALVETAT-SUR-AGOUT LA SAINT-GALMIER LACAUNE CONTREXEVILLE UCHAUD PUBLIER VERGEZE |
063 088 074 034 042 081 088 030 074 030 |
3 780 241 2 287 665 2 047 579 1 006 522 992 468 904 480 902 547 854 346 629 238 460 247 |
2023 |
1 |
VOLVIC |
063 |
3 750 992 |
2 |
VITTEL |
088 |
2 692 915 |
|
3 |
EVIAN-LES-BAINS |
074 |
2 089 249 |
|
4 |
SAINT-GALMIER |
042 |
1 228 061 |
|
5 |
SALVETAT-SUR-AGOUT LA |
034 |
1 127 148 |
|
6 |
CONTREXEVILLE |
088 |
1 089 609 |
|
7 |
VERGEZE |
030 |
997 350 |
|
8 |
LACAUNE |
081 |
775 383 |
|
9 |
PUBLIER |
074 |
642 045 |
|
10 |
UCHAUD |
030 |
481 920 |
|
2022 |
1 |
VITTEL |
088 |
3 848 039 |
2 |
VOLVIC |
063 |
3 846 254 |
|
3 |
EVIAN-LES-BAINS |
074 |
2 276 455 |
|
4 |
CONTREXEVILLE |
088 |
1 490 103 |
|
5 |
VERGEZE |
030 |
1 317 888 |
|
6 |
SAINT-GALMIER |
042 |
1 192 459 |
|
7 |
SALVETAT-SUR-AGOUT (LA ) |
034 |
1 078 336 |
|
8 |
LACAUNE |
081 |
806 812 |
|
9 |
UCHAUD |
030 |
742 351 |
|
10 |
PUBLIER |
074 |
699 574 |
|
2021 |
1 |
VOLVIC |
063 |
3 863 107 |
2 |
VITTEL |
088 |
3 759 672 |
|
3 |
EVIAN-LES-BAINS |
074 |
2 328 313 |
|
4 |
VERGEZE |
030 |
1 587 318 |
|
5 |
CONTREXEVILLE |
088 |
1 519 144 |
|
6 |
SAINT-GALMIER |
042 |
1 169 375 |
|
7 |
SALVETAT-SUR-AGOUT (LA ) |
034 |
1 047 932 |
|
8 |
LACAUNE |
081 |
754 329 |
|
9 |
PUBLIER |
074 |
715 508 |
|
10 |
UCHAUD |
030 |
588 045 |
Source : DGFiP
Ces montants étant très importants et le produit de la taxe étant essentiel à la santé financière des communes concernées, le maintien de l'activité d'embouteillage sur leur territoire constitue un enjeu essentiel. Nous verrons infra que ce régime fiscal crée des distorsions qu'il convient de supprimer.
* 13 Cette limite est portée à 0,70 euro par hectolitre pour les communes qui ont perçu, au titre des volumes mis à la consommation en 2002, une recette inférieure à celle qu'elles auraient perçue, pour ces mêmes volumes, en application du mode de calcul de la surtaxe sur les eaux minérales en vigueur avant le 1er janvier 2002.
* 14 Aucune donnée globale n'est disponible avant l'année 2020.