B. UN SOUTIEN AUX ORGANISATIONS FÉMINISTES QUI DOIT SE POURSUIVRE

1. Un fonds dédié au soutien aux organisations féministes (FSOF)

La France est l'un des pays qui soutient financièrement le plus les organisations féministes, qu'elle appuie depuis 2020 via un fonds national dédié : le Fonds de soutien aux organisations féministes (FSOF), copiloté par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et l'Agence Française de Développement (Afd), en concertation avec la société civile.

Doté initialement d'un financement global de 120 millions d'euros pour la période 2020-2022, il a été renouvelé à hauteur de 250 millions d'euros pour la période 2023-2027.

Entre 2020 et 2023, ce fonds a approuvé 194 millions d'euros de financements, dont 110 millions ont été versés au cours de cette période. Ce sont plus de 1 400 organisations de la société civile intervenant dans 75 pays qui ont ainsi été soutenues, à la fois pour des actions ponctuelles ciblées mais aussi pour le renforcement de leurs capacités d'action (recrutement et formation de personnel en particulier).

Principalement tourné vers les pays prioritaires de la politique de développement française (a minima 65 % en faveur des initiatives localisées en Afrique), le fonds finance également des organisations de la société civile dans d'autres pays où les enjeux d'égalité sont significatifs.

Bilan 2020-2023 du Fonds de soutien aux organisations féministes

Source : Agence française de développement, bilan d'activité 2020-2023 du Fonds de soutien aux organisations féministes

La délégation sénatoriale a pu s'entretenir, lors de la CSW, avec de nombreuses organisations soutenues par le FSOF, en particulier des organisations qui interviennent au Maghreb, au Sahel et en Ukraine. Toutes ont salué l'appui bienvenu de ce fonds, qui soutient directement des associations qui agissent sur le terrain.

Le FSOF a également soutenu pendant deux ans l'ONG Begum Organization for Women en Afghanistan - dont la délégation a rencontré la présidente en mai dernier - afin de proposer des programmes éducatifs et récréatifs aux femmes et aux filles afghanes, via les émissions de radio de l'organisation.

Alors que le financement de l'aide publique au développement (APD) est menacé, dans un contexte budgétaire contraint, la délégation rappelle son attachement à la mise en oeuvre d'une APD genrée et dont une partie des fonds doit continuer à bénéficier directement à des organisations féministes de terrain.

2. Un appui à la participation d'organisations féministes aux instances multilatérales

La délégation se félicite du lancement de l'Alliance féministe francophone, un consortium d'organisations de la société civile coordonné par Equipop, le Fonds pour les Femmes en Méditerranée (FFMed) et la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH) - organisations avec lesquelles elle a pu échanger lors de la CSW.

Ce projet vise à favoriser la participation d'organisations féministes francophones aux processus de négociation et de décision au sein des instances multilatérales et des sommets internationaux et à renforcer leurs capacités techniques pour agir sur les enjeux multilatéraux.

Alors que les mouvements anti-droits parviennent de mieux en mieux à faire entendre leur voix, de façon professionnalisée et structurée, au sein des instances multilatérales et lors des sommets internationaux, l'objectif est de permettre aux organisations et militantes féministes de se faire, elles aussi, mieux entendre et de lever les principaux obstacles auxquels elles se heurtent, tels que la faiblesse des financements, le manque d'espace de coordination et de formation, et la barrière linguistique.

Les activités de l'Alliance, lancées en 2025, s'appuient sur un financement du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, à travers un mécanisme de l'Agence française de développement (AFD), à hauteur de cinq millions d'euros sur trois ans.

La délégation suivra avec attention la mise en oeuvre de ce projet ainsi que son financement, dans un contexte où les crédits octroyés à l'aide publique au développement sont aujourd'hui menacés.

3. Un laboratoire pour soutenir les organisations travaillant sur les violences fondées sur le genre en ligne

La défense des droits des femmes et des filles dans l'environnement numérique constitue l'une des priorités de la diplomatie féministe de la France, qui a, conjointement avec les Pays-Bas, porté et fait adopter en 2024 une résolution à l'Assemblée générale des Nations unies sur les violences faites aux femmes et aux filles en ligne.

Dans ce cadre, a été lancé, en 2024, le Laboratoire pour les droits des femmes en ligne, qui se veut une plateforme de collaboration et d'échanges et un incubateur de projets concrets destinés à identifier, prévenir et endiguer les violences fondées sur le genre en ligne et facilitées par la technologie. Les projets sélectionnés dans le cadre d'un appel à projet annuel bénéficient d'un accompagnement des membres du Laboratoire et d'un soutien financier du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

Ainsi, l'association Brain Builders Youth Initiative, une des lauréates de l'appel à projets, a développé un chatbot généré par intelligence artificielle, en anglais et français, qui permettra d'accompagner, de soutenir et de venir en aide aux victimes de violences fondées sur le genre, en ligne ou facilitées par la technologie (cyberharcèlement, deepfake pornographique, diffusion de données personnelles, diffusion non consentie de contenus intimes, etc.). Cet outil sera disponible au Nigéria, au Ghana, au Togo, au Cameroun et au Bénin.

Delphine O, Ambassadrice, secrétaire générale du Forum Génération Égalité (Pékin+25), a présenté ce laboratoire en conclusion de l'événement parallèle organisé par la délégation et ainsi souligné le fait que si l'intelligence artificielle peut être utilisée à mauvais escient, par exemple s'agissant des deepfakes pornographiques, elle peut aussi l'être à bon escient pour soutenir la cause des femmes et venir en aide aux femmes victimes de cyberviolences.

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