2. Le rééquilibrage au sein de l'exécutif : le déclin de la fonction présidentielle

Le Président de la République perd un grand nombre de ses prérogatives au profit du Président du Conseil et du Gouvernement.

Ainsi le pouvoir exécutif n'est plus confié au Président de la République qui l'exerçait avec l'assistance des ministres, mais au Conseil des Ministres.

Le Président de la République peut présider le Conseil des Ministres lorsqu'il le désire, mais sans prendre part au vote. Il nomme toujours le Chef du Gouvernement mais après consultation du Président de l'Assemblée et sur la base de consultations parlementaires impératives. Il ne peut plus révoquer le Premier ministre ou les Ministres.

Le Premier ministre devient le véritable centre de décision. Comme chef du Gouvernement, il représente celui-ci et s'exprime en son nom. Il préside en principe le Conseil des Ministres et assure de droit la vice-présidence du Conseil Supérieur de la Défense.

3. L'accroissement des attributions de la présidence de la Chambre des Députés

Le Gouvernement, pour exercer ses prérogatives, doit obtenir la confiance de la Chambre dans un délai de trente jours.

Parallèlement, le Président de la Chambre, M. Nabib Berry, par ailleurs chef du mouvement Amal, voit son rôle renforcé. Elu pour quatre ans (au lieu d'un an), il intervient lors de l'élection du Président de la République et au moment du choix du Premier ministre. Il a la maîtrise de l'ordre du jour de l'assemblée, ce qui lui permet de s'opposer à la discussion d'un texte d'origine gouvernementale.

* *

*

Au total, la révision constitutionnelle issue de l'accord de Taëf entérine sur le plan juridique la moindre influence des chrétiens et la plus grande place des musulmans , notamment des sunnites qui détiennent la fonction constitutionnelle la plus importante, à savoir la présidence du Conseil.

Il reste que les pouvoirs respectifs des trois présidents sont susceptibles de se neutraliser et de conduire à la paralysie. Le Liban est en fait dirigé par une " troïka " ou un triumvirat dont le bon fonctionnement suppose une entente constante entre les Présidents de la République, du Conseil des Ministres et de la Chambre des Députés. A défaut, les désaccords ou les conflits, lorsqu'ils surgissent, nécessitent l'arbitrage de Damas et entraînent un renforcement de la tutelle syrienne sur les affaires intérieures du Liban.

Les rapports de force au sein de ce triumvirat reflètent, en tout cas, la nouvelle répartition des responsabilités entre les chrétiens, les sunnites et les chiites.

Une fois de plus, les druzes sont écartés du partage des fonctions essentielles de l'Etat, d'où peut-être l'idée de confier à un druze la présidence d'un Sénat à mettre en place après la fin du confessionnalisme politique.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page