2. Les relations franco-palestiniennes : un lien très dense, ouvert sur l'avenir

Les Palestiniens considèrent la France comme un partenaire privilégié. Votre délégation en a eu maints témoignages au cours de sa mission. Notre pays se singularise en effet par la constance de son soutien au cours des deux dernières décennies. Cet appui présente une triple dimension : politique, institutionnelle, économique.

a) Un soutien politique et institutionnel

En premier lieu, notre pays a admis, l'un des premiers, la représentativité de l'OLP et de son chef et a encouragé les évolutions de leurs positions - la renonciation au terrorisme et la volonté de paix - qui à partir de 1988 a valu à l'organisation une reconnaissance internationale.

Le soutien français s'est manifesté très concrètement quand la France a porté secours à Y. Arafat à deux reprises, au moment de la guerre du Liban et lui a ainsi, sans doute, sauvé la vie. Le fidélité de la France à sa ligne de conduite -soutien à l'arrêt de la colonisation des territoires, à la préservation de l'unité territoriale, au règlement de la question des réfugiés, à la création d'un Etat palestinien, rappelée avec éclat lors de la visite du président de la République en octobre 1996 -vaut à la France un très large crédit, d'ailleurs reconnu bien au-delà des cercles du pouvoir.

Ce crédit toutefois n'est pas sans limite. Aux yeux des Palestiniens, la France n'emploie pas tous les moyens en son pouvoir pour influencer Israël. Les propos tenus à votre délégation par M. Y. Arafat lors de l'entretien qu'il lui a accordé apparaissent sans aucune ambiguïté à cet égard.

Le soutien politique se traduit sur le plan institutionnel à Jérusalem, à travers les attributions du Consulat général de France , comparables à celles d'une ambassade, compétent sur la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem.

La coopération culturelle traduit le souci d'inscrire dans la durée l'influence que nous confèrent nos prises de position politiques. Ainsi, notre diplomatie cherche à promouvoir le français, promis à devenir la deuxième langue étrangère dans les programmes de l'enseignement prévus dans les années à venir. Dans cette perspective, les besoins de formation en français pour les futurs enseignants apparaissent considérables alors même que notre langue ne fait pas encore l'objet d'un enseignement à un niveau approprié au sein de l'université. Pour l'heure, les initiatives françaises n'ont pas manqué dans le domaine scolaire avec la création d'une filière bilingue au sein de quatre écoles pilotes choisies par les autorités palestiniennes -deux à Gaza, une à Naplouse, une à Bir Zeit). Onze enseignants et conseillers pédagogiques coopèrent à cette action.

En outre, dans le cadre de la coopération culturelle, la France cherche également à renforcer les structures de la future entité palestinienne à travers la formation des cadres. Cette orientation s'est manifestée notamment par la création du centre de droit de l'université de Bir Zeit destiné à devenir le principal organe de consultation législative et juridique des territoires et par la mise en place d'un programme spécial de formation des jeunes cadres palestiniens.

b) Une aide économique importante qu'il convient de conforter

Les échanges commerciaux , difficilement séparables des échanges avec Israël, se caractérisent par leur déséquilibre : les exportations françaises s'élèvent sans doute à 250 millions de francs tandis que les ventes de produits palestiniens en France ne dépassent pas 2 à 3 millions de francs. L'économie palestinienne relève aujourd'hui, en effet, d'une logique d'aide. L'appui de la France s'est traduit par un engagement financier de l'ordre de 385 millions de Francs en 1995 (115 MF pour les actions bilatérales et 155 MF pour l'aide multilatérale) : cette aide classe notre pays au 6e rang des donateurs.

L'aide bilatérale présente deux volets principaux :

- un soutien au secteur privé (25 MF sur la période 1993-1996) à travers le financement de 11 projets dans les secteurs de la santé (équipement des hôpitaux et industries pharmaceutiques), tourisme (hôtels), agro-alimentaire et bâtiment ;

- une aide au secteur public (217,5 MF) : eau et assainissement, équipement pour la police, la santé, les infrastructures municipales et la télévision.

Le port de Gaza constitue cependant le projet phare mais le montant qui lui était destiné - 100 millions de francs - n'a pu être décaissé faute des autorisations israéliennes nécessaires.

Bien que soucieuse avant tout de concentrer son soutien sur des projets de développement nécessaires au renforcement du cadre économique et institutionnel de la future entité palestinienne, la France a consenti, à titre exceptionnel, en 1995 un versement de 10 millions de francs pour financer le déficit budgétaire de l'autorité palestinienne.

Parallèlement à l'aide bilatérale, les concours de la France dans un cadre multilatéral revêtent deux formes principales :

- une contribution, à hauteur de 19 % sur la période 1994-1998, aux actions communautaires (dons de l'Union européenne et prêts de la Banque européenne d'Investissements) soit 149 millions de francs d'aide annuelle ;

- la participation au financement de l' UNRWA (11,5 MF en 1996).

Les fonds engagés de source bilatérale ou multilatérale ouvrent de nombreuses opportunités pour les entreprises françaises. Certains groupes intervenus dans les territoires à la faveur des procédures de financement françaises ont pu faire valoir leur savoir faire auprès des bailleurs de fonds multilatéraux et des pouvoirs publics palestiniens. Ainsi, la Lyonnaise des Eaux a été choisie par l'Autorité palestinienne de l'eau pour améliorer les services d'eau et d'assainissement dans l'ensemble de la bande de Gaza. Le contrat porte sur 9 millions de dollars. D'autres perspectives intéressantes se présenteront à l'avenir.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page