B. UNE SOCIÉTISATION N'APPARAÎT PAS INDISPENSABLE

1. Sociétisation n'est pas privatisation

Quand on absorbe la question du statut d'une entreprise publique, il est indispensable de procéder à une clarification de vocabulaire tant la langue française, si riche par ailleurs, manque quelque peu de nuances pour décrire les réalités en ce domaine.

En effet, par déformation angliciste ou autre cause, notre langue ne distingue pas la différence essentielle qui existe entre, d'une part, endosser les " habits juridiques " d'une personne morale de droit privé tout en demeurant une personne morale de droit public et, d'autre part, de personne publique devenir personne privée. Dans les deux cas, elle emploie le même mot : " privatisation ", alors qu'une entreprise n'a un caractère privé que lorsque ce sont des intérêts privés qui la contrôlent . Une société anonyme dont l'Etat est propriétaire à 100 %, voire seulement à plus de 50 %, est une entreprise publique et non pas privée.

De 1937 à 1983, la SNCF a été une société anonyme détenue par l'Etat. Celui qui aurait argué qu'elle était privatisée parce qu'elle avait une forme sociale de nature commerciale se serait fait rire au nez !

C'est pourquoi, à l'occasion de la réflexion qu'il avait menée sur France Télécom, votre rapporteur avait forgé le néologisme " sociétisation " -qui semble en passe de s'ancrer dans le langage commun- pour exprimer sans ambiguïté l'idée qu'une entreprise publique pouvait être transformée en société anonyme sans être pour autant privatisée.

Aujourd'hui, les fonctionnaires de France Télécom sont devenus, pour partie, propriétaires de leur entreprise qui demeure une entreprise publique chargée du service public des télécommunications. Ils n'ont pas dû renoncer à leur statut ; France Télécom n'a pas été privatisée ; l'Etat en demeure l'actionnaire majoritaire. Ceux qui pendant longtemps ont répandu des rumeurs alarmistes et alarmantes sur ce sujet se sont donc fourvoyés dans une approche idéologique des réalités.

Est-ce à dire que, tout comme pour France Télécom, une sociétisation présenterait un intérêt pour les postiers, pour La Poste et pour la Nation ? Il ne le semble pas.

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