2. Une réforme récente

a) Le rééquilibrage de la grille tarifaire

De nombreuses critiques étaient adressées à la grille tarifaire en vigueur avant le 1er mars 1997.

Il lui était d'abord reproché d'aboutir à des incohérences techniques qui entraînaient, par exemple, qu'au-dessous de 70 grammes, les publications acheminées en régime " urgent " payaient un affranchissement moins coûteux que les publications adressées au tarif " non urgent ".

On dénonçait également une forme de péréquation, qui n'était plus guère justifiable, entre les diverses catégories de titres . Ainsi le taux de couverture des frais de distribution postale par les éditeurs variait de 10,4 % pour les quotidiens et les hebdomadaires de moins de 70 grammes, à 45 % pour les quotidiens et les hebdomadaires dont le poids était compris en 500 et 600 grammes. A cet égard, la grille conduisait à faire supporter une partie du coût d'acheminement des journaux " légers " par les journaux les plus lourds 64( * ) .

Autre inconvénient : la grille tarifaire ne distinguait pas les prix en fonction des points d'entrée dans le réseau postal. Il en résultait que le taux de couverture des frais de distribution atteignait 25 % pour les quotidiens et les hebdomadaires acheminés en tarifs " routés " lorsqu'ils étaient transportés entre deux départements, alors que ce taux s'élevait à 40,51 % lorsque l'acheminement s'effectuait au sein d'un même département, ce qui revenait à faire subventionner par les journaux locaux, les journaux nationaux .

Sans compter en dernier lieu, que le barême de la grille provoquait, des effets de seuil, particulièrement sensibles lors du franchissement du seuil des 100 grammes (le passage du tarif de 47 à 90 centimes entraînant une hausse de + 91 %) et des 200 grammes (le tarif unitaire passant alors de 110 à 175 centimes, soit + 59 %). La discontinuité du barème, que ne justifiait aucun argument économique, conduisait en conséquence les éditeurs à " cibler " le poids de leurs revues pour optimiser leur position tarifaire.

Une table ronde réunie, de novembre 1995 à juin 1996, à l'initiative de M. François Fillon, ministre délégué à la Poste, aux Télécommunications et à l'Espace, a défini les principes d'une grille tarifaire économiquement plus neutre que la précédente. Ces principes tendent à donner une plus grande efficacité économique à la grille tarifaire , en accroissant la part du prix de la distribution postale payée par les éditeurs , tout en n'excluant de l'aide aucun des titres qui en bénéficiaient antérieurement .

La revalorisation tarifaire a pour effet d' accroître de 50 %, en cinq ans en francs constants, le revenu tiré par la Poste du service public du transport et de la distribution de la presse, ce qui correspond à un effort global pour la presse de 8,7 % par an . Dans le même temps La Poste s'engage à pratiquer un abattement forfaitaire annuel de 1,5 % sur sa formule de révision de prix, ce qui correspond à un effort de productivité équivalent.

Précisons toutefois que des mécanismes destinés à lisser les effets de la réforme sont prévus :

- un écrêtement et un étalement des hausses dans le temps ;

- un plafonnement différencié de la hausse pour les publications de moins de 100 grammes et pour les publications de plus de 100 grammes .

En outre, afin de tenir compte de l'incidence de la réforme sur les quotidiens et les hebdomadaires d'information générale et politique , un " ciblage des aides " -jugé insuffisant par le syndicat de la presse parisienne- est organisé en leur faveur. Entre 1997 et 2001, les factures relatives à l'acheminement des 298 titres admis à ce régime 65( * ) seront minorées chaque année de 5,6 %. Au total, en 5 ans, l'aide consentie sera d'environ 28 % 66( * ) .

Enfin des soutiens spécifiques sont insitutés pour venir en aide, d'une part, aux titres de moins de 100 grammes disposant de faibles ressources publicitaires, et d'autre part, aux titres qui seraient dans une situation difficile.

La Fédération nationale de la Presse française (FNPF) et le syndicat de la Presse Magazine et d'Information (SPMI) ont paraphé les accords du 4 juillet 1996. Cependant, si le protocole du 10 janvier 1997 précisant leurs conditions d'application a été signé par le SPMI et par les syndicats membres de la FNPF, le syndicat de la presse parisienne (SPP) s'y est refusé pour les raisons exposées ci- dessus.

Tirant les conséquences des principes posés par les accords " Galmot " précités et par le protocole d'application Presse-Etat-Poste du 10 janvier 1997, le décret n° 97-162 du 24 février 1997 a réaménagé la grille tarifaire.

Entrée en vigueur, le ler mars 1997, cette grille tarifaire linéaire opère une distinction entre le tarif " urgent ", le tarif " non urgent " et le tarif " contact " .

La distribution au tarif " urgent " (tarif 205) s'effectue à J ou J + 1 en fonction de l'heure de dépôt. Elle est plus coûteuse que la distribution au tarif " non urgent " (ou tarif 206) qui s'applique aux diffusions à J + 4. Quant au tarif " contact " , il s'applique aux quotidiens (notamment les quotidiens régionaux) qui déposent leurs exemplaires directement au bureau distributeur et obtiennent, de ce fait, une réduction sur le prix à payer.

Pour chacun de ces trois tarifs, la fixation du prix est fonction d'une part d'un coût fixe unitaire par numéro, et d'autre part d'un coût variable en fonction du poids de la publication.

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