2. Beaucoup d'entreprises de la vente par correspondance, la grande et moyenne distribution mais aussi la presse ont un besoin vital de La Poste

Plus encore que pour les autres entreprises, la fiabilité, l'efficacité et la régularité du service postal sont essentielles tant pour la vente par correspondance que pour la grande et moyenne distribution et la presse.

a) La vente par correspondance (VPC)

Depuis les années 1970, le secteur de la vente par correspondance a connu un fort développement en France. L'apparition de nouvelles techniques de vente, telles que le " télé-achat ", alliant la télévision, le téléphone et l'acheminement, a renforcé un mouvement né de l'urbanisation et du développement du travail des femmes.

De nos jours, le chiffre d'affaires annuel de la VPC française atteint environ 75 milliards de francs.

Il se répartit entre un peu moins de 50 milliards de francs pour les ventes aux consommateurs, 13 milliards de francs pour le trafic entreprises-entreprises et 12 milliards de francs à l'international 79( * ) . Il est réalisé pour près de 95 % par les 250 sociétés membres du syndicat des entreprises de vente par correspondance et à distance. Le secteur de la VPC qui est fortement implanté dans le Nord de la France emploie directement quelque 30.000 salariés.

Tous les secteurs de l'économie française ont recours à la VPC grâce à laquelle s'effectuent 2,5 % du commerce total en valeur et jusqu'à 6 % du commerce non alimentaire, voire même 30% des ventes dans certaines filières telles que celles du meuble et de la literie.

La Poste intervient à tous les stades de cette activité : prospection commerciale, envois des catalogues, gestion des commandes, acheminement des colis. Les coûts engagés par les " VPCistes " dans leur démarche marketing sont très élevés : la simple fabrication et l'acheminement d'un catalogue représentent, pour les plus importants d'entre eux, un investissement supérieur à la construction d'un supermarché, terrain et équipements compris.

Pour les entreprises de VPC, le coût des dépenses postales équivaut, en moyenne, à leurs frais de personnel , soit environ 8 à 12  % de leur chiffre d'affaires. Dans ces conditions, toute hausse du tarif postal pèse considérablement sur leurs résultats.

C'est ainsi qu'une filiale d'un grand groupe de VPC après avoir subi une hausse de tarif de 7 % sur des envois classés " postimpacts non mécanisables " qui constituaient une part importante de sa prospection commerciale, a vu ses coûts d'affranchissement s'accroître de 7 millions de francs et son résultat net devenir négatif.

Paradoxe apparent, les hausses des tarifs postaux appliqués à la VPC peuvent coûter cher à La Poste.

Ainsi, le catalogue " Together " diffusé, chaque semestre, par les Trois Suisses à 1 million d'exemplaires ayant fait l'objet d'un changement de tarification (son coût d'affranchissement passant de 3 à plus de 6 francs) en raison de dimensions non " normalisées ", Les Trois Suisses ont été contraints de réduire son format. Cette décision a eu deux conséquences : un préjudice commercial -le produit était moins attractif-, et aussi une perte de chiffre d'affaires de 400.000 francs pour La Poste.

Plus important encore, la prospérité de nombreux VPCistes dépend étroitement de la bonne marche des services postaux, particulièrement les petits VPCistes qui ne disposent pas de réseau propre. Mais les plus grosses entreprises telles que La Redoute, Les Trois Suisses et Yves Rocher ne peuvent supporter de rupture dans la continuité du service postal, même si elles conservent de larges marges de manoeuvre (La Poste n'assurant que 30 % de leurs envois).

Pour toutes, il est vital que les prospections, les promotions, les catalogues et les colis parviennent à leurs destinataires dans des délais précis et prévisibles. A tort ou à raison, la clientèle associe, en effet, toute interruption du service postal à l'impossibilité de recourir à la VPC. Quant à la rapidité de livraison, l'exigence du client est d'autant plus forte que certains VPCistes s'engagent sur les délais d'acheminement des colis. La formule " 48 heures chrono ", adoptée par l'un d'eux, a véritablement fait florès et l'efficacité de la profession est jugée désormais à cette aune.

L'avenir même de la VPC est indissociable de l'existence d'un service postal capable de répondre à ses besoins et aux exigences de ses clients. La meilleure preuve en est que la vente par correspondance connaît son plus fort développement dans les pays qui disposent des services postaux les plus fiables. Elle réalise des scores commerciaux tout à fait conséquents en Europe du Nord, où les postes sont habituellement très efficaces, alors que son développement est faible dans les pays du Sud de l'Europe où, d'une manière générale, le service postal est considéré comme déficient.

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