B. LES AMÉLIORATIONS À APPORTER AU DISPOSITIF EXISTANT

Toutefois, cette énumération des fausses bonnes solutions ne doit pas laisser croire que le dispositif actuel n'est susceptible d'aucune amélioration. Au contraire, le groupe de travail a répertorié cinq pistes de réflexions pour rendre le système de traitement du surendettement plus performant : développer des outils statistiques d'évaluation ; renforcer l'efficacité du fichier des incidents de crédits aux particuliers (FICP) ; intégrer la dimension sociale dans le traitement du surendettement ; harmoniser cette procédure avec la procédure de saisie immobilière ; adapter le système actuel pour lui permettre de faire face aux situations inextricables.

1. La nécessité impérative de mettre en place des outils statistiques d'évaluation

Le groupe de travail a déjà eu l'occasion de souligner à maintes reprises le manque d'éléments statistiques en quantité et en qualité suffisantes. Cette lacune a d'ailleurs constitué le principal frein à la mission du groupe de travail.

D'une part, elle l'a gêné dans ses investigations : comment, en effet, analyser de manière approfondie le phénomène du surendettement lorsqu'il n'existe aucune statistique mise à jour régulièrement sur le profil des surendettés, sur les causes du surendettement, ou encore sur les relations entre l'endettement et le surendettement ? De même, comment dresser un bilan du dispositif actuel sans informations précises sur la nature des plans conclus et leur évolution, sur la fréquence d'utilisation des outils mis à la disposition des commissions de surendettement en phase amiable comme en phase de recommandation, sur le nombre de plans ayant abouti à une solution définitive, sur les décisions d'irrecevabilité...?

D'autre part, et c'est encore plus dommageable, ce manque d'informations a gêné le groupe de travail dans l'élaboration de ses conclusions. Persuadés que trop de lois tuent la loi et conscients que la loi Neiertz a déjà été profondément réformée en 1995, vos rapporteurs ont adopté comme principe d'action de ne proposer des modifications législatives que lorsqu'elles s'avèrent indispensables pour rendre le système actuel plus performant et que les résultats escomptés ne peuvent être obtenus par d'autres moyens. Or, cette tâche est rendue difficile par l'absence d'outils statistiques. Certes, grâce d'une part aux nombreuses auditions des représentants de l'ensemble des acteurs concernés par le phénomène du surendettement et, d'autre part, aux multiples déplacements sur le terrain, vos rapporteurs ont rassemblé des informations et des impressions très utiles. Pour autant, pouvaient-ils proposer des réformes à partir d'un faisceau d'indices, surtout lorsque ces dernières sont audacieuses et risquent donc d'être contestées ? Confronté à cette question délicate, le groupe de travail a répondu par l'affirmative, estimant qu'il était de la responsabilité des parlementaires de faire des propositions même en l'absence de tous les éléments d'information nécessaires, dans la limite des constats qui ont pu être dressés.

Toutefois, il est impératif de remédier à cette situation. Dans cette perspective, deux sortes de mesure sont à prendre rapidement.

D'une part, il faut mettre en place les outils statistiques nécessaires à la bonne appréhension du phénomène du surendettement. 21( * )

D'autre part, il faut doter les commissions de surendettement d'un dispositif d'évaluation performant non seulement en développant les études comparatives (sur les méthodes de fonctionnement, sur la composition des plans...), mais également en utilisant le "scoring" dans l'élaboration des plans 22( * ) . Jusqu'à présent, seuls les établissements de crédit se servent de cette technique pour apprécier la capacité de remboursement des emprunteurs. Pourtant, cet outil statistique pourrait être adapté au travail des commissions de surendettement. Le groupe de travail est conscient que la construction d'un tel outil demandera beaucoup d'énergie, puisqu'il faudra étudier les corrélations entre certaines variables socio-économiques caractérisant les surendettés ayant déposé un dossier et leur impossibilité de respecter le plan proposé. En outre, se pose la question de son financement, qui devrait être assumé, de même que la production de statistiques, par l'État puisque le traitement du surendettement, même s'il est assuré par la Banque de France, constitue une mission de service public. Toutefois, à moyen terme, le "scoring" permettrait d'augmenter le taux de réussite réel des plans conventionnels en les adaptant mieux aux profils des ménages concernés.

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