3.2 Les principales attentes des usagers des ports français
La préoccupation numéro un des usagers des ports français, qu'ils soient armateurs, commissionnaires de transport ou chargeurs, est la garantie de fiabilité. Ce critère prédomine largement tous les autres.
Pour les armateurs, les insuffisances actuelles de fiabilité se mesurent en pertes de temps et d'argent qui pénalisent le niveau de compétitivité de leurs coûts d'escale dans les ports concernés et risquent de les amener à ne plus les desservir en direct pour ne pas affecter le planning et la rentabilité de l'ensemble de leur rotation.
Pour les chargeurs et commissionnaires de transport, cette préoccupation se mesure également en conséquences financières de l'immobilisation prolongée de leurs marchandises. Mais elle exprime surtout leur souci majeur de pouvoir disposer d'une offre de transport maritime satisfaisante. Leur préoccupation de fiabilité est déterminée par la nécessité d'attirer et de pérenniser la présence des grandes compagnies maritimes dans les ports français.
Cet objectif prioritaire de garantie de fiabilité dépend en premier lieu de la capacité des ports français à assainir leur climat social par l'application et l'achèvement de la réforme portuaire qui doit aboutir à la généralisation du droit commun du travail et à la suppression de tous les monopoles de fait.
Pour tous les usagers rencontrés lors l'enquête, la réforme engagée devait certes concerner en priorité l'activité de manutention. Mais son application doit être, à la fois, menée à son terme dans le domaine prioritaire de la manutention et étendue à toutes les activités de service nécessaires au développement de la compétitivité d'un port. Elle doit notamment viser la suppression des monopoles de fait sur toutes les prestations de services portuaires à terre (camionnage, utilisation des hangars portuaires, empotage/dépotage, statut des conducteurs de grues et portiques, etc.). Ils estiment qu'elle doit aussi concerner les activités maritimes de pilotage et de remorquage et aboutir à l'instauration de véritables relations commerciales entre ces professions et leurs clients armateurs, tout en tenant compte des nécessaires impératifs de sécurité.
Outre la garantie de fiabilité, tous les usagers attendent de l'application et de l'achèvement de la réforme portuaire une amélioration de la productivité et de la qualité des services portuaires, ainsi qu'une réduction des tarifs pratiqués (droits de port, pilotage, remorquage, manutention, etc.).
Cependant tous les usagers sont clairement conscients que l'amélioration de la compétitivité du transport ne se joue pas uniquement au niveau du maillon portuaire et qu'elle nécessite une démarche globale prenant en compte tous les maillons des chaînes de transport multimodales. En conséquence, les chargeurs, les commissionnaires de transport, les armateurs, ainsi que les ports et leurs prestataires de services, s'accordent tous pour considérer que l'amélioration de la qualité et de la compétitivité des accès terrestres des ports français est devenue encore plus importante pour leur développement dans un contexte d'ouverture et de libéralisation du marché européen.
Pour tous les usagers rencontrés, cette amélioration passe bien sûr par une réduction des coûts de transport routier qui reste le mode d'acheminement dominant. Mais elle passe aussi et surtout par un développement des autres modes de transport terrestre (rail et fleuve) qui contribuent au succès des ports d'Anvers et Rotterdam en leur permettant de massifier leurs flux. Un tel développement suppose certes des infrastructures techniquement adaptées. Mais il signifie également l'ouverture de l'accès au réseau ferré français à des opérateurs de transport privés pour la mise en place de corridors ferroviaires reliant les ports français aux principaux marchés européens au moyen de navettes efficaces et économiques.