C. UNE POLITIQUE ACTIVE EN MATIÈRE D'ÉCHANGES EXTÉRIEURS

1. La réorientation rapide des échanges commerciaux en direction des pays autres que ceux de la CEI

Avant le démembrement de l'Union soviétique, l'Ouzbékistan était l'une des républiques fédérées les plus intégrées, l'une de celles dont les échanges extérieurs (internes à l'Union soviétique, bien évidemment) représentaient la plus grande part du produit intérieur, soit plus de 69,2 %. En 1995, le montant total des importations de ce pays s'élevait à environ 3,6 milliards de dollars et les exportations à 3,8 milliards de dollars, permettant à l'Ouzbékistan de dégager un solde commercial positif de 200 millions de dollars. En 1996, les importations se sont élevées à environ 4,7 milliards de dollars et les exportations à 3,8 milliards de dollars, soit un solde commercial négatif d'environ 900 millions de dollars.

Le montant des échanges commerciaux de l'Ouzbékistan avec les autres états de la CEI a diminué , cette même année, de 16 % alors que les échanges extérieurs augmentaient de 13 %. Si cette évolution procédait en partie du différentiel du cours des produits échangés à l'intérieur de la CEI et dans le reste du monde en 1995, cela traduit bien, pour 1996, une réorientation des échanges extérieurs vers les pays non membres de la CEI.

a) Les échanges commerciaux au sein de la zone CEI

A l'intérieur de la CEI, l'Ouzbékistan s'affranchit progressivement d'une relation trop exclusive avec la Russie, mais sans se rapprocher vraiment des autres Etats d'Asie centrale.

En 1993, près de 58 % des exportations de l'Ouzbékistan vers les autres Etats de la CEI étaient destinés à la Russie, qui lui fournissait plus de 55 % de ses importations. Au premier semestre 1995, ces proportions n'étaient plus respectivement que de 30 % et 47,5 % (soit 16 % de l'ensemble des exportations et un tiers de l'ensemble des importations).

Avec les voisins d'Asie centrale, les projets d'union économique n'ont encore produit aucun résultat tangible et les échanges commerciaux procèdent principalement de l'interdépendance héritée de la période soviétique : l'Ouzbékistan livre du gaz naturel et de l'électricité au Kazakhstan, au Tadjikistan et au Kirghizstan. Il importe encore du gaz naturel du Turkménistan et importait naguère des céréales (2 millions de tonnes) et des produits métallurgiques du Kazakhstan, qui n'est plus en mesure de lui en fournir actuellement.

b) Les échanges hors zone CEI

Les échanges de l'Ouzbékistan avec les pays non membres de la CEI ont augmenté de 14 % en valeur en 1994, de 60 % en 1995 et de 44 % en 1996. Cette augmentation résulte du coût des matières premières sur les marchés internationaux, notamment du prix du coton qui représente près des quatre-cinquièmes des recettes en devises du pays et des importations de biens d'équipement.

Les principaux partenaires de l'Ouzbékistan non membres de la CEI sont les pays dont relèvent les grandes sociétés de négoce international de matières premières, c'est-à-dire les Etats-Unis (AIOC, Cargill, Dunavant), la Grande Bretagne (Meredith Jones, Ralli, Glencor), la Suisse (Stahel Harmeyer, Reinhart), les Pays-Bas (Richco) ou des exportateurs de biens d'équipement, tels que l'Allemagne, ou de biens de consommations, tels que la Turquie, la Chine ou la Corée du Sud. Ces huit pays accaparent une part importante des échanges extérieurs de l'Ouzbékistan, soit plus de 58 % des importations en 1996 et plus de 46 % des exportations.

En 1996, la part de l'Allemagne dans le commerce extérieur de l'Ouzbékistan avec les pays hors CEI est restée stable (7 %), et celle de la Suisse a diminué de 12 % en 1995 à 7,6 % en 1996 au profit des Etats-Unis dont la part dans le commerce extérieur est passé de 1,1 à 11 % selon les statistiques officielles. Les principaux clients de l'Ouzbékistan ont été la Grande-Bretagne, qui a absorbé 10,4 % de ses exportations hors CEI, la Suisse (9,3 %), les Etats Unis (8 %) et la Corée du Sud (7,6 %).

La chute des importations est essentiellement due à une politique très restrictive en matière de change, les pays exportateurs de biens de consommation courante ayant vu leur part de marché diminuer significativement. C'est ainsi que les importations en provenance de Turquie, qui représentaient 39 % du total des importations en 1995, ont chuté à 11,2 % en 1996.

L'Ouzbékistan accueille encore peu d'investisseurs étrangers, en dépit du nombre de sociétés mixtes. Les investissements réalisés sont néanmoins de grande ampleur, qu'il s'agisse de l'exploitation de mines d'or par la société américaine Newmont Mining, de la construction d'une usine automobile par Daewoo ou de la modernisation de l'industrie du tabac par British & American Tobacco. Compte tenu de la taille de l'économie ouzbèke (son PIB est estimé à 14 milliards de dollars), ces opérations ont une incidence directe sur les indices de croissance.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page