2. L'encadrement du marché des changes et ses effets sur l'économie

Le risque de change est le risque le plus important que l'Ouzbékistan fait courir aux hommes d'affaires étrangers qui ont des activités commerciales sur son territoire . L'évolution du cours du soum tout au long de l'année 1996 est en effet révélateur. Ainsi, au cours de la période allant de fin juillet à début octobre 1996, la dépréciation nominale au cours officiel de la monnaie nationale, a été de 6,2 % (passant de 38 à 40,5 soums pour 1 dollar) alors que le taux sur le marché parallèle s'est déprécié de 28 % (passant de 51 à 70 soums pour 1 dollar). Le cours de la monnaie nationale, mise en circulation en juin 1994, et qui été dévaluée de 40 % en 1995, s'est stabilisé en 1996 du fait d'une politique de soutien artificiel. Néanmoins, cette politique a entraîné un écart avec le cours du marché " noir " atteignant 55 % fin 1996 et plus de 160 % en avril 1997.

Les procédures de change, dont les modalités échappent totalement aux observateurs extérieurs, ont été modifiées à plusieurs reprises par les autorités monétaires , et les banques commerciales ne disposent toujours pas librement de leurs avoirs, les transferts effectués au profit d'importateurs de biens de consommation devant toujours être expressément autorisés. Les sociétés, dont la totalité des recettes n'a pas été convertie, se voient proposer la possibilité d'accès à une bourse de " matières premières " où les prix pratiqués se situent à 10 ou 20 % au-dessus des cours mondiaux. Selon le Président Karimov, les montants convertis en 1996 seraient de 3,3 milliards de dollars, contre 1,3 milliard de dollar l'année précédente.

Les réformes annoncées par le Président Karimov concernant l'accès des banques commerciales au marché interbancaire des devises ont eu d'abord un effet d'annonce positif puis le marché parallèle a rapidement réagi en dévaluant le soum de 5 % qui est revenu à son taux de 110 soums pour 1 dollar.

En désaccord avec cette politique de change, le FMI a suspendu en décembre 1996 la signature de l'accord prévoyant l'octroi d'un crédit de confirmation de 185 millions de dollars, conditionné par la libéralisation de ce marché. Les organisations internationales avaient en effet attendu 1995, et le début des réformes, pour se décider à accorder leur soutien à l'Ouzbékistan : en janvier 1995, le FMI a versé au Gouvernement, au vu de son programme économique, 900 millions de dollars, suivis d'une deuxième tranche de crédit de 260 millions de dollars (facilité de transformation systématique) en décembre de la même année ; il lui a fixé alors pour objectifs de libéraliser le marché des changes et d'appliquer une politique monétaire et financière stricte.

L'encadrement de la politique des changes rend ainsi fragile les progrès ouzbèkes dans la lutte contre l'inflation et le contrôle du déficit budgétaire.

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