3. Les politiques internes

Les politiques internes de la Communauté n'ont pas vocation à se substituer aux politiques conduites par les Etats membres, mais simplement à apporter une plus-value aux dispositifs nationaux. Les montants présentés par la Commission pour la rubrique 3 doivent donc s'apprécier au regard de la question suivante : compte tenu de l'efficacité de telle ou telle politique interne, les crédits qui lui sont consacrés par la Communauté ne seraient-ils pas mieux utilisés, dans le même domaine, par les Etats membres ? Sur la base de cette interrogation, il y a lieu de distinguer trois séries de politiques internes :

- la politique de la recherche, pour laquelle le souci d'efficacité devrait conduire à une réduction des crédits européens ;

- la politique des réseaux transeuropéens, pour laquelle l'intervention de l'Union européenne trouve toute sa justification ;

- les autres politiques internes, dont le montant total devrait être diminué ou, à tout le moins, faire l'objet d'une redistribution entre les différentes actions.

a) La politique de la recherche : des crédits manifestement excessifs

Les dotations consacrées à la politique de la recherche couvrent à elles seules plus de 60 % des crédits des politiques internes. L'exposé des motifs de la proposition E 1049 indique clairement que " la part de la recherche dans les dotations de la rubrique 3 devrait au moins être maintenue " par rapport à la situation actuelle. En d'autres termes, ce sont au minimum 4 milliards d'euros qui, selon la Commission, devraient être consacrés chaque année à la recherche , cette somme étant appelée à augmenter durant toute la période de programmation.

Un tel montant ne saurait être admis eu égard au principe de subsidiarité et aux résultats obtenus jusqu'à présent par la politique européenne en matière de recherche.

Il conviendrait en effet de tirer les leçons de la mise en oeuvre du quatrième programme-cadre de recherche, de développement technologique et de démonstration (PCRD), couvrant la période 1994-1998, qui a donné lieu à de multiples critiques parmi lesquelles on citera :

- l'extrême dispersion des crédits, puisque près d'un tiers des 25.000 projets présentés chaque année sont acceptés par la Commission ;

- le coût exorbitant des dépôts de dossier au regard des sommes en jeu, lié par exemple à la nécessité de publier les appels à proposition dans les onze langues officielles de la Communauté ;

- l'absence de véritable légitimité de certaines interventions, qui ne s'accompagnent pas d'actions concertées entre Etats-membres (au mépris du principe de subsidiarité) ou se préparent sans concertation avec les entreprises, pourtant directement intéressées par la question.

Il ne s'agit bien entendu aucunement de prôner une diminution des crédits consacrés à la recherche en Europe. Bien au contraire, les Etats européens accusent un retard en ce domaine par rapport à d'autres grands pays industrialisés (Etats-Unis notamment) qu'ils devraient s'efforcer de combler. Mais ces efforts ne sauraient justifier un abondement des dotations de l'Union européenne consacrées à la recherche et au développement, abondement qui, en dépit du souci louable de la Commission de concentrer ses activités sur l'amélioration de la compétitivité européenne, ne ferait vraisemblablement qu'accentuer la dispersion actuelle.

Dans les conditions actuelles de mise en oeuvre de la politique de recherche de la Communauté, il serait à la fois plus efficace et plus conforme au principe de subsidiarité de ne point augmenter les crédits consacrés à cette politique, voire de les diminuer d'un montant significatif, les Etats membres devant de leur côté s'efforcer de développer la recherche.

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