b) Les réseaux transeuropéens : une priorité pour l'Union européenne

Le développement des réseaux transeuropéens, tout particulièrement dans le domaine des transports, favorise indiscutablement la construction européenne : il constitue non seulement un facteur de développement durable et de cohésion interne de l'Union européenne, en facilitant la circulation des personnes et des biens, mais également un facteur appréciable de croissance et de création d'emplois.

Pour autant, en dépit du souci, régulièrement réitéré, des institutions européennes de développer ces réseaux, les réalisations concrètes demeurent jusqu'à présent, pour utiliser un euphémisme, limitées.

Aussi doit-on soutenir la Commission dans son intention d'accroître sensiblement les dotations des réseaux transeuropéens dont le montant actuel (449 millions d'euros inscrits au budget pour 1999) paraît ridiculement bas eu égard aux avantages des interventions communautaires en ce domaine.

c) Les autres politiques internes

Les autres politiques internes, dont les dotations représentent aujourd'hui environ un tiers des montants de la rubrique 3 (1.385 millions d'euros en 1999), se caractérisent par leur extrême hétérogénéité et, il faut bien l'admettre, par une regrettable dispersion des crédits. De l'éducation à la justice, de l'emploi à l'énergie, de l'environnement à la culture, de la protection du consommateur à des actions dans le domaine agricole, force est de constater, ici encore, un indéniable saupoudrage des crédits, sans véritable logique, sans véritable réflexion quant à l'utilité effective des sommes engagées.

Autant certaines de ces politiques paraissent nécessaires au niveau national, autant leur mise en oeuvre au niveau européen semble générateur de gaspillages. A cet égard, il y a lieu de s'interroger sur la montée en puissance des interventions en faveur de l'emploi, inexistantes en 1995, et dotées de 197 millions d'euros, en crédits d'engagement, dans le budget 1999. Dans le prolongement du sommet de Luxembourg, 450 millions devraient ainsi être consacrés à l'emploi sur la période 1998-2000, comme si le problème de l'emploi était lié à la construction européenne, comme s'il se posait dans les mêmes termes dans les quinze Etats et appelait une réponse commune.

Bien entendu, il ne s'agit pas de nier l'utilité de l'intervention de l'Union européenne dans le domaine social . Il semble toutefois que celle-ci servirait encore mieux l'emploi en assurant d'abord sa propre protection contre les risques présentés par la mondialisation, en particulier contre le dumping social et écologique. C'est à la construction d'un modèle social et écologique que l'Union européenne doit s'atteler en toute priorité si elle veut parler d'une seule voix dans les négociations commerciales, et en particulier asseoir son autorité dans le cadre de l'OMC.

Il ne s'agit pas non plus de nier l'utilité que peut apporter la construction européenne dans la lutte contre le chômage . Bien au contraire, la réalisation d'un niveau élevé d'emploi figure parmi les objectifs de l'Union européenne et il ne saurait être question de le remettre en cause. Mais la réalisation de cet objectif sera la conséquence des progrès de l'Union dans l'ensemble des domaines relevant de sa compétence et non d'une mutualisation des politiques nationales de l'emploi. En particulier, les efforts pour améliorer le marché du travail doivent être encouragés, à condition -s'il ne s'agit point d'assurer une meilleure coordination- qu'ils soient menés dans un cadre national car aucun marché du travail n'est absolument identique à un autre. Pour ne prendre que le cas de la France, les 520 millions de francs qu'elle devra verser en trois ans au titre de sa contribution à l'initiative pour l'emploi seraient sans aucun doute mieux utilisés au niveau national, par exemple à l'amélioration du fonctionnement de l'ANPE.

Inversement, il y a lieu de s'interroger sur le silence de la proposition E 1049 en matière de lutte contre la fraude aux intérêts financiers, qui, si l'on ne retient que les seules irrégularités découvertes, a coûté aux Communautés plus d'un milliard d'écus en 1997, soit 6,5 % du budget. Encore cette somme, limitée à la fraude aux ressources propres, ne prend-elle point en compte les fraudes en matière de dépenses ; encore ne donne-t-elle qu'un aperçu d'une réalité beaucoup plus inquiétante puisque l'on peut raisonnablement penser que de nombreuses fraudes ne sont point découvertes.

Aussi paraît-il souhaitable de réduire le montant global de ces multiples politiques internes et de le concentrer sur certaines d'entre elles, véritablement utiles à la construction européenne.

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