TROISIEME PARTIE
MARCHE DU TRAVAIL ET UEM
1. INTRODUCTION
Les deux
parties précédentes ont montré les disparités des
marchés du travail des pays de l'UE : la première à
partir d'une analyse comparée des principales caractéristiques de
ces marchés ; la seconde en estimant au niveau
macro-économique et sur les années 90, le degré de
rigidité des salaires et de l'emploi. Nous nous intéressons dans
cette troisième partie aux conséquences que peut avoir la
diversité des marchés du travail sur le fonctionnement l'UEM, et
sur les réformes auxquelles pourrait conduire la participation à
la monnaie unique.
Pour cela, nous présentons dans une première section la
contribution des marchés du travail à la résorption de
chocs économiques affectant des pays participants à la monnaie
unique. Cette analyse s'appuie sur des simulations réalisées
à partir des résultats économétriques de la partie
précédente. La seconde section est prospective. Nous
étudions les modifications de la réglementation et des
comportements sur le marché du travail auxquels pourrait conduire l'UEM.
Puis, nous discutons l'opportunité de mettre en place des politiques
structurelles visant à harmoniser les marchés du travail ou
à accroître leur flexibilité.
2. LES CONSÉQUENCES DES DIFFÉRENCES DES MARCHÉS DU TRAVAIL SUR L'UEM
I. 2.1 LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE EN UEM
A. 2.1.1 UNE NOUVELLE ORGANISATION DES POLITIQUES MONÉTAIRE ET BUDGÉTAIRE
Avec le
lancement de l'euro au 1
er
janvier 1999, la gestion des politiques
économiques des pays de l'UE participant à cette monnaie unique
s'organise dans un cadre durablement nouveau. Bien sûr, la politique
monétaire devient commune aux 11 pays ayant adopté l'euro. Elle
est mise en place par la Banque centrale européenne (BCE),
indépendante des gouvernements et des institutions européennes,
et dont l'objectif premier est la stabilité des prix dans la zone euro.
Pour ceux qui, dans le SME, ont poursuivi avec succès un objectif de
stabilité du taux de change, le passage à la monnaie unique
déplace le centre de décision de l'Allemagne à la
communauté des 11 pays. En effet, l'Allemagne a joué un
rôle central dans la détermination de la politique
monétaire dans l'UE. Les pays dont le taux de change est resté
fixe par rapport au deutschmark (France depuis 1986, Belgique depuis 1982,
Pays
-
Bas) ont calqué leur politique monétaire sur celle de
la Bundesbank. Pour les autres pays, le passage à l'UEM constitue un
changement plus profond puisque des ajustements du taux de change nominal ont
jusqu'à récemment été nécessaires pour
rétablir leur compétitivité-prix vis-à-vis des pays
ancrés sur le deutschmark.
Les critères de finances publiques du traité de Maastricht,
prolongés par le Pacte de stabilité d'Amsterdam, posent des
limites aux déficits et dettes publics. Tout pays dont le déficit
public dépasserait 3% du PIB se verra imposer des sanctions
financières s'il ne corrige pas rapidement cette situation. L'objectif
principal est d'éviter qu'une fois en union monétaire, un pays
mène une politique budgétaire expansionniste dont le coût
serait supporté en partie par les autres participants à la
monnaie unique. Par le Pacte de stabilité, les pays participant à
l'euro s'engagent également à poursuivre des politiques assurant
l'équilibre budgétaire à moyen terme. A cet horizon, les
pays disposeraient alors de marges de manoeuvre budgétaires pour amortir
les fluctuations de l'activité économique. Actuellement, un grand
nombre de pays enregistre encore un déficit public proche de la limite
de 3% du PIB. Dans les premières années de l'UEM, ces pays
devront donc poursuivre une politique de réduction du déficit
public quelle que soit l'évolution de la conjoncture.