B. 2.1.2 DIFFÉRENCES STRUCTURELLES, CHOCS SYMÉTRIQUES ET CHOCS ASYMÉTRIQUES
La
mise en commun de la politique monétaire et l'encadrement de la
politique budgétaire réduisent la capacité de
réaction de chaque gouvernement face aux événements
économiques. Certes, la mise en commun de la politique monétaire
a pour avantage d'interdire des dévaluations compétitives,
inefficaces lorsque les pays européens sont confrontés à
un même problème (chocs pétroliers, hausse mondiale des
taux d'intérêt, ralentissement de la demande, etc.). Mais lorsque
les pays sont affectés de manière différente par des
événements économiques, ils perdent en UEM une partie de
leur capacité d'ajustement. La réunification allemande et les
trajectoires comparées de l'Allemagne, de la France et du
Royaume
-
Uni dans les années 90 en fournissent une illustration
intéressante. Il faut s'attendre à ce que les pays participant
à la monnaie unique continuent à l'avenir à subir des
chocs différents. Dans ce cas, si les gouvernements ne peuvent utiliser
la politique budgétaire, rien ne viendra atténuer les
conséquences économiques en termes de déséquilibre
(chômage, inflation) de chocs purement nationaux. Les économies
européennes risquent alors de devenir plus instables dans la mesure
où chacune d'elles est désormais moins à même
d'amortir les à-coups spécifiques à sa conjoncture.
Sur le plan théorique, des pays ont intérêt à faire
une union monétaire lorsque les inefficacités provenant de
comportements non-coopératifs l'emportent sur les besoins d'ajustement
des taux de change pour rééquilibrer la situation relative entre
ces pays. Ainsi, selon la théorie des zones monétaires optimales,
plus des pays sont comparables, plus la balance penche en faveur de la mise en
place d'une union monétaire. En effet, des pays dont les structures de
production et de financement sont proches, et dont les réglementations
sur les marchés des biens, des capitaux et du travail sont similaires,
sont moins susceptibles d'être affectés par des
événements très différents. La plupart des
études sur la convergence réelle des pays de l'UE ont
montré que les structures de production se sont plutôt
rapprochées au cours des 25 dernières années, même
si certains petits pays restent très spécialisés. En
revanche, les structures de financement des économies européennes
demeurent très différentes62(
*
). De même, les deux premières
parties de ce rapport ont présenté la diversité des
fonctionnements des marchés du travail. Tout ceci suggère que des
différences structurelles importantes perdurent entre les pays de l'UE.
Ces différences constituent des sources potentielles d'asymétrie
et ont deux types de conséquences. Tout d'abord, elles rendent probable
l'occurrence d'événements économiques n'affectant
initialement
qu'un seul pays. On parle alors de choc asymétrique.
Mais les différences structurelles peuvent également conduire des
événements
initialement
communs (on parle alors de choc
symétrique) à avoir des effets
finalement
différents d'un pays à l'autre. C'est par exemple le cas des
différences de fonctionnement des marchés du travail qui sont
susceptibles de faire que des chocs symétriques auront des effets
asymétriques.