B. QUATRE EXEMPLES DE LA PRÉSENCE INDUSTRIELLE ET COMMERCIALE FRANÇAISE AU BRÉSIL : CARREFOUR, LIGHT, RENAULT ET ALSTOM
1. " Light "
Dans le
cadre d'un groupement qui l'associe à deux partenaires américains
AES et Houston Industries, EDF détient plus de la moitié du
capital de cette société brésilienne de distribution
d'électricité acquise en 1996.
Première entreprise du secteur électrique à être
privatisée au Brésil, " Light " a dégagé
en 1998, 1,85 milliards de francs de bénéfices pour un
chiffre d'affaires de 9,22 milliards de francs.
M. Michel Gaillard, directeur général de " Light ", a
fait preuve d'optimisme : selon lui, l'immense marché
brésilien dont la croissance a été de 5,7 % en 1998
devrait encore progresser de 4 % en 1999, en dépit de la
récession.
Disposant ainsi de 21 % du marché brésilien de la
distribution de courant, EDF et ses partenaires américains souhaitent
désormais investir dans la production d'électricité.
Déficitaire avant la privatisation, " Light " a fait l'objet
d'une politique " d'assainissement " qui a fait passer l'effectif de
6.000 à 11.700 salariés de 1995 à 1999.
Dans le même temps, les investissements étaient
accélérés (en trois ans le groupement
franco-américano-brésilien a ainsi investi près de
5 milliards de francs pour remettre l'entreprise " à
niveau ").
Au mois d'avril 1998, " Light " a remporté l'appel d'offres
pour la privatisation d'Eletropaulo Metropolitana, la plus importante
société d'électricité en Amérique du Sud.
On relèvera cependant que c'est le groupe Tractebel (groupe
Suez-Lyonnaise) qui fit l'acquisition en 1998 du premier producteur
d'électricité brésilien privatisé (Gerasul).
2. Renault
Nouveau
venu au Brésil, Renault a vu ses ventes doubler dans ce pays en 1998
(20.000 véhicules).
Décidé à investir 914 millions d'euros d'ici à
2001 en Amérique Latine, dont 564 millions pour le seul
Brésil, le constructeur français espère porter sa part de
marché dans le MERCOSUR à 10 % soit
300.000 véhicules dont la moitié construite par l'usine
argentine de Cordoba et l'autre moitié dans la nouvelle usine
brésilienne " Ayrton Senna " de Curitiba.
Produisant des Scenic et des Clio 2 depuis l'automne 1999, le site
" Ayrton Senna " a été financé en partenariat
par Renault (détenteur de 60 % du capital de Renault do Brasil
Automoveis) et l'Etat du Parana (40 %).
L'objectif est de produire 120.000 véhicules par an dès 2001
et de doubler cette capacité en 2002.
L'usine de Curitiba pourrait rapidement générer
2.000 emplois directs et de 10 à 15.000 emplois indirects.
Il convient de rappeler que Renault ne détient actuellement que
1,3 % du marché automobile brésilien (7
ème
marché mondial avec près de 2 millions de véhicules
commercialisés en 1998) encore dominé par Wolksvagen, Fiat,
General Motors et Ford, qui produisent tous ensemble 1,6 million de
véhicules.
En portant sa part de marché brésilien de 4,4 % en 2000,
à 6 % en 2001 et 10 % en 2025, le constructeur français
va s'efforcer de conquérir sur cet immense marché
(2,7 millions de véhicules par an, à très court
terme, selon les estimations), une part se rapprochant de celle qu'il
détient actuellement en Argentine soit 75.000 véhicules
commercialisés chaque année (18 à 20 % du
marché argentin).
3. Alstom
Le
groupe Alstom réalise au Brésil un chiffre d'affaires de
3,5 milliards de francs et emploie 4.100 personnes.
Le groupe Alstom exerce ses activités dans différents
secteurs :
- le secteur ferroviaire avec ALSTOM TRANSPORTES. On distingue
l'activité " signalisation " (Alstom détient, sur le
segment, 100 % du marché brésilien) depuis le rachat, en 1995, de
la société CMW ; (effectif : 400 personnes ;
chiffre d'affaires : 500 millions de francs) et l'activité
" matériel roulant " (rachat de la société
MAFERSA : 1.300 personnes et 600 millions de chiffre
d'affaires), c'est-à-dire la construction de voitures de métro,
notamment pour Rio, São Paulo et Brasilia ;
- le secteur énergétique : Alstom possède une
unité de fabrication (ex-Mecanica Pesada) qui construit des turbines et
des équipements hydrauliques. Le groupe français participe dans
ce secteur à tous les grands ouvrages réalisés au
Brésil. Le secteur énergétique emploie
1.400 personnes et réalise un chiffre d'affaires d'un milliard de
francs.
- le secteur électrique : Alstom T&D fabrique des
appareillages de haute et de moyenne tension. Il possède deux
unités, l'une à Itajuba, l'autre à São Paulo. Il
emploie 500 personnes et réalise un chiffre d'affaires de
500 millions de francs ;
- l'ex-entreprise CEGELEC rachetée par Alstom, est implantée
dans l'énergie, le transport ferroviaire et la sidérurgie. Elle
emploie 500 personnes et réalise un chiffre d'affaires de
800 millions de francs.
Créée depuis deux ans pour bénéficier de la
croissance des commandes dans l'industrie automobile, ALSTOM INDUSTRIE emploie,
pour sa part, 30 personnes et réalise un chiffre d'affaires de
200 millions de francs.
4. Carrefour
Avec 113
supermarchés et 72 hypermarchés implantés dans 14 Etats du
Brésil en 1999 (47.000 employés au total), Carrefour constitue la
huitième entreprise Brésilienne avec un chiffre d'affaires de
4,2 milliards de dollars en 1999 devant le premier groupe de distribution
brésilien Pao De Açucar (3,9 milliards de dollars).
Détenant 20 % du marché alimentaire brésilien,
Carrefour n'a cessé de se renforcer dans la dernière
période en poursuivant une politique de rachat de supermarchés et
d'hypermarchés.
En 1999, il a ainsi acheté 13 supermarchés devenant le
n° 1 de la distribution au Brésil.
Après s'être implanté dans les régions de São
Paulo, Espérito Santo et Brasilia, le distributeur a récemment
conforté sa position dans la région de Belo Horizonte. Pour le
président directeur général de Carrefour, M. Daniel
Bernard " la complémentarité des hypermarchés et des
supermarchés (dont le chiffre d'affaires représente
désormais plus de 20 % de celui de l'hypermarché) va nous
permettre d'accélérer la conquête de parts de
marché, ce qui constitue la clé du développement
mondial ".
En 1999, le montant des investissements de Carrefour aura dépassé
les 350 millions de dollars investis au Brésil l'année
précédente.
Au total, l'Amérique latine a représenté près du
quart du chiffre d'affaires de Carrefour en 1998, soit 40,8 milliards de
francs, en progression de 8,4 % par rapport à 1997.
On rappellera que le distributeur français exploite aussi
21 hypermarchés en Argentine, 19 au Mexique, 1 en Uruguay, 1 au
Chili et 1 en Colombie.
Les relations privilégiées entre la France et l'Argentine se
manifestent tant au niveau du montant des investissements français que
dans la vigueur des échanges commerciaux franco-argentins notamment
depuis le retour à la croissance de l'économie argentine, au
début des années 1990.