N° 444

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000

Annexe au procès-verbal de la séance du 28 juin 2000

RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur la gestion et l'utilisation des dépenses éventuelles et accidentelles depuis 1990 ,

Par M. Louis-Ferdinand de ROCCA-SERRA,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Marcel Charmant, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.


Finances publiques.

 

AVANT-PROPOS

Mesdames, Messieurs,

Lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2000, votre rapporteur avait attiré l'attention sur l'évolution inhabituelle des crédits inscrits sur les chapitres 37-94 " Dépenses éventuelles " et 37-95 " Dépenses accidentelles " du budget des charges communes.

En effet, les crédits pour dépenses accidentelles sont passés de 450 millions de francs en 1999 à 1.640 millions de francs en 2000, soit une augmentation de plus de 260 %, les documents budgétaires n'évoquant qu'un vague " ajustement aux besoins " .

En commission, votre rapporteur avait alors interrogé sur ce point le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, alors M. Christian Sautter, qui ne lui avait apporté aucune réponse.

Au cours de la séance du 7 décembre 1999, consacrée à l'examen du projet de budget des charges communes, votre rapporteur a réitéré sa question.

La réponse du ministre ne lui a pas paru satisfaisante dans la mesure où elle consistait, non à apporter une explication, mais à constater un état de fait, à savoir, précisément, la forte augmentation des crédits alloués aux dépenses accidentelles.

Il avait, en effet, déclaré : " Evidemment, lorsque nous préparons un budget, nous ne pouvons pas prévoir les catastrophes qui surviendront ! Le gouvernement a toutefois, en la matière, fait preuve de prévoyance en dotant ce compte, dans lequel on puise largement lorsqu'il y a des catastrophes, de façon à ne pas être dépourvu le cas échéant. C'est d'ailleurs grâce à cela que nous avons pu mobiliser, à la suite des inondations qui ont eu lieu dans l'Aude et dans des départements voisins, 600 millions de francs dans le compte de 1999 " 1( * ) .

Le ministre fondait ainsi la forte augmentation des crédits inscrits sur le chapitre 37-95 du budget des charges communes pour 2000 par la nécessité de faire face aux catastrophes intervenues à la fin de l'année 1999, bien après la phase de préparation du budget !

Votre rapporteur, considérant que l'estimation de ce type de dépenses est entachée d'une grande incertitude, a dès lors décidé d'entreprendre un contrôle budgétaire sur l'utilisation et la gestion des dépenses éventuelles et des dépenses accidentelles, conformément aux dispositions de l'article 164-IV de l'ordonnance n° 58-1374 du 30 décembre 1958 portant loi de finances pour 1959.

Il convient d'ajouter que notre collègue Thierry Carcenac, rapporteur spécial du budget des charges communes à l'Assemblée nationale, a fait la même analyse.

Il note ainsi dans son rapport 2( * ) : " L'ampleur de l'ajustement dont bénéficie le chapitre 37-95 du budget des charges communes ne laisse pas d'étonner " . Il poursuit : " Il ne faudrait pas que les crédits inscrits sur ce chapitre dans le projet de loi de finances pour 2000 servent à remédier de façon commode à des évolutions de dépenses trop imprécises ou calibrées de façon trop juste, échappant ainsi à leur objet naturel qui est la couverture de dépenses réellement urgentes et imprévisibles " . Et il conclut : " Un examen attentif des justifications qui seront apportées, en 2000, aux décrets de dépenses accidentelles est nécessaire. L'analyse qui pourra en être faite [...] permettra alors de juger si la forte réévaluation de la dotation initiale demandée dans le présent projet ne doit pas être remise en question " .

*

* *

Les spécificités du budget des charges communes en rendent le contrôle budgétaire délicat.

En effet, y sont essentiellement inscrites, d'une part, des dépenses de constatation telles que la charge de la dette, les dépenses de garantie, les dépenses en atténuation de recettes, et, d'autre part, des dépenses de fonction publique telles que les rémunérations d'activité ou les dépenses liées aux pensions.

Dès lors, le contrôle budgétaire exercé par un rapporteur spécial ne peut porter que sur les crédits inscrits sur un ou plusieurs chapitres de ce budget.

Le présent rapport porte sur l'utilisation et la gestion des crédits alloués aux dépenses éventuelles (chapitre 37-94) et aux dépenses accidentelles (chapitre 37-95) du budget des charges communes.

Votre rapporteur a adressé au ministre de l'économie, des finances et de l'industrie et à la secrétaire d'Etat au budget un questionnaire précis sur la façon dont les dépenses éventuelles et accidentelles étaient utilisées et gérées depuis 1990.

Ce questionnaire a reçu des réponses de la part de la direction du Budget.

Votre rapporteur remercie cette direction, en particulier son bureau 1A, pour la qualité des réponses qui lui ont été apportées, et qui servent de base au présent rapport.

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