M. le président. La parole est à M. Pascal Savoldelli, pour présenter l’amendement n° 40 rectifié.

M. Pascal Savoldelli. Cet article vise à supprimer le bénéfice des réductions dans les transports en Île-de-France pour les bénéficiaires de l’AME.

Nous avons déjà voté tout à l’heure pour priver les étudiants du droit d’entrer, puis pour envisager une caution, et nous continuons dans le même sens ! En effet, nous indiquons à présent aux bénéficiaires de l’AME qu’ils ne peuvent plus avoir droit à des réductions dans les transports en Île-de-France.

Je prie les élus qui ne sont pas d’Île-de-France de m’excuser pour la remarque, mais cette mesure est une marotte francilienne. Valérie Pécresse a déjà fait adopter un tel dispositif en février 2016. Nous ne pourrons pas dire qu’il n’y a pas d’entêtement à droite ! Le dispositif a été annulé en 2018 par le tribunal administratif de Paris en raison de son caractère discriminatoire.

En effet, la loi du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains, dite loi SRU, qui a été portée par le ministre communiste Jean-Claude Gayssot, tend à mettre en place des réductions dans les transports sous un certain plafond de revenus. C’est à ce titre que les bénéficiaires de l’AME y ont droit, parmi d’autres.

Dès lors, supprimer le bénéfice des réductions dans les transports pour les allocataires de l’AME aura pour conséquence d’isoler encore plus les personnes les plus précaires, de nourrir le repli sur soi et d’ajouter des obstacles à l’accès aux droits.

En outre, comme cela a été dit précédemment, toutes les études montrent que la dégradation des conditions d’accueil n’est en aucun cas un instrument de régulation des flux migratoires. Les deux n’ont aucun rapport !

Que les bénéficiaires de l’AME n’aient pas le droit de bénéficier de la réduction dans les transports n’aura aucune conséquence sur les flux migratoires. (M. Stéphane Ravier proteste.) Cet article est donc purement dogmatique.

M. le président. La parole est à Mme Corinne Narassiguin, pour présenter l’amendement n° 168.

Mme Corinne Narassiguin. Cet article constitue une attaque supplémentaire contre ceux qui sont bénéficiaires de l’AME, dont nous espérons qu’elle sera maintenue et ne deviendra pas l’AMU après le passage du projet de loi à l’Assemblée nationale.

Il y a là une injustice criante à l’égard d’étrangers qui se trouvent déjà dans une situation extrêmement précaire. Quand on est en situation irrégulière, on a encore le droit de se déplacer. On en a besoin justement pour effectuer les démarches de régularisation ! Avoir accès à un tarif préférentiel dans les transports constitue donc une forme élémentaire de justice.

Par ailleurs, cet article, nous le comprenons bien, est téléguidé par Valérie Pécresse. Elle a déjà renié ses promesses de campagne sur le passe Navigo. Elle essaie maintenant de manière tout à fait honteuse d’utiliser ce projet de loi pour parvenir à ses fins. Ce n’est vraiment pas au niveau de notre assemblée !

M. Mickaël Vallet. Très bien !

M. le président. La parole est à M. Guy Benarroche, pour présenter l’amendement n° 288 rectifié.

M. Guy Benarroche. En effet, c’est l’article Pécresse. Celle-ci disait : « Nous devons donner 50 % de réduction à l’année selon les transports aux étrangers en situation irrégulière. Cela fait trois ans que j’essaie d’abolir cette loi, parce que je considère que c’est une prime à l’illégalité. Quand on a des politiques sociales trop généreuses, on fait un appel d’air, et on vient chez nous pour notre politique sociale. »

Outre que l’idée d’un appel d’air migratoire lié à la gratuité dans les transports de région parisienne paraît tout à fait loufoque, outre que cet article n’aurait, lui aussi, pas dû trouver sa place dans ce projet de loi – il aurait dû être déclaré irrecevable au titre de l’article 45 de la Constitution, comme celui qui portait sur l’AME –, les réductions tarifaires en matière de transports entraînent, à l’examen des chiffres, un coût financier à peu près six fois moins élevé que celui de la fraude.

Une fois encore, nous avons donc affaire à un positionnement purement idéologique. Les politiques tarifaires, je le rappelle, sont fondées sur les ressources des personnes. Les conditionner à la régularisation d’un statut est totalement abusif et discriminatoire.

Par ailleurs, de nombreuses personnes exercent en ce moment un emploi irrégulier ; elles devraient être régularisées, d’autant que les patrons, qui ont besoin d’elles, souhaitent une telle mise en conformité. Et elles utilisent gratuitement les transports en commun, parce qu’elles sont sous-payées… En somme, toute cette mesure est totalement absurde !

M. le président. La parole est à M. Olivier Bitz, pour présenter l’amendement n° 474 rectifié bis.

M. Olivier Bitz. J’observe que le génie créateur de la majorité sénatoriale est sans limites !

L’introduction d’une disposition de tarification sur la base de la présentation d’un document d’identité au guichet aurait pour conséquence de faire peser sur les agents concernés la responsabilité d’évaluer la fiabilité du justificatif, donc de contrôler la régularité du séjour.

D’une part, nous y voyons un obstacle juridique ; d’autre part, dans la pratique, le contrôle des titres de séjour ne doit pas revenir aux agents des guichets des opérateurs de transport.

M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

M. Philippe Bonnecarrère, rapporteur. Premièrement, il est exact que la disposition qui a été adoptée par la commission des lois a été demandée par Île-de-France Mobilités (IDFM). La mesure concerne bien la région parisienne.

Deuxièmement, je demande aux différents collègues qui sont intervenus de nous faire crédit sur ce point : personne n’imagine dans cet hémicycle qu’avoir accès à un billet de métro ou à un billet de RER à tarif réduit entraîne un appel d’air, comme si la réduction était connue sur l’ensemble du continent africain ! (Exclamations sur les travées des groupes SER et GEST.)

Je vous demande également de ne pas être si cursifs dans vos amendements, quand vous considérez qu’il s’agit de priver les bénéficiaires de l’AME ou, demain, de l’éventuelle AMU, du droit à un tarif réduit. L’enjeu derrière cet article n’est pas celui-ci. En fait, des personnes viennent présenter comme justificatif pour prétendre aux tarifications existantes en matière de revenus limités le fait qu’elles sont bénéficiaires de l’AME.

In fine, la commission des lois reconnaît que la situation est étonnante : des personnes qui sont en situation irrégulière sur notre sol, donc dans l’illégalité, réclament à ce titre un droit à des tarifs réduits.

Le tribunal administratif de Montreuil avait, en effet, considéré dans une décision de 2018 que le dispositif mettait en cause le principe d’égalité devant les services publics, jugeant qu’il était possible d’être en situation irrégulière sur le territoire national et de bénéficier de tarifs réduits. Il est tout de même étonnant de pouvoir exciper de son irrégularité sur le territoire pour demander cette réduction !

Pour cette raison, et sans considérer pour autant qu’il s’agit là d’une mesure importante pour le projet de loi dans son ensemble, la commission n’est pas favorable à la suppression de l’article.

J’émets donc un avis défavorable sur ces amendements identiques.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. Ces amendements identiques ont pour objet de supprimer l’article 1er J, adopté par la commission des lois du Sénat. Cette disposition a pour effet de priver les étrangers en situation irrégulière du bénéfice des réductions tarifaires dans les transports en commun.

Le projet de loi déposé par le Gouvernement – cette précision est revenue plusieurs fois – ne comprenait pas cette disposition et n’avait pas vocation à traiter ce sujet.

Toutefois, l’obligation d’octroyer aux étrangers en situation irrégulière le bénéfice de réductions tarifaires dans les transports en commun est difficilement justifiable. L’article 1er J vise à l’exclure. À ce titre, il s’inscrit dans le cadre des instructions données aux préfets depuis 2020, dont l’objet est de tirer pleinement les conséquences de la fin du droit au séjour des étrangers dans tous les domaines.

Dans ces conditions, et parce qu’il n’était pas prévu que ce sujet soit traité dans ce projet de loi, le Gouvernement s’en remet à la sagesse du Sénat.

M. le président. La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann, pour explication de vote.

Mme Marie-Do Aeschlimann. Le nouvel article 1er J pose enfin une condition de régularité pour bénéficier des tarifs de solidarité dans les transports, et nous devons nous en réjouir.

J’y associe bien sûr la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, mais aussi nos collègues conseillers régionaux récents et passés : Marie-Carole Ciuntu, Agnès Evren, Marie-Claire Carrère-Gée, Anne Chain-Larché et Jacqueline Eustache-Brinio, ainsi que Roger Karoutchi, qui a toujours combattu cette injustice au Sénat.

En effet, en Île-de-France et dans toutes les autres régions où elle est en vigueur, cette mesure est injuste ! Il est insupportable pour tous les voyageurs en règle, qui paient intégralement leur titre de transport, que soit accordée une réduction tarifaire de 50 % aux étrangers en situation irrégulière. En Île-de-France, avant 2016 – c’est récent –, la réduction tarifaire qui s’appliquait au profit des étrangers en situation irrégulière était même de 75 % !

Le juge administratif avait imposé une interprétation défavorable de l’article 123 de la loi SRU, parce que les textes ne permettaient pas d’avancer sur ce sujet.

Aussi, en tant que sénatrice des Hauts-de-Seine et en tant qu’élue francilienne, je ne puis que me réjouir du travail réalisé par les commissaires aux lois et par les rapporteurs pour permettre l’adoption de cette mesure, qui remet le droit et la justice au cœur de la politique publique, et qui permet de faire cesser cette prime à l’illégalité. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

M. le président. La parole est à M. Joshua Hochart, pour explication de vote.

M. Joshua Hochart. Nos collègues qui siègent à la gauche de l’hémicycle demandent la suppression de cet article. C’était déjà le cas de l’article précédent, qui portait sur l’AME. Finalement, l’objectif est toujours de vouloir maintenir des avantages financiers pour les clandestins (Mme Laurence Rossignol sexclame.), alors que le prix des titres de transport, en région parisienne comme partout en France, explose.

Votre mentalité se résume ainsi : toujours moins cher pour les autres, toujours plus cher pour les nôtres. (M. Alain Duffourg applaudit.)

M. le président. La parole est à M. Éric Kerrouche, pour explication de vote.

M. Éric Kerrouche. J’éprouve une certaine fatigue à entendre n’importe quoi sur « les vôtres » et « les nôtres »…

M. Stéphane Ravier. Vous n’êtes pas au bout de vos peines, alors !

M. Patrick Kanner. Cela va bien se passer, monsieur Ravier !

M. Éric Kerrouche. Cela va aller, monsieur Ravier. Vous pourrez bientôt manger et prendre vos médicaments…

Plus sérieusement, l’opposition entre « les vôtres » et « les nôtres » n’a strictement rien à faire dans un pays comme la France. La vraie difficulté est que pour vous, personne n’est jamais assez français.

Une fois dans votre vie, essayez de lire calmement, posément, les chiffres et les données, plutôt que de fantasmer ! Vous verriez ainsi dans les enquêtes de l’Insee que, si l’on prend en compte les trois dernières générations, un Français sur quatre a une ascendance étrangère. (M. Stéphane Ravier sexclame.)

M. Éric Kerrouche. Or tout se passe très bien. C’est l’histoire de la France. Mon propos ne signifie pas que nous encourageons l’immigration clandestine, mais simplement que nous sommes un pays fait de diversité. Celle-ci fait notre force. Vous, vous êtes le ferment de la division. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K.)

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos 19 rectifié bis, 40 rectifié, 168, 288 rectifié et 474 rectifié bis.

(Les amendements ne sont pas adoptés.)

M. le président. Je mets aux voix l’article 1er J.

(Larticle 1er J est adopté.)

Article 1er J (nouveau)
Dossier législatif : projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration
Article additionnel après l'article 1er J - Amendements n° 67 rectifié quinquies, n° 336 rectifié bis et n° 489 rectifié ter (début)

Après l’article 1er J

Après l’article 1er J
Dossier législatif : projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration
Article additionnel après l'article 1er J - Amendements n° 67 rectifié quinquies, n° 336 rectifié bis et n° 489 rectifié ter (interruption de la discussion)

M. le président. Je suis saisi de trois amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 67 rectifié quinquies, présenté par MM. Canévet et Bleunven, Mme N. Goulet, MM. Longeot et J.M. Arnaud, Mmes Romagny et Havet, M. Cadic, Mmes O. Richard et Jacquemet et M. L. Hervé, est ainsi libellé :

Après l’article 1er J

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au deuxième alinéa de l’article L. 312-2 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, après le mot : « visiteur », sont insérés les mots : « de propriétaire, ».

La parole est à M. Michel Canévet.

M. Michel Canévet. Cet amendement a pour objet l’attribution de visas de long séjour.

En effet, nous nous apercevons, notamment dans le Finistère, qu’un certain nombre de propriétaires britanniques sont pénalisés concernant l’accès à la propriété, car, à la suite du Brexit, ils ne font plus partie de l’Europe. Il paraît donc légitime de leur permettre d’obtenir des visas de long séjour.

M. le président. L’amendement n° 336 rectifié bis, présenté par Mmes Imbert, Noël et Bellurot, MM. Sautarel et H. Leroy, Mmes Demas, Berthet et Joseph, M. Paccaud, Mme Malet, MM. Burgoa et Belin, Mme Estrosi Sassone, MM. Anglars, Pellevat et Saury, Mme Belrhiti, MM. Houpert et Pointereau, Mme P. Martin, M. Brisson, Mmes Micouleau et Gruny, MM. Bouchet et Gueret, Mme Bonfanti-Dossat, MM. Tabarot, D. Laurent, Bouloux et Chatillon, Mme Dumont et MM. Lefèvre et Khalifé, est ainsi libellé :

Après l’article 1er J

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article L. 312-2 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Tout ressortissant étranger propriétaire en France d’une résidence secondaire peut solliciter la délivrance d’un visa de très long séjour l’autorisant à séjourner sur le territoire national pour une durée ne pouvant excéder six mois par an. La durée de validité de ce visa est de cinq ans. »

La parole est à Mme Pascale Gruny.

Mme Pascale Gruny. Cet amendement de Mme Corinne Imbert vise à permettre aux ressortissants étrangers propriétaires en France d’une résidence secondaire de solliciter la délivrance d’un visa de très long séjour les autorisant à séjourner sur le territoire national pour une durée ne pouvant excéder six mois par an.

M. le président. L’amendement n° 489 rectifié ter, présenté par Mme Berthet, M. Genet, Mme Puissat, M. Bas, Mmes Bellurot et Demas, M. Houpert, Mme V. Boyer, M. Paccaud, Mme Dumont, M. Favreau, Mme M. Mercier et M. Lefèvre, est ainsi libellé :

Après l’article 1er J

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l’article L. 312-4 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, il est inséré un article L. 312-… ainsi rédigé :

« Art. L. 312-…. – Le visa long séjour est délivré de plein droit aux ressortissants britanniques propriétaires d’une résidence secondaire en France. Ils sont à ce titre exemptés de souscrire une demande de visa long séjour.

« Les conditions d’application du présent article sont précisées par décret en Conseil d’État. »

La parole est à M. Philippe Bas.

M. Philippe Bas. Des trois amendements en discussion commune, celui-ci est le meilleur (Sourires.), parce qu’il est le plus ciblé : le dispositif proposé étant moins ouvert, l’adoption de cet amendement n’entraînerait aucun risque d’appel d’air. (Exclamations sur les travées des groupes SER et GEST.)

Cette disposition est réservée aux seuls Britanniques, propriétaires en France d’une résidence secondaire. Ils ne sont généralement pour rien dans le Brexit, mais celui-ci les a punis ! Laissons-les profiter de leurs résidences secondaires et dépenser leur argent en France.

Mes chers collègues, je vous demanderai donc de bien vouloir voter cet amendement, en présentant mes excuses à ceux de nos collègues qui ont déposé les autres amendements en discussion commune. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

M. Philippe Bonnecarrère, rapporteur. Il s’agit d’une question très concrète. J’imagine que beaucoup d’entre vous, mes chers collègues, ont été saisis dans leurs départements respectifs des mêmes demandes.

Au risque d’insister, la Grande-Bretagne ne fait plus partie de l’espace Schengen depuis le Brexit. Les citoyens britanniques propriétaires d’une résidence secondaire en France ne peuvent rester plus de quatre-vingt-dix jours dans notre pays ; s’ils désirent aller au-delà, ils doivent refaire une demande.

Ils souhaitent donc bénéficier d’un visa de long séjour, lequel n’est pas adapté à une présence épisodique sur notre territoire. Or ils n’ont aucune intention de s’installer durablement en France, leur résidence principale demeurant en Grande-Bretagne.

À l’instant présent, madame la ministre, la commission ne voit pas très bien quelle solution leur offrir. Elle souhaite donc entendre l’avis du Gouvernement.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. Je saisis tout à fait l’objet de ces amendements et je tiens à vous rassurer : les ressortissants britanniques propriétaires d’une résidence secondaire en France peuvent d’ores et déjà bénéficier d’un visa de long séjour (Exclamations ironiques sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.), s’ils résident plus de trois mois sur une période de cent quatre-vingts jours glissants sur notre territoire.

À la suite du Brexit, la situation des Britanniques particulièrement attachés à la France a fait l’objet d’une directive particulière au sein des administrations, afin que chaque situation puisse être instruite dans le respect des règles du droit européen et du Ceseda.

Ainsi, en fonction de leur situation, des visas de long séjour visiteurs temporaires ou valant titres de séjour leur sont délivrés sur présentation des pièces justificatives correspondantes – conditions de ressources ou détention d’une assurance médicale pour la durée du séjour, par exemple. Cela leur permet de séjourner en France durant des périodes de trois à six mois, voire de douze mois au maximum. Au-delà, il leur appartient de demander une carte de séjour pluriannuelle.

Bien évidemment, ces dispositions complètent les mesures spécifiques à l’accord de retrait, qui a permis à près de 160 000 citoyens britanniques de bénéficier soit de titres de séjour de cinq ans dans des conditions facilitées, s’ils étaient installés sur le territoire français avant 2021 et justifiaient avoir régulièrement résidé en France depuis moins de cinq ans, soit de titres de séjour de dix ans, s’ils justifiaient de plus de cinq ans de résidence régulière en France.

Ces dispositions ont bénéficié à une part significative des personnes dont vous signalez la situation au travers de vos amendements.

Ainsi, les amendements nos 67 rectifié quinquies et 489 rectifié ter étant satisfaits par le cadre juridique en vigueur, j’en demande le retrait ; à défaut, l’avis du Gouvernement serait défavorable.

Enfin, j’émettrai un avis défavorable sur l’amendement n° 336 rectifié bis de Mme Imbert, qui tend à créer un nouveau visa.

M. le président. La parole est à Mme Corinne Narassiguin, pour explication de vote.

Mme Corinne Narassiguin. Après le durcissement du regroupement familial voté hier et la possible suppression des articles 3 et 4 du projet de loi qui vient d’être annoncée par communiqué de presse, voilà que nous volons au secours des Britanniques propriétaires de résidences secondaires en France ! Pour nos collègues Les Républicains, il y a les mauvais et les bons étrangers !

M. Philippe Bas. C’est vrai !

M. Stéphane Ravier. Oui, c’est ça : bravo !

Mme Corinne Narassiguin. Les mauvais étrangers sont ceux qui veulent avoir droit à une vie de famille, qui travaillent en France et qui cotisent sur leurs revenus.

Les bons étrangers sont ceux qui ont un patrimoine important et qui participent souvent de l’augmentation du prix du mètre carré, rendant donc plus difficile l’accession à la propriété pour de nombreux Français dans bien des territoires ; à eux, on ne demande pas de parler français pour profiter de visas de long séjour !

Mme Valérie Boyer. Honni soit qui mal y pense !

Mme Corinne Narassiguin. Au moins, chers collègues de la majorité sénatoriale, vous êtes cohérents avec vous-mêmes.

M. le président. La parole est à M. Philippe Bas, pour explication de vote.

M. Philippe Bas. Madame la ministre, je comprends que cette question ne relève pas de votre ministère et que vous venez d’assumer la position du Gouvernement.

Toutefois, les procédures que vous avez rappelées ne fonctionnent pas bien : elles donnent lieu à des démarches nombreuses et complexes. (Exclamations sur les travées des groupes CRCE-K et SER.) C’est la raison pour laquelle nous avons déposé cet amendement, dont l’adoption permettrait de régler le problème de manière simple et efficace.

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 67 rectifié quinquies.

(Lamendement nest pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 336 rectifié bis.

(Lamendement nest pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 489 rectifié ter.

(Lamendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 1er J. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures quarante.

La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à vingt heures dix, est reprise à vingt et une heures quarante, sous la présidence de Mme Sylvie Robert.)